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LIBERIA

Ebola au Liberia : le chaotique ramassage des corps crée la panique

La population ne décolère pas face à la lenteur des autorités pour ramasser et incinérer les corps des victimes d’Ebola, alors que le virus continue de se propager dans le pays. En différents endroits, des cadavres ont été aperçus plusieurs jours de suite sur des bords de route avant d’être récupérés. Alors pour attirer l’attention des autorités, les habitants érigent des barrages sur les routes principales.  

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Un membre d'une équipe de prise en charge des enterrements des victimes d'Ebola à Monrovia. Photo publiée sur Twitter par William A. Tolbert. Il estime que pour ce cas, le délai de ramassage n'a été que de 35 minutes. 

La population ne décolère pas face à la lenteur des autorités pour ramasser et incinérer les corps des victimes d’Ebola alors que le virus continue de se propager dans le pays. En différents endroits, des cadavres ont été aperçus plusieurs jours de suite sur des bords de route avant d’être récupérés. Alors pour attirer l’attention des autorités, les habitants érigent des barrages sur les routes principales.

Le premier exemple de barrage remonte au 9 août : la police avait réprimé la manifestation qui bloquait l’une des autoroutes les plus fréquentées du Libéria, autour de la capitale Monrovia. Les manifestants exprimaient leur colère après que des corps étaient restés deux jours durant sur un bord de route près de la capitale. Depuis, plusieurs autres mobilisations ont été organisées aux abords de la ville.

Le Liberia fait face à un manque criant de personnel médical pour traiter l’épidémie d’Ebola. Pour Médecins sans Frontières (MSF), les conditions de traitement du virus sur place sont "catastrophiques". Des habitants estiment que, sur les routes et dans les maisons, les corps s’empilent plus vite qu’ils ne peuvent être évacués. Lundi, l’Organisation mondiale de la santé annonçait un bilan officiel de 413 morts au Liberia, mais avait souligné auparavant que le nombre réel de décès pourrait être beaucoup plus élevé.

"Quatre jours après, le corps était toujours dans la mosquée, en train de se décomposer"

Sounjata vit à Monrovia et travaille pour une ONG de protection de l’enfance.

 

Lorsqu’une personne meurt d’Ebola, cela peut prendre parfois des jours pour que les autorités viennent chercher le corps. Et les barrages mis en place par les habitants ont relativement fonctionné jusque-là, notamment ceux installés la semaine dernière autour du quartier de New Georgia. D’autres ont également été installés, samedi, près de chez moi dans le quartier de Jacob’s Town [aussi appelé Blackjina] car un corps était à la mosquée depuis vendredi [plus de 12 % de la population de Liberia est musulmane, NDLR]. La police est venue pour défaire les barrages et ça a dégénéré en affrontements entre des jeunes du coin et les forces de l’ordre, ce qui a donné lieu a beaucoup d’arrestations.

Le barrage à Jacob's Town samedi, avant qu'une émeute n'éclate. Photo de notre Observateur Sounjata.

 

“Les gens ne quittent plus leur maison que quand ils en ont vraiment besoin”

Lundi matin, le corps en question était toujours dans la mosquée de Blackjina en train de se décomposer. L’imam a dit qu’il refusait d’accueillir des corps supplémentaires et que les gens devaient conserver les cadavres chez eux. À l’exception bien sûr des corps des personnes mortes pour d’autres raisons qu’Ebola. Pour le prouver, il faut un certificat médical.

Le gouvernement a alloué beaucoup d’argent pour combattre Ebola, mais il semble qu’il n’y ait simplement pas assez de personnes pour collecter les corps. Nous sommes terrifiés à l’idée que l’infection ne se propage dans cette ville densément peuplée. Avec ces récentes émeutes, et avec ces nouveaux corps qui ne cessent d’apparaitre, les gens ne quittent plus leur maison que quand ils en ont vraiment besoin.

“Le personnel est insuffisant, mais le temps de réponse se réduit ”

William Tobert habite à Monrovia, où il a fondé une ferme biologique. Au cours des deux dernières semaines, il a accompagné les équipes en charge des enterrements dans tout le Libéria.

 

Bien qu’il y ait eu de nouvelles recrues, le nombre de personnes en charge du ramassage des corps reste insuffisant. Il semble néanmoins que le temps de réponse se réduit. La collecte des corps prend du temps notamment quand elle se fait dans des zones difficiles. Les équipes de collecte doivent alors attendre d’avoir des forces de sécurité pour les escorter. Et les équipes doivent s’assurer de la possibilité d’entrer et de sortir de la zone très rapidement, au cas où des violences éclateraient.

Un corps ramassé par une équipe de prise en charge à Monrovia dimanche. Photo publiée sur Twitter par William A Tolbert.

Leur travail est aussi compliqué par le fait que certaines familles refusent de donner les corps parce qu’ils savent qu’ils seront incinérés [une obligation depuis début août pour les victimes d’Ebola, NDLR]. Ils préfèreraient des enterrements traditionnels mais c’est trop dangereux car on ne doit pas manipuler le corps d’un malade d’Ebola.

Un autre facteur qui ralentit le travail des personnes en charge des enterrements, c’est que souvent les gens ne savent pas si une personne est morte d’Ebola ou d’autre chose. Et dans le doute, l’équipe doit collecter ce corps, et donc respecter la même procédure ".

La lente collecte des corps n’est pas le seul facteur qui suscite la colère des Libériens. Samedi, un centre d’isolement de patients atteints d’Ebola à Monrovia a été attaqué par un groupe d’hommes armés, qui avaient peur que de nouveaux patients soient amenés dans leur voisinage. Au moins 17 patients ont pris la fuite, avant d'être finalement retrouvés mardi.

MSF est par ailleurs en train de construire le plus grand centre de traitement du pays afin de tenter de contenir le virus.

Un camion transportant des corps de victimes d'Ebola. Photo publiée sur Twitter par William A Tolbert. 

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