La justice a tranché cet été : la culture du soja transgénique est  interdite dans le sud du Mexique. Ce verdict vient couronner deux années de lutte menée par des apiculteurs locaux. Il reconnaît la contamination du miel par le pollen génétiquement modifié (GM) des cultures du géant de l’agrochimie Monsanto. Une victoire qui lève la menace économique pesant sur les exportations de miel du Yucatan vers son principal acheteur : l’Europe.

C’est une victoire pour les apiculteurs mexicains. Après deux années de lutte, ils ont obtenu gain de cause devant la justice pour interdire la culture de soja transgénique.
Cet été, les tribunaux des trois États de la péninsule du Yucatan ont déclaré que la production de miel et la culture de soja transgénique étaient incompatibles, à cause de la contamination du miel par le pollen génétiquement modifié (GM).
Les autorisations délivrées à Monsanto pour commercialiser du soja RoundupReady (soja génétiquement modifié pour résister à l’herbicide Roundup) dans cette région sont donc annulées.

La mobilisation des apiculteurs du Yucatan remonte à 2012. Cette année-là, l’Allemagne renvoie du miel mexicain "contaminé" par du pollen GM. Les apiculteurs craignent alors que le marché européen ne se ferme. L’Union européenne a en effet une réglementation stricte sur la présence d’OGM dans le miel.

90 % du miel exporté vers l’Europe



Le danger économique est réel. Le Mexique est le troisième exportateur mondial de miel. Première région productrice du pays, la péninsule du Yucatan exporte 90 % de son miel vers l’Europe. 20 000 apiculteurs, majoritairement des paysans mayas, risquent ainsi de perdre une source importante de revenu.

La même année, Monsanto reçoit pourtant l’autorisation de planter 230 000 hectares de soja OGM dans le pays. Contre l’avis même des experts du ministère de l’Environnement. Car ces derniers ont alerté les autorités sur la contamination inévitable du miel par le pollen OGM, lorsque les abeilles butinent les fleurs de soja.

Des organisations de paysans et d’apiculteurs, avec l’appui juridique de Greenpeace, lancent dès 2012 une série d’actions en justice. Ils bénéficient du soutien de nombreux scientifiques qui signent une lettre ouverte contre la culture de soja OGM. Ces derniers alertent aussi sur les dangers sanitaires du glyphosate, le principe actif de l’herbicide Roundup vendu avec le soja OGM, sur les colonies d’abeilles.

Une avancée pour les droits des peuples autochtones



"La mobilisation contre le soja OGM est à replacer dans le contexte d’une forte opposition mexicaine aux OGM, liée à la défense des variétés traditionnelles de maïs contre le maïs transgénique de Monsanto", explique Jean Foyer, sociologue au CNRS, le Centre national de la recherche scientifique (lire notre article).

Le jugement rendu cet été marque également une avancée dans la reconnaissance des droits des communautés mayas. Le juge du Yucatan a su imposer au ministère de l’Agriculture de consulter les populations rurales avant toute nouvelle autorisation de culture de soja OGM sur leur territoire. Et ce, en respect des droits des peuples autochtones reconnus dans la constitution mexicaine et dans la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail, ratifiée par le Mexique.

Spécialiste de l’acharnement juridique, Monsanto fera vraisemblablement appel de cette décision.

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