CONTAMINER. La construction défaillante des puits est la principale cause de la contamination de l'eau potable provenant des activités de fracturation hydraulique. C'est la conclusion d'une étude menée aux États-Unis, dans les États du Texas et de Pennsylvanie, deux grands producteurs de gaz de schiste.
Une surprise ? Pas vraiment. Les lecteurs de Sciences et Avenir se souviendront ainsi de l'entretien que nous avait accordé en octobre 2013 le spécialiste des nano-sciences Rolland Pellenq. Dans la vidéo reproduite ci-dessous, ce directeur du laboratoire mixte CNRS-MIT (Massachusetts Institute of Technology) explique qu'il est bien connu que "les puits de gaz fuient". La concentration en méthane dissous dans l'eau à un kilomètre d'un puit est 6 fois supérieure à la concentration de méthane naturel", l'eau en contenant effectivement déjà normalement.
Il n'en reste pas moins que ce discours est peu entendu sur de nombreux sites d'exploitation des gaz de schiste aux États-Unis. Où pour justifier la contamination de l'eau potable, on pointe plutôt du doigt le procédé de fracturation lui-même.
L'étude menée en Pennsylvanie et au Texas confirme que du gaz part toujours des forages
Rien de tel avec l'étude publiée lundi 15 septembre 2014 dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS). Les chercheurs ont étudié plus de 100 puits en Pennsylvanie et au Texas : ils ont pu déterminer d'où vient le gaz naturel trouvé dans l'eau des nappes aquifères. Selon eux, celui-ci provient bien de défauts dans le ciment ou le revêtement des puits forés pour extraire le méthane.
CONFIRMATION. "Nos données montrent clairement que la contamination des eaux potables dans les sites étudiés provenait de problèmes d'étanchéité des puits pour récupérer le gaz naturel, comme des défauts de coffrage ou d'application du ciment", explique Thomas Darrah, professeur adjoint des sciences de la terre à l'université d'Etat de l'Ohio, un des principaux auteurs de cette recherche.
"Ces résultats paraissent exclure la possibilité que du méthane ait filtré pour polluer les nappes aquifères souterraines du fait du forage horizontal lui-même utilisé dans la fracturation hydraulique, comme certains le craignaient", ajoute Avener Vengosh, professeur de géochimie à l'université Duke, en Caroline du Nord, un autres co-auteur.
Sur les 113 puits étudiés dans le gisement de gaz de schiste de Marcellus, en Pennsylvanie, et vingt dans le site de Barnett, au Texas, huit présentaient des problèmes d'étanchéité mais aucun de ces problèmes n'était lié aux activités de fracturation elles-même.