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YÉMEN

Hoda et Arafet, l’histoire d’amour impossible qui émeut le Yémen

 Hoda al-Nirane, une jeune saoudienne de 22 ans, est détenue dans un centre de rétention de Sanaa et risque l’expulsion. Son crime : avoir fui au Yémen pour échapper à un mariage forcé et pouvoir épouser son amoureux yéménite. Une histoire d’amour impossible qui a suscité un élan de solidarité sans précédent dans ce pays pourtant conservateur.  

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Hoda (la jeune femme) et Arafet (2e à partir de la droite) lors de leur récente comparution devant un tribunal à Sanaa.  Photo postée sur Twitter.

ACTUALISATION 25/11/2013 : Lors de l'audience du dimanche 24 novembre, le juge a reporté l'examen de l'affaire au 1er décembre.

 

 

Hoda al-Nirane, une jeune saoudienne de 22 ans, est détenue dans un centre de rétention de Sanaa et risque l’expulsion. Son crime : avoir fui au Yémen pour échapper à un mariage forcé et pouvoir épouser son amoureux yéménite. Une histoire d’amour impossible qui a suscité un élan de solidarité sans précédent dans ce pays pourtant conservateur.

 

Hoda sera jugée dimanche par un tribunal de Sanaa pour franchissement illégal de la frontière. Elle risque l’expulsion vers l’Arabie saoudite, et dit craindre pour sa vie. Son compagnon est lui accusé de complicité.

 

Photomontage de Hoda et Arafet réalisée par des activistes et partagé sur les réseaux sociaux.

 

Dans une interview à la télévision saoudienne, la jeune fille explique qu’elle a rencontré Arafet Mohamed Tahar, un jeune immigrant yéménite de 25 ans, il y a trois ans, dans un magasin de téléphones portables à Assir (ville du sud de l’Arabie saoudite), où il était employé. Arafet a demandé sa main aux parents de la jeune fille, sans succès. En septembre dernier, la jeune fille s’enfuit en pleine nuit. Elle fait du stop, puis prend un bus jusqu’à la frontière yéménite, d’où elle appelle son amoureux pour lui demander de la rejoindre. "À ce moment-là, il n’était pas au courant. Je l’ai mis devant le fait accompli car je savais que si je l’avais prévenu, il m’aurait empêchée de prendre la fuite " explique-t-elle.

 

Depuis début octobre, le père de Hoda affirme dans les médias saoudiens que sa fille a été "envoûtée" et "kidnappée" par des Yéménites.

 

"Mourir plutôt que d’être séparée de lui"

 

Hoda a démenti, dans un enregistrement audio, et affirmé s’être enfuie de chez elle pour échapper à un mariage forcé avec un membre de sa famille et pouvoir épouser l’homme qu’elle aime.

 

 

"C’est l’amour d’Arafet qui m’a envoûtée, rien d’autre", explique-elle dans l’enregistrement. "Mes parents veulent choisir ma vie pour moi, mais je ne veux pas connaître le même sort que mes deux sœurs aînées, aujourd'hui divorcée, qui ont eu un mariage arrangé (…) J’aime Arafet à la folie, et je préfère mourir que d’être séparée de lui".

 

Un Yéménite installé aux États-Unis manifeste son soutien au couple. "Nous sommes tous avec Hoda et Arafet", indique la pancarte. Photo postée sur Twitter.

 

Hoda a déjà comparu à deux reprises devant un tribunal. Dimanche dernier, un avocat, dépêché par l’ambassade d’Arabie saoudite à Sanaa, a demandé l’extradition de la jeune fille vers le royaume, affirmant qu’elle avait été "manipulée à cause de son jeune âge". Il a aussi affirmé que Hoda a été mariée à un cousin trois mois auparavant et que, par conséquent, elle ne pouvait pas épouser quelqu’un d’autre.

 

Mais l’audace et la détermination de la jeune fille ont suscité une vague de sympathie au Yémen. Les messages de soutien et les appels à manifester fleurissent sur les réseaux sociaux, notamment Facebook.

 

Tawakkul Karman (première à partir de la gauche), prix nobel de la Paix, en compagnie de Hoda dans le centre de rétention de Sanaa. Photo postée sur la page Facebook de la militante yéménite des droits de l'homme.

 

Dimanche, le tribunal a autorisé des représentants du Haut Commissariat des Nations unies (HCR) pour les réfugiés à lui rendre visite au centre de rétention. La jeune fille souhaite obtenir l’asile humanitaire auprès du HCR, car elle dit craindre des représailles en cas de retour en Arabie saoudite. Hoda vient, en outre, de recevoir un soutien de poids. L’activiste yéménite des droits de l’Homme et prix Nobel de la Paix, Tawakkul Karman, lui a rendu visite mercredi. Sur sa page Facebook, elle lance un appel:  "J’ai trouvé en elle la force de la femme arabe. […] Hoda a parlé avec confiance de son droit à choisir son mari […]. Elle a aussi affirmé avec force qu’elle a préservé sa vertu. […] J’exhorte les deux pays frères à bénir et à faciliter ce mariage."

 

Des dizaines de militants yéménites prévoient également un rassemblement, dimanche 22 novembre, devant le tribunal de Sanaa pour soutenir la jeune fille lors de sa comparution.

 

Traduction : "Que serait-il arrivé si Arafet  était de nationalité turque ? (...)Aurait-on eu droit à autant de racisme et de mépris ? (...) Les immigrés Yéménites sont souvent traités comme de citoyens de seconde zone en Arabie saoudite.

 

 

Traduction : "J'espère qu'ils seront mariés, et que ses parents [Hoda] seront convaincus que c'est la solution idéale."

  

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