Mercredi 27 novembre, la Cité du cinéma, à La Plaine-Saint-Denis, devait accueillir les quatrièmes Journées pour l'égalité des chances, un « speed dating » de l'emploi, permettant aux jeunes diplômés (moins de 30 ans avec un bac +4) issus des quartiers défavorisés de rencontrer des employeurs.
Ce forum est organisé par l'association Nos quartiers ont des talents, fondée par Yazid Chir. Cet entrepreneur de près de 50 ans veut donner à tous ces jeunes qui ont réussi leurs études dans des conditions difficiles les deux choses qui leur manquent : la confiance et un réseau.
Chaque jeune est parrainé par un cadre de haut niveau qui s'engage à lui consacrer deux heures par mois, pour le conseiller et lui ouvrir son carnet d'adresses. Mais qui ne doit pas le recruter, afin de garder à leurs échanges la spontanéité nécessaire.
Depuis la première édition, en 2010, les trois quarts des 17 240 jeunes parrainés ont trouvé un emploi à la hauteur de leur qualification en moins de six mois, pour un coût que l'association évalue à 368 euros par jeune. « Nous sommes dix fois plus performants que les statistiques nationales, car nos résultas sont deux fois meilleurs. Et ce dans un environnement cinq fois plus difficile, si l'on en croit une étude de l'Observatoire des discriminations qui a établi qu'un jeune diplômé a, en raison de son adresse et de son patronyme, cinq fois moins de chances de décrocher un entretien qu'un autre jeune avec le même diplôme », confie Yazid Chir.
Né à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), fils d'un chauffeur de taxi d'origine algérienne et d'une mère garde d'enfants « qui n'a jamais été à l'école », précise M. Chir, il va jusqu'au BTS de micromécanique. Après un passage dans l'industrie automobile, dans l'enseignement technique et à la Snecma, il crée, en 1998, avec deux ingénieurs, la start-up Neocles, spécialisée dans le cloud computing, qu'Orange rachètera en 2006 pour 11 millions d'euros.
DES ANNÉES SANS AUCUN ENTRETIEN D'EMBAUCHE
Arrivé à la tête du Medef 93 en 2005, il découvre que son département a bien profité de l'effet Coupe du monde de 1998, avec l'arrivée d'une centaine de grandes entreprises comme L'Oréal, Manpower, Orange. Elles délocalisent « ici plutôt qu'en Chine » leurs milliers de collaborateurs mais n'embauchent aucun jeune des quartiers. Lesquels vivent leur arrivée comme une invasion qui ne leur profite pas.
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