Sexisme : le témoignage accablant d'une journaliste politique

Publié le Mardi 09 Septembre 2014
Sexisme : le témoignage accablant d'une journaliste politique
Sexisme : le témoignage accablant d'une journaliste politique
Dans cette photo : Michel Hazanavicius
Le sexisme en politique a la peau dure et n'épargne évidemment pas les journalistes qui traitent au quotidien cette actualité. Dans le dernier numéro d'août de Grazia, une consoeur prend la plume sous le pseudonyme de Lélia Posay et dépeint ainsi une phallocratie politique grisonnante, libidineuse et salement condescendante.
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Non, le témoignage de cette journaliste (dont on ne sait pas grand-chose, Grazia souhaitant préserver son anonymat malgré nos sollicitations) n'est pas un énième scénario de « House of Cards », où un politicard cynique et manipulateur, Frank Underwood, fait la cour à une séduisante journaliste à la recherche d'une source. On aurait pourtant pu aisément le penser tant ses anecdotes, qu'elles soient personnelles ou glanées auprès de collègues, semblent surréalistes et révèlent un sexisme d'un autre temps, digne des « OSS 117 » de  Michel Hazanavicius.

Pas de talons, pas de considération

La journaliste décrit par exemple avoir été prise pour une collégienne lors de ses premiers pas à l'Assemblée Nationale, à l'âge de... 23 ans. Une indélicatesse qui semble être monnaie courante dans ce milieu : l'énumération de témoignages en convainc, de « Ce sont sans doute les hormones qui brouillent votre esprit », « Vous n'étiez pas née » à « Elle ne comprend rien la dame ».

Tous décrivent une atmosphère infantilisante, un milieu où l'on n'est pas considérée si l'on ne porte pas de talons, un « macholand » où la journaliste politique est généralement vue comme incompétente et écervelée. L'actualité appuie sans mal ces allégations. Ainsi, lors d'une interview fin août, Arnaud Montebourg lâchait un « Elle est toujours comme ça la petite ? » à une journaliste trop incisive à son goût.

Un « droit de cuissage »

Ce sexisme « à la papa » est une broutille en comparaison des réflexions déplacées, voire du harcèlement sexuel que certaines « rubricardes » ont à subir. La journaliste de Grazia confie ainsi avoir été draguée sans vergogne par un « quinqua […] futur candidat à l'élection présidentielle » de 2012 qu'elle suivait dans sa campagne : après plusieurs heures d'interview et de conversations dans le train, l'homme politique lui a envoyé un SMS pour « l'inviter à dîner », sans se soucier – par ailleurs – de leur grande différence d'âge (une vingtaine d'années tout au plus…). Une invitation réitérée de manière insistante, en dépit d'un « refus net » de la part de l'intéressée.

Pour Christine Clerc, ancienne reporter de RMC et TMC et interviewée par Grazia, ce genre d'incident n'est pas isolé et témoigne du fait que certains politiques considèrent qu'ils ont un « droit de cuissage » sur les journalistes. Une situation par ailleurs décrite dans « Les Amazones de la Républiques » de Renaud Revel (de L'Express), paru en juin 2013. De quoi mettre les nerfs à vif...

Et si, comme le conclut Grazia, les femmes profitaient de cette situation pour « mieux manipuler » les politiques ? Le débat est ouvert...