Européennes : vent de fronde chez les militants PS

La direction du parti est critiquée pour la composition des listes aux élections européennes.

Européennes : vent de fronde chez les militants PS

    «Il y en a assez de ce PS bashing ! » Hier, Harlem Désir s'en est violemment pris à la droite, qu'il a qualifiée de « quasi séditieuse », estimant qu'elle était mal placée pour « donner des leçons » aux socialistes. Mais c'est surtout aux siens que le premier secrétaire du PS devrait s'adresser, car c'est dans les rangs du parti que la critique est la plus vive. De nombreux élus se sont lâchés contre la composition des listes aux européennes de mai 2014. « C'est désespérant », gronde un parlementaire.

    « Les militants ne sont pas contents », reconnaît un membre de la direction. Jeudi soir, les adhérents ont traîné les pieds pour voter pour ces listes, même si, comme le souligne la direction, elles ont toutes été finalement adoptées. Mais la grogne s'est largement fait entendre. Le scrutin a même dû être reporté dans le Sud-Ouest après un appel au boycott contre le fait que la place de n° 1 soit réservée à un radical de gauche. Dans le Grand Ouest, la liste n'a recueilli que 60% des voix et les Côtes-d'Armor et le Finistère se sont même prononcés contre. En cause notamment, la présence en no 2 d'Emmanuel Maurel, patron de l'aile gauche du parti et actuel conseiller régionalâ?¦ d'Ile-de-France. « L'envoyer ici où la grogne contre Paris est si forte, ce n'est vraiment pas malin », note Gwenegan Bui, député du Finistère. D'autres regrettent que la liste soit menée par deux nonistes alors que la région est proeuropéenne.

    Dans le Sud-Est, où la liste est tirée par le ministre Vincent Peillon, les élus de Paca « s'insurgent » contre le fait qu'aucun représentant de cette région ne soit en position éligible. La place de no 3, prévue pour le conseiller général Christophe Masse, a en effet finalement été donnée à un proche de Manuel Valls, Zaki Laïdi.

    Gaëtan Gorce : « Le parti est un boulet pour le gouvernement »

    « Les petits arrangements entre courants pour placer des gens, cela a toujours existé, mais aujourd'hui, le PS, ce n'est plus que ça », se lamente le sénateur Gaëtan Gorce. « La faiblesse de Harlem Désir permet à tous les barons de s'en donner à cÅ?ur joie pour imposer leurs proches, Hamon l'a fait, Valls aussi et même Hollande a appelé pour placer le président de la région Limousin, Jean-Paul Denanot, dans le Centreâ?¦ » lâche un élu. « Je n'ai jamais vu des désignations aux européennes qui se soient bien passées », relativise une députée.

    « Les européennes cristallisent une grogne plus générale », s'inquiète un élu. « Le PS ne fait pas son travail, estime ainsi le député parisien Christophe Caresche. Il faut que nous soyons plus présents sur les questions économiques et sociales. Il n'y a pas assez d'anticipation et d'accompagnement sur la nécessité de réformer. » « Le parti est un boulet pour le gouvernement », juge carrément Gorce. « Le PS fait beaucoup de choses sur le populisme, la lutte contre le FN, c'est bien, mais on a le sentiment qu'on ne fait plus que ça », regrette un parlementaire. « Harlem Désir est resté au temps de SOS Racisme », grince un autre. Mercredi, les socialistes organisent un meeting à la Mutualité « pour défendre la République contre les extrémistes ». « C'est bien de faire ça, mais pour faire reculer le FN, c'est surtout sur le terrain que ça se passe, pas dans une salle du Ve », souffle un député.