Accéder au contenu principal
LIBERIA

Témoignage d'un malade d'Ebola au Liberia : "Je dors dans le couloir à l’hôpital, sans aucun soin"

Senga Omeonga, un médecin congolais travaillant à Monrovia, la capitale du Liberia, vit un calvaire. Admis depuis trois jours à l’hôpital, après avoir contracté le virus Ebola, il dort dans le couloir et n’a reçu encore aucun soin. Malgré la maladie qui ne fait que l’affaiblir, il livre son témoignage.

.
.
Publicité

L'hôpital Elwa à Monrovia, au Liberia. Photo publiée par l'ONG SIM internationale.

ACTUALISATION 12/08/2014 - 12h50 : Le prêtre espagnol à qui Senga Omeonga avait administré des soins est décédé à Madrid où il avait été rapatrié la semaine dernière. Comme les deux humanitaires américains actuellement traités aux Etats-Unis, le missionnaire espagnol avait reçu le sérum expérimental "ZMapp".

Senga Omeonga, un médecin congolais travaillant à Monrovia, la capitale du Liberia, vit un calvaire. Admis depuis trois jours à l’hôpital, après avoir contracté le virus Ebola, il dort dans le couloir et n’a reçu encore aucun soin. Malgré la maladie qui ne fait que l’affaiblir, il livre son témoignage.

Déjà sérieusement affecté par des décennies de guerre civile, le nombre de médecins et d'infirmières au Liberia se réduit comme peau de chagrin depuis que des membres du personnel médical ont été infectés par le virus Ebola ou mis en quarantaine. Même ceux qui ne sont pas touchés ont aujourd'hui peur de se présenter sur leur lieu de travail et d'être en contact avec des porteurs du virus.

Contacté par France 24, le ministère de la Santé était injoignable, mais Augustine Kpehe Ngafuan, le ministre des Affaires étrangères, reconnaît que "tout le secteur de la santé est dévasté par la crise". Et de rappeler que le Liberia ne comptait que cinquante médecins pour quatre millions d'habitants au moment où l'épidémie a touché le pays.

De leur côté, le syndicat des personnels de santé reproche au gouvernement de ne pas lui fournir le matériel nécessaire et a récemment menacé de se mettre en grève. "Nous n'avons pas de gants, ni de combinaisons, ni d'autres équipements requis", a déclaré le secrétaire général du syndicat.

L'hôpital Elwa de Monrovia, au Liberia. Photo publiée sur Flickr par Caleb Wagner.

"Je patiente dans le couloir de l’hôpital en attendant qu’on me prodigue des soins"

Le docteur Senga Omeonga travaille depuis cinq ans au centre médical John Fitzgerald Kennedy à Monrovia, au Liberia, pour pallier la pénurie de personnel de santé dans ce pays. Il est originaire de République démocratique du Congo.

Je me sens faible depuis une dizaine de jours mais j’ai été admis à l’hôpital il y a 72 heures alors que mon état empirait. Je suis à l’hôpital [public] Elwa, un des rares centres médicaux à compter encore un peu de personnel [lundi, l’hôpital Elwa était injoignable]. Mais malgré tout, la situation est catastrophique : depuis que je suis arrivé ici, je patiente dans le couloir, à même le sol. Encore aucun soin ne m’a été attribué. Je ne suis pas seul dans ce cas, il y a des dizaines de patients qui sont exactement dans la même situation que moi. Le personnel est débordé et trop peu nombreux face à l’afflux de malades. En plus, l’établissement compte seulement une cinquantaine de lits.

Ces derniers jours, j’ai beaucoup été en contact avec des malades du virus Ebola. J’ai notamment soigné le missionnaire espagnol avant qu'il soit été rapatrié dans son pays. Je savais que je courais un grand risque en soignant des personnes touchées par l’épidémie, mais le Liberia manque cruellement de médecins, je ne pouvais me dérober à la tâche.

Également joint par France 24, l’épouse de Senga Omeonga se dit très préoccupée par son état de santé. Elle explique qu’elle fait actuellement son possible pour le transférer au Canada, le pays où elle vit avec ses enfants.

Afin d'enrayer l'épidémie, l'armée a reçu l'ordre de limiter les mouvements de la population. Les accès à la capitale, Monrovia, en provenance des provinces touchées sont strictement contrôlés. Le 7 août, la présidente libérienne, Ellen Johnson Sirleaf, a déclaré l'état d'urgence pour 90 jours.

Le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé fait état de 932 morts des suites du virus Ebola sur 1 711 cas (confirmés, suspects ou probables). À lui seul, le Liberia compte 282 morts.

Ebola se transmet par contact direct avec le sang, par des secrétions corporelles, par voie sexuelle ou par la manipulation sans précaution de cadavres contaminés. Des soignants ou des personnes s'occupant de soins funéraires pour les victimes ont ainsi souvent été contaminés.

Le virus lui-même a pour réservoir animal certaines chauves-souris se nourrissant de fruits, qui peuvent être porteuses de la maladie sans pour autant la déclarer. Elles transmettent le virus par morsure, surtout à des primates vivant dans la forêt équatoriale.

Billet rédigé avec la collaboration de Grégoire Remund (@gregoireremund), journaliste à France 24.

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.