Israël-Palestine : les sociétés civiles peuvent-elles œuvrer pour la paix ?

Drapeaux palestinien et israélien (montage photo) ©Getty - Manuel Augusto Moreno
Drapeaux palestinien et israélien (montage photo) ©Getty - Manuel Augusto Moreno
Drapeaux palestinien et israélien (montage photo) ©Getty - Manuel Augusto Moreno
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Les sociétés civiles ont un rôle important à jouer dans le conflit israélo-palestinien, aussi bien côté palestinien qu'israélien et même hors de la région. Ces sociétés peuvent favoriser le dialogue, la compréhension mutuelle et faire pression sur les gouvernements pour résoudre le conflit.

Avec
  • Ofer Bronchtein Président du Forum international pour la paix
  • Renée Prangé Membre du Bureau National de l'AFPS ( Association France Palestine Solidarité )
  • Yaël Lerer Fondatrice de la maison d'edition Al Andalus

En 1999, le documentaire "L'Attentat", de Simone Bitton montrait des témoignages, après une attaque kamikaze de trois Palestiniens dans le centre de Jérusalem, des proches des victimes. Il apparaissait que "les Palestiniens ne cherchent pas davantage à excuser l’inexcusable que les Israéliens ne crient vengeance".

Quinze ans plus tard et alors qu'une nouvelle guerre à Gaza a fait plus de 1 800 morts côté palestinien, 67 côté israélien, bien optimiste qui pourrait dire que les deux peuples se connaissent mieux. Il existe, tout de même, des deux côtés, des citoyens pour rêver de la paix. Les sociétés civiles peuvent-elles écrire une autre histoire ?

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GAM 12.08
GAM 12.08
© Radio France

Deux sociétés qui ne se rencontrent pas

Ofer Bronchtein, en tant que Président du Forum international pour la paix, souligne que les sociétés israélienne et palestinienne sont actuellement très éloignées et ne communiquent plus : "depuis l'assassinat de Rabin, deux générations d'Israéliens ont été perdus. Ils ne se rencontrent pas, ils ne se parlent pas, ils font rarement des choses ensemble." Il attribue cela à la construction de murs physiques et politiques au fil des années. Depuis la seconde Intifada, les mouvements entre les deux territoires sont limités, ce qui est une tragédie selon lui. Malgré cette séparation, il est convaincu que les deux peuples ont un besoin mutuel de vivre en bon voisinage et doivent encourager des initiatives communes.

Renée Prangé, membre de l'AFPS (Association France Palestine Solidarité), partage l'avis que les Israéliens et les Palestiniens se sont éloignés les uns des autres en raison des politiques de séparation et de la peur. Selon elle, "les Palestiniens ne connaissent pas les Israéliens, à part les soldats et les colons." Selon elle, c'est voulu : "il est bon pour la politique du gouvernement de droite et d'extrême droite que ces peuples ne se connaissent pas parce que justement ça évite que les sociétés civiles puissent communiquer". Elle apporte néanmoins un bémol en précisant que "jusqu'aux accords d'Oslo, ils se connaissaient bien, mais ça n'avait pas amené la paix pour autant".

Ofer Bronchtein ajoute qu'il est possible de créer une dynamique positive : "avec le prix d'un seul avion de chasse israélien, qui coûte 165 millions d'euros, on aurait pu permettre à 100 000 étudiants palestiniens d'étudier gratuitement pendant deux ans dans une université."

Une paix possible ?

Ofer Bronchtein rappelle que "la guerre est trop sérieuse pour être laissée dans la main des généraux", en ajoutant que "la paix est trop sérieuse pour être laissée dans la main des politiciens" et que c'est en cela que les sociétés civiles ont un rôle à jouer, d'autant plus qu'Israéliens et Palestiniens ne bougeront pas. "Entre le Jourdain et la Méditerranée, il y a deux peuples qui vivent et vont devoir, à un moment donné, trouver un arrangement pour pouvoir vivre ensemble en bon voisinage" car il y a aussi des intérêts économiques : "Le premier endroit où les Israéliens exportent, c'est vers la Palestine. Donc les deux peuples sont interdépendants."

Renée Prangé insiste sur le caractère politique du conflit et affirme que les sociétés civiles doivent continuer à faire pression sur leurs gouvernements respectifs pour résoudre le problème fondamental, tout en soulignant l'importance d'une intervention internationale pour encourager une solution pacifique. Yaël Lerer, fondatrice de la maison d'edition Al Andalus, rejette l'idée que la paix est la seule solution : "la paix est devenue un mot complètement vide", soulignant qu'il est crucial de rechercher l'égalité, la justice et le partage. Elle insiste sur l'importance de comprendre et d'impliquer les deux sociétés pour trouver des solutions durables.

Prendre exemple sur l'Europe

Selon Ofer Bronchtein, l'Europe est un exemple à suivre. "Si, après une guerre si atroce qu'était la Seconde Guerre mondiale, les Européens ont été capables de créer cet espace commun qu'est l'Union européenne — fragile encore, mais commun — je suis persuadé qu'au Moyen-Orient, on y arrivera aussi parce que les deux peuples en ont besoin."

Un exemple nuancé par Renée Prangé : "La construction européenne a commencé quand les problèmes politiques ont été réglés. Là, le problème politique n'est pas réglé."

Quelles actions pour la société civiles ?

Il existe des initiatives communes, des travaux dans le domaine littéraire, cinématographique, économique mais ne bénéficient d'aucun soutien de la part des gouvernements. Les sociétés civiles de France et d'Europe ont, elles aussi, leur rôle à jouer.

Pour Yaël Lerer, "le seul rôle de la société civile, c'est d'avoir un impact sur le politique, c'est avoir une pression." De même que pour Renée Prangé, "c'est de l'extérieur que ça doit être imposé et de l'extérieur, ça veut dire par les gouvernements des pays occidentaux ou autres. Et ces gouvernements, pour l'instant, n'ont absolument pas l'intention de le faire."

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