Située près du centre-ville de Varsovie, la boutique de Jacek Delman et de sa compagne, Mariola Balawender, propose des vins français, du whisky écossais et toutes sortes de bières et de vodka polonaises. Mais, depuis trois semaines, le produit phare du magasin est le cidre.
Fabriquée en Pologne, premier pays producteur de pommes en Europe, la boisson est consommée en masse depuis l'entrée en vigueur, au mois d'août, de l'embargo russe sur les produits agroalimentaires.
Moscou étant le plus gros acheteur du fruit polonais, c'est cette filière qui ressent le plus fortement les conséquences des sanctions russes.
En décapsulant une bouteille qu'il garde au frais pour les dégustations, Jacek Delman explique que les Polonais n'ont jamais été de grands amateurs du cidre qu'ils produisent : « C'est une question de goût, ils ne l'aiment pas. Contrairement au cidre français, le nôtre est fait avec n'importe quel type de pommes. Il est plus sucré, un peu moins amer. »
Mais la donne a changé depuis le lancement de la campagne « Jedz jablka na zlosc Putinowi », ou « Mangez des pommes contre Poutine ».
Initiée par le journaliste Grzegorz Nowacki, elle incite les Polonais à consommer le fruit banni en signe de soutien aux agriculteurs et contre la Russie. Des politiques, Des journalistes et des citoyens ont ainsi partagé des photos d'eux en train de croquer des pommes sur les réseaux sociaux. Et boire du cidre est également devenu un signe de protestation.
Lire aussi le post de blog : En Pologne, on mange des pommes pour lutter contre Poutine
Dans de nombreux bars de la capitale, les bouteilles sont mises en évidence dans de petits présentoirs en carton, et comme pour faire d'une pierre deux coups, certains cidres sont sucrés avec du miel polonais, également touché par l'embargo russe.
+ 136 % D'INTENTIONS D'ACHAT
Mais malgré cet engouement unanime, la consommation de pommes n'a pas enregistré de hausse majeure, contrairement à celle du cidre. S'il est trop tôt pour obtenir des données sur l'évolution de la consommation d'un produit sur trois semaines, il est possible d'en mesurer les intentions d'achat.
Selon l'application Listonic, qui permet de réaliser des listes de courses en ligne, les intentions d'achat de pommes ont augmenté de 11 % depuis que la campagne a débuté. Pour le cidre, elles ont bondi de 136 % au cours de la même période.
Cette différence n'est pas surprenante : il y a une limite à la quantité de pommes que les Polonais peuvent consommer. Etant déjà de gros mangeurs de fruits frais, la campagne n'a eu qu'un impact limité sur leurs habitudes alimentaires. Le cidre, en revanche, n'a jamais été populaire… jusqu'à il y a trois semaines.
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