Amazon met la pression sur ses fournisseurs
Quelques jours après un avertissement sur résultats, le géant du commerce électronique poursuit sa querelle avec Hachette et cesse les précommandes de vidéos Disney.
Par Les Echos
C’est un signe qui ne trompe pas : Amazon multiplie les conflits avec ses fournisseurs au lendemain, ou presque, de la publication des résultats trimestriels décevants pour les analystes. Le week-end dernier, le leader mondial du commerce électronique, avec quelque 75 milliards de dollars de chiffre d’affaires, a exacerbé la bataille qui l’oppose depuis plusieurs mois à la filiale américaine d’Hachette sur le prix des livres électronique.
Amazon a publié sur son site un communiqué qui réclame une baisse du prix des e-books, à 9,99 dollars au lieu de 14,99 ou 19,99 dollars. Selon ses calculs, ce tarif permettrait de vendre 1,74 fois plus d’exemplaires. Au final, les revenus du secteur augmenteraient alors de 16 % et les auteurs élargiraient leur audience de 74 %. Amazon veut, aussi, des changements dans la répartition des revenus, demandant 30 % des recettes.
Précommandes
C’est la bataille traditionnelle pour la captation de valeur entre les auteurs et producteurs de contenus et les « tuyaux » qui les distribuent. Et elle se livre d’abord sur les produits éditoriaux, dématérialisés aujourd’hui, sur la vente desquels la société de Jeff Bezos a bâti sa réputation. Dans la même logique, rapporte, lundi, le « Wall Street Journal ». Amazon a ouvert un nouveau front en cessant de prendre des précommandes pour les videos du groupe Disney. Une méthode déjà utilisée à l’encontre des studios Warner. En restreignant les précommandes, rappelle l’AFP, Amazon peut influer notablement sur l’avenir commercial d’un titre.
Une pétition de 900 auteurs
Cette pression, exercée sur des fournisseurs emblématiques, intervient quelques jours après la publication par le cybermarchand, le 26 juillet, d’une perte trimestrielle de 126 millions de dollars, supérieure aux prévisions, et un avertissement sur les résultats du trimestre en cours. Une annonce qui avait fait perdre 10 % au titre en Bourse.
Le conflit avec Hachette Book Group (HBG) a pris un tour très médiatique aux Etats-Unis lorsque, dans son édition dominicale, le « New York Times » a publié une pétition de 900 auteurs, dont des stars comme Paul Auster, Stephen King ou Donna Tart, pas tous édités par Hachette, contre les pratiques commerciales d’Amazon. De son côté, le distributeur a demandé- dans une lettre mise en ligne sur le site www.readersunited.com - à ses clients de réclamer à Michael Pietsch, patron de HBG, en donnant son adresse électronique, une baisse de prix, voire un alignement du prix des livres papier sur ceux des livres électroniques… Dans une publicité dans le « New York Times », la filiale d’Hachette a répondu en demandant aux amoureux de la littérature d’écrire directement à Jeff Bezos.
Cette querelle rebondit quelques jours après que le libraire Barnes & Noble a signé un partenariat avec Google pour la livraison gratuite (pendant six mois) de ses livres à New York et dans une partie de la Californie.
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