Derrière la multiplication, médiatique, des plans sociaux, ils prolifèrent dans le silence. Pourtant, jamais on n'a signé autant de CDD en France qu'en 2013. Au premier trimestre, plus de 83 % des recrutements dans les entreprises de plus de dix salariés ont été faits en CDD, selon des données corrigées publiées jeudi 21 novembre par le ministère du travail. Pour les Urssaf, qui prennent en compte l'ensemble des entreprises, ce sont même plus de 86 % des contrats signés actuellement qui sont des CDD. Un record absolu depuis 2000, date du début des statistiques.
Pire, cette explosion des CDD s'est faite d'abord sur les contrats les plus courts, comme le montrent les données des Urssaf. En dix ans, le nombre de CDD de moins d'un mois a plus que doublé, passant de 1,8 à 3,7 millions entre les troisièmes trimestres 2003 et 2013. Dans le même temps, les CDI et les CDD de plus d'un mois sont, eux, restés stables, entre 700 000 et 1 million. « Sur les 20 millions de contrats signés chaque année, deux tiers sont des CDD de moins d'un mois. C'est spectaculaire. Cette tendance est en hausse depuis le début des statistiques et la crise n'a rien changé à la courbe », résume Eric Heyer, économiste à l'OFCE.
Chaque mois, ce sont les CDD qui représentent le gros des bataillons de nouveaux chômeurs. Plus de 25 % des nouveaux inscrits à Pôle emploi sortent d'un CDD, contre moins de 3 % d'un CDI. Le CDD est devenu la marge de flexibilité des employeurs, qui n'hésitent plus à faire des contrats à la chaîne même pour quelques heures. « Il y a un mouvement structurel de transfert de l'aléa économique vers les CDD et la sous-traitance », justifie Jean-Christophe Sciberras, président de l'association nationale des DRH.
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