Quand le PS accusait la droite de stigmatiser les chômeurs

 

Quand le PS accusait la droite de stigmatiser les chômeurs

    «Je demande à Pôle Emploi de renforcer les contrôles pour être sûr que les gens cherchent bien un emploi.» Cette mission, nécessite un «état d'esprit différent, des convocations et des vérifications». «Sinon on est radié.» Lâchée ce mardi matin par le ministre du Travail, François Rebsamen, cette déclaration résonne comme un virage à 180°. Et ce, même s'il nuance en évoquant les «problèmes de salaires» et «d'adéquation» rencontrés par certains chômeurs. Car du temps où il était dans l'opposition, le Parti socialiste n'avait pas de mots assez durs pour accuser la droite de stigmatiser les demandeurs d'emploi, comme en témoigne notre plongée dans ses anciens communiqués.

    Décembre 2005, «un véritable harcèlement».

    «Le gouvernement confirme que pour lui, la lutte contre le chômage est d'abord une lutte contre les chômeurs», écrit Alain Vidalies en décembre 2005. Ce qui provoque l'indignation du secrétaire national du PS aux Entreprises, actuel secrétaire d'Ã?tat chargé des Transports? Un décret au sujet du contrôle des personnes inscrites sur la liste des demandeurs d'emploi, permettant aux agents de se faire communiquer, «sur leur demande», par les administrations fiscales, «en cas de présomption de fraude, toutes données et documents nécessaires à l'accomplissement de leur mission».

    «Un véritable harcèlement des demandeurs d'emploi», aux yeux d'Alain Vidalies qui insiste, dans un second communiqué : «La seule réalité, c'est le renforcement du contrôle administratif et fiscal des demandeurs d'emploi, comme si la lutte contre le chômage se réduisait pour le gouvernement au découragement des chômeurs.»

    Septembre 2007, une «tentative de stigmatisation».

    Rebelote deux ans plus tard. Le président Nicolas Sarkozy annonce «un gigantesque plan contre la fraude» aux allocations chômage. «C'est normal que quand quelqu'un est au chômage la société lui tende la main et lui donne des indemnisations. Ce n'est pas normal qu'on refuse un emploi qui correspond à votre qualification, parce que ce sont les autres qui paient», dénonce alors le chef de l'Etat.

    «Un raccourci plus que tendancieux entre fraude aux Assedic et refus d'emploi» pour Alain Vidalies, toujours secrétaire national du PS aux Entreprises. «Une dérive», «d'autant plus inadmissible qu'il s'agit d'une nouvelle tentative de stigmatisation des chômeurs». Le responsable socialiste s'interroge : ne serait-ce pas «une manÅ?uvre destinée à faire diversion» alors que les données de l'INSEE sur le chômage doivent être publiées sous peu?

    Avril 2008, «nocivité et inefficacité».

    Le gouvernement Fillon propose de sanctionner les chômeurs qui refusent deux offres d'emploi correspondants à leur qualification. Le bureau national du PS s'offusque : «La politique qui consiste à faire des demandeurs d'emploi les responsables de leur sort a déjà fait maintes fois la preuve de sa nocivité et de son inefficacité.»

    Février 2012, «culpabilisation».

    En lice pour sa réélection, Nicolas Sarkozy propose une mesure choc : rendre «obligatoire» «une formation qualifiante» pour ceux qui n'arrivent pas à rebondir «passé un délai de quelques mois». Ensuite, «le chômeur sera tenu d'accepter la première offre d'emploi correspondant au métier pour lequel il aura été nouvellement formé». Tollé général.

    «Il préfère mettre en scène la culpabilisation de ceux qui subissent ses erreurs politiques, pour mieux s'en dédouaner», tempête le Parti socialiste dans un communiqué. «Avec François Hollande, nous avons conscience que notre tâche ne sera pas d'accuser ni de diviser les Français, mais bien de redresser la France», poursuit le texte, qui se conclut ainsi : «Quand Nicolas Sarkozy attaque les chômeurs, François Hollande, lui, veut s'attaquer au chômage.»

    Le candidat François Hollande, lui, tweetait ceci : «Le candidat-sortant pense que les chômeurs veulent rester chômeurs? Ce qu'attendent les chômeurs c'est du travail!»

    VIDEO. L'édito du Parisien. Chômage : Rebsamen lance le débat sur les abus