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Vidéo : 27 ans plus tard, une interview inédite de Gainsbarre dévoilée

Vidéo : 27 ans plus tard, une interview inédite de Gainsbarre dévoilée

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Par Rachid Majdoub

Publié le

En 1987, un jeune garçon assiste à une interview publique de Serge Gainsbourg à la Fnac. Une scène qu’il filme et qu’il conserve, avant de la publier aujourd’hui, 27 ans plus tard. C’était Gainsbarre qui répondait aux questions.
1987. Serge Gainsbourg donne une interview publique à la Fnac, à l’occasion de la sortie d’un album de BD, intitulé Où es-tu Melody ?Face à lui, des photographes et des fans. Parmi ces derniers, un jeune garçon, Emmanuel ; caméra en main, il filme la scène.
Il raconte :

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Cet après-midi d’automne, nous sommes plusieurs dizaines de fans à l’accueillir dans cette petite salle de la Fnac, à l’écouter religieusement parler de cet album de BD, mais aussi et surtout de sa vie, sa carrière, ses concerts, ses projets.

Il ne le sait peut-être pas à ce moment, mais il est le seul à immortaliser la rencontre. Une archive qu’il gardera au fond de ses tiroirs pendant de longues années, avant de la sortir… 27 ans plus tard. Le 4 septembre 2014, il se décide enfin de la mettre en ligne sur YouTube. À l’heure actuelle, la vidéo ne dépasse pas les 3000 vues, et aucun média hormis Tuxboard ne l’a relayée.

“Parfois, je me dis je suis un des best. Et parfois, je me dis je suis qu’une merde”

Dans cette interview séparée en deux parties, c’est un Gainsbourg décontracté que l’on voit, lunettes de soleil sur le nez, gitane au bec et verre toujours plein. Un Gainsbourg humain, drôle, blagueur, effronté, un brin nonchalant et… pas mal alcoolisé.
À cette première question : “Serge Gainsbourg, pourriez-vous nous dire en quelques mots qui vous êtes”, Gainsbourg répond : “Moi, je ne me connais pas”. Il enchaîne : “Parfois, je me dis je suis un des best. Et parfois, je me dis je suis qu’une merde”. Serge fait rire, Gainsbourg déroule, Gainsbarre arrive.
Voici la première partie de l’interview, en attendant de retrouver la seconde plus bas :

Une période compliquée

Nous sommes donc à la fin des années 80, une période assez spéciale pour l’artiste. Alors que son album You’re under arrest (1987) s’apprête à voir le jour, Gainsbourg vient tout juste de sortir le film Charlotte for Ever, réalisé par lui-même, dans lequel est racontée la relation qu’il entretient avec sa fille. Un album de chansons l’accompagne, composé par Gainsbourg et interprété par sa fille, Charlotte, alors âgée de 15 ans. Le seul qu’il ait écrit et composé pour elle.
Le long métrage est mal accueilli par la critique et connaît un échec commercial. En cause, l’inceste, sujet provocateur abordé dans le film, fait scandale lors de sa sortie, dû au parallèle entre le scénario et la relation qu’il entretient avec sa fille. Gainsbourg peine à être considéré comme un cinéaste.
Il déclare à ce sujet lors de cette interview inédite :

Tu as vu dans quel état est le cinéma actuel ? [Silence] Alors quand tu fais quelque chose de si classieux que Charlotte for Ever… tu te ramasses.


Artistiquement, Serge Gainsbourg n’est pas au mieux, même s’il est toujours reconnu, admiré et respecté pour ses chansons sorties précédemment (“Melody Nelson”, “L’Homme à la tête de chou”), et pour son travail d’auteur-compositeur sur les oeuvres à succès de Jane Birkin, Brigitte Bardot ou encore France Gall. Il est toujours considéré comme l’un des artistes les plus influents de la seconde moitié du 20e siècle.

Période Gainsbarre

Humainement, Serge est en plein dans sa période Gainsbarre, la face sombre de l’homme derrière laquelle il trouve refuge, comme pour fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve. Argent, alcool, tabac, noctambulisme, décadence, sorties télévisées remarquées… Gainsbarre, qui succède peu à peu à Gainsbourg, est adulé par certains, et décrié par d’autres ; entre admiration et inquiétude. Un phénomène, au je-m’en-foutisme qui nourrit la légende du personnage.
“Un provocateur, avec une âme follement romantique”, dira plus tard Jane Birkin, elle qui l’a quitté en 1980 après plus de dix ans de vie commune et un enfant (son troisième, Charlotte), lassée de son comportement. Il l’aimait, elle non plus, puis elle n’en pouvait plus : “J’avais beaucoup aimé Gainsbourg, mais j’avais peur de Gainsbarre”, déclarera-t-elle après la mort de l’artiste.
Serge décède d’une crise cardiaque le 2 mars 1991. Soit quatre années après cette interview, dont voici le second extrait :

S’il était de notre époque, Serge Gainsbourg aurait assurément défrayé la chronique. Comme jamais.
Publié le 12 septembre 2014 à 12h36.