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Les derniers mots de James Foley avant son assassinat par les djihadistes

Le journaliste avait été enlevé en 2012 dans le nord-ouest de la Syrie. Sa décapitation a été filmée par les djihadistes de l'EI.

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Publié le 19 août 2014 à 23h21, modifié le 02 septembre 2014 à 10h57

Temps de Lecture 3 min.

Le journaliste James Foley avait été enlevé en novembre 2012 dans le nord-ouest de la Syrie.

La dernière fois que James Foley a été vu libre, c'était dans un café Internet de Binnich, un village de la province syrienne d'Idlib, le 22 novembre 2012. Peu après, il était kidnappé sur la route de Taftanaz, une bourgade voisine où des rebelles syriens assiégeaient une base aérienne militaire, avec le collègue britannique en compagnie duquel il voyageait.

Après de longs mois de silence et d'incertitude, les quatre otages français libérés des griffes de l'Etat islamique (EI) – Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torrès – donnaient les premières nouvelles du reporter américain indépendant de 40 ans qui travaillait pour le site Global Post et pour l'Agence France-Presse. Il était détenu, avec une douzaine d'autres otages occidentaux à Rakka, le principal bastion de l'EI en Syrie.

Mercredi 20 août, le mouvement djihadiste a publié une vidéo sur YouTube d'une violence insoutenable dans laquelle James Foley prononce un court discours avant d'être égorgé et décapité par un sicaire de l'EI tout de noir vêtu et masqué par une cagoule. La vidéo a, depuis, été retirée.

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A genoux et en tenue orange, comme les détenus de Guantanamo, les mains liées dans le dos et le crâne rasé, James Foley déclare : « Je demande à mes amis, ma famille et ceux que j'aime de s'en prendre à mes vrais assassins, le gouvernement des Etats-Unis. » A côté de lui, un homme debout tient un couteau à la main. La scène se passe dans un lieu indéterminé, sur fond de désert.

« BAIN DE SANG »

James Foley, en 2012 à Alep.

Visiblement contraint par ses ravisseurs, James Foley s'adresse à son frère :

« J'en appelle à mon frère John, qui est membre de l'armée de l'air américaine : réfléchis à ce que tu fais, réfléchis aux vies que tu détruis, dont celles de ta propre famille ! Je te demande, John : réfléchis à ceux qui ont décidé de bombarder l'Irak récemment et de tuer ces gens, quels qu'ils soient ! Réfléchis John, qui tuent-ils vraiment ? Ont-ils pensé à moi, à toi ou à notre famille quand ils ont décidé cela ? Je suis mort, John, le jour où tes collègues ont largué leurs bombes sur ces gens, ils ont signé mon certificat de décès. »

Puis l'homme en noir prend la parole en anglais. Il s'adresse au peuple américain et à Barack Obama, pointant son coutelas tantôt vers la caméra, tantôt vers James Foley :

« Aujourd'hui, votre force aérienne militaire a attaqué nos positions en Irak. Vos frappes ont causé des pertes parmi les musulmans. Vous ne combattez plus une insurrection : nous sommes une armée islamique et un Etat qui a été accepté par un grand nombre de musulmans dans le monde. (…) Donc, toute tentative de toi, Obama, de dénier le droit aux musulmans de vivre en sécurité sous leur califat aura pour conséquence un bain de sang de ton peuple. »

Après avoir tué James Foley, l'homme reprend la parole dans un anglais teinté d'accent britannique : « La vie de ce citoyen américain, Obama, dépend de ta prochaine décision. » Il empoigne par le col Steven Sotloff, vêtu de la même tenue orange. Pigiste pour Time, World Affairs et le Christian Science Monitor, Steven Sotloff a été kidnappé début août 2013 près d'Alep.

LE CAUCHEMAR RECOMMENCE

La Maison Blanche a indiqué que les services de renseignement américains cherchaient à vérifier « aussi rapidement que possible » l'authenticité de la vidéo, mais il fait peu de doute que James Foley a été exécuté. La vidéo ne manque pas de rappeler les sinistres mises en scène d'Abou Moussab Al-Zarkaoui, le « père spirituel » de l'Etat islamique, tué en 2006 dans un raid aérien américain. En 2004, pendant la guerre en Irak, ce dernier s'était rendu célèbre en tuant de ses propres mains l'entrepreneur américain Nicholas Berg.

Aujourd'hui, les Etats-Unis sont de retour en Irak et le cauchemar recommence. Lundi, Barack Obama, qui a ordonné des bombardements contre l'Etat islamique dans le nord de l'Irak pour protéger le Kurdistan autonome, les populations chrétiennes et les yézidis de la menace de l'EI, a affirmé que son pays entendait « poursuivre une stratégie à long terme » de lutte contre les djihadistes. L'exécution de James Foley n'infléchira pas la décision de l'administration américaine, qui n'a jamais cherché à négocier pour récupérer les journalistes pris en otage en Syrie.

L'assassinat de Foley et la cruauté de sa mise en scène semblent indiquer que les raids américains en Irak ont porté des coups sévères à l'Etat islamique.

  Voir la vidéo ci-dessous : Qui sont les djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant ?

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