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Pourquoi les délais d’attente pour faire une IRM s’envolent

Ils ont bondi de sept jours en un an, et approchent désormais 40 jours.L’Assurance-maladie plaide pour une meilleure utilisation des machines.

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Par Gabriel Nédélec

Publié le 13 août 2014 à 18:35

« Veuillez patienter s’il vous plaît. » C’est ce qu’on s’entend souvent répondre lors de la prise d’un rendez-vous pour une séance d’imagerie par résonance magnétique (IRM), dont le rendu permet d’observer avec beaucoup de précision l’intérieur du corps, du cerveau aux muscles en passant par la détection des tumeurs. « Actuellement, c’est la technique la plus performante d’analyse des lésions et de diagnostic du cancer, assure Franck Bougdène, président de la fédération de l’imagerie médicale. C’est un vrai scandale de devoir attendre en moyenne 37,7 jours pour obtenir un rendez-vous. »

L’étude annuelle sur les délais d’attente d’IRM réalisée par l’ISA, une association en lien avec les industriels de l’imagerie, pointe en effet un vrai dérapage. « Jamais une telle aggravation n’avait été observée en onze ans d’étude, expose l’ISA. Entre 2013 et 2014, l’attente a progressé de sept jours. »

Disparités selon les régions

L’étude pointe aussi de fortes disparités suivant les régions. Certaines, comme la Basse-Normandie, atteignent plus de 60 jours d’attente, quand d’autres, tel le Nord-Pas-de-Calais, tournent autour de 25 jours. En cause, la progression insuffisante du nombre d’équipements, de 5,9 % en un an, soit 38 machines, selon l’ISA. « C’est trop faible pour pouvoir répondre à l’accélération des demandes, qui progressent, elles, de 6 % à 12 % par an. »

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Pour Emmanuel Jammes de la Ligue contre le cancer, des délais d’attente trop importants peuvent avoir de graves répercussions sur la santé du patient avec le retard que prend le diagnostic. « L’examen IRM est souvent la première étape d’une série d’autres opérations qui doivent mener à l’élaboration d’un traitement », souligne-t-il. D’autant que cela peut coûter cher à l’Assurance-maladie. Les médecins, pour faire patienter leur patient avant une exploration IRM, peuvent « prescrire un certain nombre d’autres examens plus ou moins utiles, remboursés par la Sécurité sociale, dont les résultats seront de toute façon, dans la majorité des cas, visibles via l’IRM, affirme Jean-Philippe Masson, de la Fédération nationale des médecins radiologues. Et cela, simplement pour ne pas perdre leur patient. »

Deux fois plus d’IRM qu’en Allemagne

« Le délai d’attente n’est qu’un indicateur parmi d’autres, rétorque-t-on au cabinet de la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Si l’on se base sur le nombre d’examens IRM par habitant, la France est très bien placée. » De fait, pour 1.000 habitants, la France effectue 67,5 examens, contre 54,4 dans les pays développés de l’OCDE. « C’est deux fois plus qu’aux Etats-Unis et en Allemagne, insiste le cabinet de Marisol Touraine. On peut se poser la question : l’augmentation du parc IRM est-elle la seule solution ? D’autant que, dans certaines régions, cette augmentation n’a pas permis la réduction du temps d’attente, car on n’a pas hiérarchisé la demande, comme on a pu le faire en chirurgie. »

Un point qu’appuie l’Assurance-maladie dans un rapport qui réfute notamment la « cohérence d’une augmentation trop rapide du parc », susceptible d’encourager la demande. « Cette version est très influente au ministère, s’inquiète Franck Bougdène. La preuve, le deuxième plan Cancer prévoyait l’objectif de 15 jours d’attente, le troisième en prévoit 20 ! De quoi parle-t-on ? De santé des patients ou de calculs financiers ? »

Gabriel Nedelec

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