Le centre social de Villeneuve à Fréjus sacrifié par David Rachline

David Rachline a décidé de mettre un terme au partenariat qui liait la structure à la ville de Fréjus et de récupérer les locaux. Pour le maire FN, l’association gestionnaire avait des "positions politiques" inconciliables avec sa mission

Éric Farel Publié le 06/09/2014 à 16:07, mis à jour le 06/09/2014 à 16:20
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Hier, devant le centre social de Villeneuve, une centaine de personnes se sont rassemblées pour faire entendre leur mécontentement. Adeline Lebel

David Rachline a décidé de mettre un terme au partenariat qui liait la structure à la ville de Fréjus et de récupérer les locaux.

Pour le maire FN, l’association gestionnaire avait des "positions politiques" inconciliables avec sa mission

La nouvelle est tombée comme un couperet. Stoppant net l'aventure du centre social de Villeneuve, amorcée il y a tout juste cinq ans. Mercredi, sur son compte Facebook, David Rachline a officialisé ce qu'il laissait entendre depuis quelques jours déjà: «Le partenariat entre la Ville et l'association gestionnaire du centre social de Villeneuve, prendra fin au 31 décembre de cette année.» Une décision évidemment lourde de conséquences, mais que le maire de Fréjus étaye avec des arguments qu'il juge suffisamment solides pour faire face à la critique et l'incompréhension... «La Ville n'a pas souhaité reconduire pour 2015, la mise à disposition de locaux et de moyens à l'association. Un partenariat,explique-t-il, implique une volonté commune de travailler conjointement au service de l'intérêt général. Or, l'association a, depuis plusieurs mois, fait montre d'une hostilité publique et manifeste à l'égard de la nouvelle municipalité, prenant notamment, par l'intermédiaire de sa directrice, des positions nettement politiques dans les médias nationaux.»

"Centre social ou... socialiste ?"

Directement visée, Sandrine Montagard s'est, en effet, exprimée, notamment dans les colonnes du journal Le Monde. Elle y livre son sentiment sur l'action du centre social de Villeneuve qu'elle sent « cassée » depuis l'arrivée de la nouvelle municipalité, narre les insultes entendues par des animateurs en sortie avec des jeunes, parle d'une lettre anonyme déposée dans les boîtes aux lettres du quartier incitant à prendre les armes contre « la racaille » et « l'idéologie qui s'appelle le maghrébisme ». Elle se lâche aussi sur David Rachline, estimant « que certaines de ses décisions ne sont pas prises à Fréjus, mais là-haut », au niveau du parti.

Intolérable pour le maire qui considère que « les convictions des uns et des autres sont une chose. Mais s'afficher ouvertement lorsqu'on est chargé d'une mission d'intérêt général au service de l'ensemble de la population d'un quartier, contre une équipe municipale démocratiquement élue ne permet ni d'assurer la mission confiée ni, a fortiori, de mettre en place un partenariat durable et constructif. Un centre social,assène sèchement Rachline, n'a pas vocation à être un centre socialiste et les moyens publics mis à disposition d'une association n'ont pas vocation à cautionner de la propagande politique. »

Juste après son élection, la municipalité FN avait déjà fortement diminué la subvention des trois centres sociaux fréjusiens. Le maire tempère : « Celle-ci est cependant demeurée importante, à hauteur de 134 000 euros, somme à laquelle s'est ajoutée une subvention exceptionnelle de 4800 euros pour les activités d'été. Ce montant,selon lui,illustre l'implication de la Ville en faveur du développement social du quartier. »

Un nouveau projet à l'étude

Pour l'ensemble des observateurs, la fermeture annoncée du centre social de Villeneuve a quand même de quoi surprendre. Car, on s'en souvient, en juillet dernier, le dialogue avait semble-t-il été renoué entre les trois structures fréjusiennes et la mairie. Ce qui fait dire à David Rachline que « les prises de position de l'association sont d'autant plus déplacées. »

Reste à savoir comment la situation va évoluer dans le temps. L'association emploie une dizaine de salariés, dont la directrice. Un personnel qui, très probablement, va aller grossir les rangs des demandeurs d'emploi. Quant à la structure, Rachline assure que « la Ville, propriétaire des locaux du centre social, travaille d'ores et déjà activement à un nouveau projet qui s'adressera dès le début de l'année 2015 à l'ensemble de la population du quartier de Villeneuve. Un projet qui impliquera les services municipaux et les partenaires associatifs locaux. »

En attendant, c'est plutôt l'inquiétude qui prédomine localement où tout un secteur de la commune a mal... à son social.

 

 


Sandrine Montagard: «Les propos du maire, c’est de la diffamation!»

Le coup de massue est rude pour Sandrine Montagard, la directrice du centre de Villeneuve, affectée comme on peut l’imaginer, par la décision de fermeture qui frappe la structure qu’elle dirige. «On s’y attendait, oui. Mais pas pour tout de suite. Ce sont les méthodes employées partout par le Front national dont on sait qu’il est défavorable aux centres sociaux.»
Fait-elle de la politique?  «Non, pas du tout, réplique sans hésiter l’intéressée. Je suis même apolitique. Par contre, je mène une politique sociale sur le territoire de Villeneuve.» Mais alors, son association est-elle proche du PS? Même réponse, ferme: «Nous sommes apolitiques. David Rachline dit que cela fait des mois que nous faisons de la politique. C’est faux. Pour moi, ses propos, c’est de la diffamation.»

«Je n’ai pris personne en traître»

On insiste. Pourquoi s’être épanchée dans la presse nationale alors que les relations mairie/centres sociaux semblaient en voie d’apaisement ? « Quand [des journalistes] me contactent pour me demander ce que l’arrivée du FN change pour nous, je dis ce qui a changé. Je n’ai pris personne en traître.» Pour Sandrine Montagard, de toute façon, la décision de fermer le centre de Villeneuve « était prévue de longue date puisque déjà, avant, Rachline parlait de maisons inter-générationnelles. Il veut pouvoir continuer à organiser des animations populaires sur ces quartiers. Ce qui est dommage, c’est que la CAF venait de nous accorder un agrément pour 4 ans. On est les seuls dans ce cas sur Fréjus. C’est dire que notre action est reconnue. »

La jeune femme se prépare donc à aller pointer au chômage, comme les autres salariés concernés par la mesure municipale. Elle le dit : « On est inquiet. Nous avons le soutien des collègues des autres centres sociaux du Var. Tout le monde est choqué y compris au-delà du département. Pour ce qui me concerne, je réfléchis car j’ai besoin de m’éclaircir les idées. »
À titre personnel, Sandrine Montagard ne sait pas encore quel comportement adopter. En revanche, elle entend « faire en sorte que le centre social retrouve l’image positive qu’il a toujours eue. David Rachline nous attaque sur différents points. Nous, on sait que l’on a œuvré pour le bien de notre territoire. On y a mis notre énergie et tout notre cœur. Cette décision, c’est un manque de respect envers tous ces gens qui nous ont fait confiance.»   

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Var-Matin

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