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L'été n'a pas épargné Hollande

Entre deux commémorations, le 4 août en Belgique et le 15 août en Provence, le chef de l'Etat a pris quelques jours de repos. Mais les vacances de François Hollande ont été agitées, tant sur le plan diplomatique qu'économique, comme le montrent jeudi les mauvais chiffres de la croissance. Récapitulatif.

Arnaud Focraud , Mis à jour le
François Hollande n'a pas eu de répit pendant sa pause estivale.
François Hollande n'a pas eu de répit pendant sa pause estivale. © Reuters

Le pacte de responsabilité amputé

C'est le cœur de la politique de François Hollande en cette année 2014 : le pacte de responsabilité, destiné à baisser le coût du travail et faire baisser le chômage, n'est pas sorti indemne du Conseil constitutionnel. Si le volet de 41 milliards d'euros destinés aux entreprises a été validé, c'est son pendant social, censé rendre en contrepartie du pouvoir d'achat aux revenus modestes, qui a fait tiquer les Sages. Le 6 août, sa mesure phare, l'allégement des cotisations payées par les salariés, a été censurée au nom du "principe d'égalité" entre les citoyens. Le camouflet est sévère pour François Hollande, qui n'avait rajouté ce "pacte de solidarité" qu'après la lourde défaite de la gauche après les municipales. Le gouvernement va désormais devoir reprendre sa copie et proposer "des mesures alternatives de même ampleur" avant l'arrivée des Budgets 2015 à l'automne au Parlement.

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La majorité reste fragile

"Si nous ne sommes pas entendus (…) alors là, oui, nous prendrons nos responsabilités et nous partirons du gouvernement." La ligne rouge du patron des radicaux de gauche, Jean-Michel Baylet, s'appelle la réforme territoriale, qui doit revenir au Sénat à la rentrée. Dans le Nouvel observateur du 7 août , l'élu du Tarn-et-Garonne exige en particulier le maintien des conseils généraux dans les départements ruraux, bien que leur suppression ne figure pas dans ce projet de loi. Coup de bluff? "Pas besoin de faire ­d'ultimatum au cœur de l'été", lui répondait dans le JDD le patron des députés PS, Bruno Le Roux . La menace est néanmoins à prendre en compte par les socialistes : si le départ du gouvernement de trois ministres PRG ne bouleversera pas la donne, c'est la loyauté des radicaux au Parlement qui peut à terme poser problème. D'autant que le PS est loin d'être débarrassé de ses "frondeurs". Samedi dernier, les membres du collectif "Maintenant la gauche" , coutûmiers de la critique gouvernementale, ont demandé "la suspension immédiate du pacte de responsabilité". "Hollande doit savoir qu’il ne réussira pas sans nous, ni nous sans lui", a également prévenu lundi le député Christian Paul, proche de Martine Aubry, dans une tribune sur Rue 89 .

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Samedi, sur Europe 1, Marie-Noëlle Lienemann, de l'aile gauche du PS, a jugé que, face au risque de "décrochage" de l'opinion et de sa majorité, François Hollande ne pourrait "pas tenir avec le seul soutien du Medef".

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Croissance en panne, budget en sursis

Sans surprise, la mauvaise nouvelle a été confirmée : la croissance de la France au second trimestre 2014 est nulle, a annoncé l'Insee jeudi matin. En effet, la France a vu son Produit intérieur brut (PIB) en volume stagner au deuxième trimestre comme déjà au premier et la quasi-totalité des moteurs de croissance sont en panne.

La veille, ce sont les prix à la consommation qui flanchaient : -0,3% en juillet par rapport au mois dernier et une stagnation de 0,5% sur un an. De quoi renforcer la crainte d'une déflation en Europe exprimée quelques jours plus tôt par l'exécutif. Mais dans l'immédiat, ce sont les comptes de la France qui risquent de déraper. Le gouvernement a rédigé son Budget 2014 avec une prévision de croissance de 1% et une hypothèse d'inflation moyenne de 1,2%. Si elles ne sont pas tenues, il sera alors impossible à la France de ramener son déficit public de 4,3% en 2013 à 3,8% cette année puis 3,0% l'an prochain, contre 4,3% en 2013. Le patron du PS prend déjà les devants jeudi dans Les Echos : il sera "inévitable" selon Jean-Christophe Cambadélis de revenir sur ces objectifs.

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L'Allemagne ne changera pas pour Hollande

Le 4 août, alors qu'il est en Belgique pour commémorer le centenaire de la première guerre mondiale, le journal Le Monde publie un entretien du chef de l'Etat . François Hollande y montre son pessimisme : "l'inflation n'a jamais été aussi basse ", dit-il, et cela aura "des conséquences budgétaires négatives sur les recettes comme sur la dette". Le Président s'en remet donc à Angela Merkel et attend d'elle "un soutien plus ferme à la croissance" européenne. En clair, Berlin doit investir, "c'est le meilleur service que l'Allemagne peut rendre à la France et à l'Europe", résume François Hollande… qui s'est vu opposer une fin de non-recevoir deux jours plus tard. Le "nein" n'est d'ailleurs pas venu d'Angela Merkel mais de la porte-parole de son gouvernement, Christiane Wirtz. "Les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique" de l'Allemagne, a-t-elle dit, en jugeant que son pays était "déjà une locomotive importante". Autrement dit, qu'il donnait déjà beaucoup.

La Russie joue le bras-de-fer

Une semaine après les premières sanctions économiques de l'Union européenne à l'égard de la Russie, le Kremlin contre-attaque. Jeudi 7, Moscou décrète à son tour un embargo sur les produits alimentaires européens et américains : bœuf, porc, volaille, poisson, fromage, lait, légumes et fruits sont concernés… Inquiet pour les producteurs, le principal syndicat agricole s'en remet à François Hollande, qui s'entretient avec son président Xavier Beulin dès le lendemain. A en croire le syndicaliste, le chef de l'Etat lui a promis de demander à l'UE des mesures d'indemnisation . Mais le communiqué de l'Elysée est moins affirmatif, parlant simplement "de prendre des mesures adaptées à la gravité de la situation". Et de rechercher avec Vladimir Poutine "un dénouement à la crise". Pourtant, la situation ukrainienne reste très instable et François Hollande en vient à faire part, mardi au président russe, de ses "inquiétudes" sur le convoi "humanitaire" russe qui file vers l'Ukraine.

La menace irakienne

Un an après la crise des armes chimiques en Syrie, qui a valu à François Hollande d'être éconduit par ses alliés américain et britannique, c'est un nouveau dossier brûlant pour la communauté internationale et Paris. Face à la progression des djihadistes dans le Nord irakien et l'exode de milliers de chrétiens, François Hollande se dit d'abord prêt, jeudi 7 août, à "apporter un soutien" aux Kurdes, sans préciser s'il serait militaire. Avec les frappes américaines , la France se consacre finalement aux livraisons humanitaires . Mais tergiverse encore sur l'envoi d'armes : l'exécutif veut d'abord aborder cette question avec les Européens, qui tardent à se réunir "d'urgence". Mercredi, le chef de l'Etat a donc pris la décision d'agir seul . Un choix salué par l'opposition de droite, qui ne manque toutefois pas de signaler son manque de réactivé .

Deux jours après, les Etats membres de l’Union européenne sont finalement parvenus à un accord . A Bruxelles, les représentants des Vingt-huit ont ainsi décidé "de répondre positivement à l'appel lancé par les autorités régionales kurdes à fournir urgemment de l'équipement militaire".

Source: leJDD.fr

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