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A La Rochelle, le blues de Montebourg

REPORTAGE - Publiquement, Arnaud Montebourg ne laisse rien transparaître. Mais ses proches décrivent un homme profondément bouleversé par son éviction du gouvernement.

Caroline Vigoureux, envoyée spéciale à La Rochelle , Mis à jour le
Arnaud Montebourg, samedi à l'université d'été du PS à La Rochelle.
Arnaud Montebourg, samedi à l'université d'été du PS à La Rochelle. © Reuters

"Je suis toujours socialiste". C’est ce qu’a dit Arnaud Montebourg cette semaine à une ministre. Il avait besoin de le préciser. La période est compliquée pour lui . Rien ne s’est passé comme il le souhaitait. "Personnellement, c’est difficile mais il se sent libéré, il n’a plus mal au ventre", raconte un proche de l’ancien ministre de l’Economie. "Il ne supportait plus Hollande", explique de son côté un ponte de la majorité. Lui qui aurait voulu démissionner avec fracas s’est fait évincer du gouvernement par Manuel Valls . "Il faut descendre des scènes de théâtre. Montebourg s'est fait piéger par le côté théâtral", résume un ministre.

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Un épisode dont il peine à se remettre. Vendredi soir, un ministre avec qui il s’entend bien lui à proposer de boire un verre pour en discuter. Mais Arnaud Montebourg est rentré à sa chambre d’hôtel. Lui qui aimait tant parader sur le port de La Rochelle les années précédentes n’a pas le cœur à s’éterniser dehors. "Il est vraiment mal", répète ce proche. "Il est comme on peut être après un tsunami, on est content d’être vivant mais on regarde derrière et on voit les dégâts", confie-t-il.

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"Il parlera plus tard"

Publiquement, Montebourg ne laisse rien paraître. Au contraire, il continue dans sa droite lignée. Lorsqu’il arrive à La Rochelle vendredi, il assure même que son discours de "Frangy n'était pas un accident", mais bien "le début de l'ouverture du débat sur la question de l'austérité en France et en Europe". Son avenir personnel? "Merci, mais tout va bien. Il n'y a pas de problème, ne vous occupez pas de ça, je m'en occupe."

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Samedi matin, alors qu’il participe à une plénière sur le développement de l’économie et la réindustrialisation, il explique à la tribune : "Les responsables publics et les hommes d'Etat n'ont pas toujours vocation à se taire et c'est parfois leur destin de se faire congédier quand ils ont parfois - pas toujours - raison", lance-t-il, sous les applaudissements. L’ancien ministre quitte la salle sans répondre aux sollicitations des journalistes. "Il n’a pas envie d’alimenter quoi que ce soit, il parlera plus tard", élude le député Patrice Prat, proche de Montebourg.

L’œil fatigué et le sourire figé, Arnaud Montebourg intervient un peu plus tard dans l’après-midi devant le think-tank Terra Nova. L’ancien ministre de l’Economie redit tout le mal qu’il pense de "l’obsession" de la réduction des déficits. "L’économie n’a rien à voir avec la morale", lance encore l’ancien locataire de Bercy. Celui qui se décrit comme un "super ex" cite plusieurs fois le nom de son successeur, Emmanuel Macron . Pas de déclaration aux journalistes en sortant. Il se dit simplement "content" de son coup d’éclat médiatique, avant de repartir prendre le train, avec Benoît Hamon, ministre démissionnaire, comme lui.

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Montebourg veut créer une boite

Arnaud Montebourg doit désormais tourner la page . "Le plus probable c’est qu’il ne tire aucune conclusion de la période qui vient de s’écouler en se disant 'c’est tous des cons, j’avais raison'", concède un proche. Difficile pour l’ancien ministre de trouver sa place. Au sein du PS, les frondeurs ne veulent pas vraiment de lui comme leader. "Nous ne sommes pas en quête d’un leader", explique Christian Paul, l’un des tenants de la fronde. Arnaud Montebourg leur volerait la vedette. A l’extérieur du PS, l’espace politique est déjà occupé par Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon...

Dans les semaines à venir, l’ancien ministre devrait prendre du recul. Selon un proche, il va créer une boite qui produit et vend des nouvelles technologies "made in France". Une envie qu'il a publiquement confirmé samedi. En attendant, Arnaud Montebourg devrait faire sa rentrée politique les 4 et 5 octobre, à Laudun-L’ardoise, dans le Gard. "Montebourg pose une pierre sur le chemin de ce qui le mène à 2017 ou 2022", estime un proche de Manuel Valls. Il ajoute : "La stratégie de Montebourg est vouée à l’échec personnel. Ça n’existe pas le pompier pyromane qui s’en sort avec les honneurs."

Source: leJDD.fr

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