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Europe : les cinq raisons à la nomination de Federica Mogherini

L'inexpérience de l'Italienne a paradoxalement joué en sa faveur pour succéder à Catherine Ashton à la tête de la diplomatie européenne.

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Publié le 01 septembre 2014 à 16h36, modifié le 01 septembre 2014 à 19h28

Temps de Lecture 3 min.

Federica Mogherini, entourée de Donald Tusk et Herman Van Rompuy, le 30 août à Bruxelles.

Critiquée pour son inexpérience et la position trop souple de l'Italie à l'égard de la Russie, qui lui fournit d'importantes quantités de gaz, la ministre des affaires étrangères, Federica Mogherini a été choisie samedi 30 août pour succéder à Catherine Ashton comme haute représentante pour la politique extérieure et la sécurité de l’Union européenne. Il n'a fallu que quelques minutes aux chefs d'Etat et de gouvernement pour approuver le choix de la candidate italienne, en même temps que celui de premier ministre polonais, Donald Tusk, à la présidence du Conseil européen, même si les discussions ont été vives pendant tout l'été. Federica Mogherini a été choisie pour cinq raisons principales.

Lire notre éditorial (en zone abonnés) : Article réservé à nos abonnés Diplomatie européenne : le mauvais choix

1. Parce que les Etats veulent garder leur propre diplomatie

Federica Mogherini a été choisie pour les mêmes raisons qui avaient présidé au choix de Catherine Ashton, en 2009 : son manque d'expérience diplomatique. « Les grands pays comme la France et le Royaume-Uni ne veulent pas se dessaisir de leur politique étrangère et ils ne veulent surtout pas d'un gros calibre pour piloter la diplomatie européenne », explique François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique. Catherine Ashton a plusieurs fois été court-circuitée par les Etats eux-mêmes, comme en témoigne la visite des ministres des affaires étrangères allemand, français et polonais, à Kiev, la veille du départ de Viktor Ianoukovitch, en février. La diplomatie européenne se décide à Paris, à Londres, à Berlin et désormais à Varsovie, plus qu'à Bruxelles.

Lire (en zone abonnés) : Article réservé à nos abonnés Paris privilégie sa politique extérieure à celle de l'Europe

2. Parce que le président du Conseil européen est Polonais

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En dehors de son inexpérience, les principales critiques contre Mme Mogherini ont porté sur sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine et sur la mansuétude de la diplomatie italienne à l'égard de la Russie. Les pays baltes et la Pologne étaient vigoureusement opposés à cette candidature, même si Mme Mogherini a rappelé qu'elle avait rencontré Poutine, en juillet, après être allée à Kiev. Après les informations de l'OTAN sur la présence de plus de mille soldats russes en Ukraine, Matteo Renzi a appelé Vladimir Poutine, le 28 août, pour dénoncer une « escalade intolérable dont les conséquences seraient très graves ». Le choix d'un Polonais à la tête du Conseil européen permet d'atténuer le discours d'une Europe qui paraîtrait trop faible à l'égard de Moscou.

3. Parce que c'est une femme

Jean-Claude Juncker a fait un constat, en voyant la liste des futurs commissaires européens présentés par les pays de l'Union européenne : les femmes sont peu représentées. Il y en a pour l'instant 5, moins que dans la Commission Barroso (9). Le Parlement européen demande qu'il y en ait au moins autant. Pour compenser ce faible nombre, M. Juncker veut leur donner des portefeuilles solides. Il était logique que le successeur de Lady Ashton soit également une femme. Mme Mogherini était en compétition avec la commissaire bulgare à l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva, dont le travail est largement reconnu. Elle avait les soutiens des pays de l'Est, jusqu'au moment où Donald Tusk est devenu le favori pour la présidence du conseil. De plus, elle est membre du parti Populaire européen, qui a déjà obtenu les principaux postes.

Catherine Ashton et Kristalina Georgieva, le 15 août à Bruxelles.

4. Parce qu'elle est sociale-démocrate

La répartition des hauts postes européens est le fruit d'un savant dosage entre la géographie, le genre et, bien sûr, la couleur politique. Les deux principaux postes européens revenant à la droite, les sociaux-démocrates devaient obtenir le poste tenu par Catherine Ashton. Il fallait aussi que ce soit une femme. Le nom d'Elisabeth Guigou a été évoqué pendant l'été, mais Pierre Moscovici avait déjà été choisi par François Hollande. Et la France ne revendique pas ce poste qui pourrait entrer en conflit avec sa propre diplomatie.

5. Pour faire plaisir à Matteo Renzi

Le président du conseil italien n'a jamais vacillé. En dépit de toutes les critiques, il a défendu sa ministre des affaires étrangères pour finalement réussir à l'imposer. Matteo Renzi voulait un poste « à visibilité » pour son pays. Et il l'a obtenu. Mme Merkel s'est ralliée au choix de la ministre italienne, car cette concession à M. Renzi ne lui coûte pas beaucoup. Ses priorités sont avant tout économiques et elle goûte peu la volonté française et italienne d'atténuer la discipline budgétaire, au moment où elle résiste aux pressions d'un autre italien, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, inquiet à son tour de la déflation en Europe.

Matteo Renzi, le 1er septembre à Rome.

Lire : L’étonnant coup de fil d'Angela Merkel à Mario Draghi

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