
La volte-face annoncée par certains n'a pas eu lieu. Les quotas de pêche au thon rouge n'augmenteront pas en 2014. Ils restent fixés à 13 400 tonnes dans l'Atlantique Est et la Méditerranée d'une part, 1 750 tonnes dans l'Atlantique Ouest d'autre part, comme l'année précédente. C'est ce que vient de décider la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA ou ICCAT en anglais) lundi 25 novembre, en Afrique du Sud, à l'issue d'une semaine de débats toujours aussi animés.
Cette organisation intergouvernementale, à laquelle adhèrent 47 Etats membres, a donc finalement décidé de suivre les conseils des scientifiques, bien que la situation des poissons stars des restaurants de sushis confirme son redressement. Une nouvelle évaluation scientifique des stocks est attendue en février.
L'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Grèce et Malte souhaitaient rouvrir les discussions lors de cette 23e réunion annuelle, mais l'Union européenne a mis tout son poids dans la balance pour peser en faveur du principe de précaution.
Jeudi 21 novembre, la commissaire européenne chargée de la pêche, Maria Damanaki, est venue en personne au Cap, plaider la modération. Elle a félicité le secteur de pêche au thon pour "ses efforts et ses sacrifices ces dernières années", mais a prévenu : "nous avons toujours besoin de la même rigueur". Elle a en outre profité de l'occasion pour exhorter les Etats à redoubler d'efforts et à travailler main dans la main contre la pêche illégale.
CHANGEMENT À RÉPÉTITION DE NOM ET DE PAVILLON
Ce dernier point a fait réagir les ONG de défense des océans. Même si elles se montrent soulagées du statu quo sur le quota de thon rouge alors qu'elles pronostiquaient l'inverse à la veille de la rencontre du Cap, elles dénoncent cependant de nombreuses lacunes.
Parmi les avancées souhaitées mais repoussées à plus tard, la fondation Pew Charitable Trust regrette dans un communiqué qu'un système de document électronique permettant de suivre chaque capture de thon n'ait toujours pas été adopté.
Selon les estimations citées par Pew, ce type de pêche a dépassé les quotas autorisés de 57% entre 2008 et 2011. La CICTA a par ailleurs appelé à l'instauration d'un numéro unique pour chaque navire de plus de 20 mètres de long, afin de contrecarer les changement à répétition de nom comme de pavillon.
Oceana, une des grosses fondations internationales travaillant sur l'environnement marin, et le Fonds mondial pour la nature (WWF) ont pour leur part regretté que les requins ne bénéficient pas de la même stratégie prudente de la part de la CICTA, en raison selon le WWF de "l'opposition radicale du Japon, de la Chine et de la Corée".
Elles espéraient au moins la limitation de capture du requin-taupe et du taupe-bleu, deux espèces très menacées. Une différence de traitement "scandaleuse" et "décourageante ", commente Oceana.
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