TRANSPORTPic de pollution: «Si vous roulez vitres fermées, vous avez tout faux»

Pic de pollution: «Si vous roulez vitres fermées, vous avez tout faux»

TRANSPORTQuels sont les meilleurs moyens de locomotion et les bons réflexes à adopter lors d’un pic de pollution? «20 Minutes» a posé la question au professeur Gilles Dixsaut, de la Fondation du souffle...
Le pic de pollution qui touche Paris et sa région depuis lundi devrait s’aggraver ce jeudi, selon Airparif, l’organisme de surveillance de la qualité de l’air.
Le pic de pollution qui touche Paris et sa région depuis lundi devrait s’aggraver ce jeudi, selon Airparif, l’organisme de surveillance de la qualité de l’air. - A. GELEBART / 20 MINUTES
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Une heure de gratuité pour les abonnés un jour à Autolib' et la gratuité du ticket un jour pour le Vélib'. Ce sont les deux mesures phares prises par la mairie de Paris pour lutter contre le pic de pollution qui touche la région depuis lundi et qui devrait s'aggraver ce jeudi. Est-ce pour autant le bon moment pour se mettre au Vélib? 20 Minutes a posé la question au professeur Gilles Dixsaut, médecin spécialiste du fonctionnement de l'appareil respiratoire et membre du comité stratégique de la Fondation du souffle.

Est-ce que la gratuité du ticket un jour du Vélib' est une bonne mesure pour lutter contre le pic de pollution?

Pas forcément, non. Il s'agit d’une solution symbolique mais anecdotique, qui réduit à la marge les émissions de particules et de dioxyde d'azote. La mesure diminuera quelque peu le nombre de voitures dans les rues de Paris. Mais pas suffisamment. Surtout, il y aura toujours autant de bus diesel ou de véhicules utilitaires en circulation. Ce sont eux les gros pollueurs. Ces phases de pics de pollution ne sont pas non plus le moment idéal pour se mettre au Vélib'. Les recommandations sont d’éviter les activités physiques. Quand on pédale, on ventile plus d’air et on inhale plus de particules et de dioxyde d’azote.

Quel est alors le meilleur moyen de locomotion lors des pics de pollution?

A pied quand c’est possible. Le bus aussi est à préconiser. On y est tout de même moins exposé à la pollution. Le vélo ou la trottinette ne sont pas si bêtes non plus, à condition d’éviter les grands axes de trafic et d’y aller tranquillement sans basculer dans l’exercice physique. En revanche, les intérieurs de voitures sont des concentrés de pollutions. Pareil pour le métro, mais pour une autre raison. La pollution particulaire y est permanente et différente, non pas liée à la pollution extérieure mais à la circulation du métro.

Quels sont les bons réflexes à avoir lors des pics de pollution?

Pour ceux qui n’ont d’autre choix que de prendre leur voiture, l’erreur serait de rouler les fenêtres fermées en croyant se prémunir de la pollution ambiante. Au contraire, ouvrez grand, il faut aérer au maximum. Qu’on soit à pied, à vélo, ou en voiture, il faut aussi éviter au mieux les grands axes de circulation et les heures de pointe. Surtout pour le pic de pollution qui touche Paris actuellement. On est en septembre, les chauffages ne sont pas allumés, on sait que ce pic est essentiellement dû au trafic routier.

Faut-il s’attendre à des pics de pollution de plus en plus fréquents en Île-de-France?

Apparemment oui, et ce malgré les progrès annoncés sur les voitures, comme les filtres à particules qui équipent les pots d’échappement des véhicules diesels. Les résultats, on le voit, ne sont pas probants globalement. Surtout, les phénomènes de pollution sont plus complexes. La transformation chimique de polluants gazeux interagissant entre eux peut ainsi donner naissance à des particules dites «secondaires». Il ne suffit plus de concentrer les actions sur les pics de pollution. C’est la pollution de fond qui est importante, c’est elle qui a l’impact le plus important sur notre santé. Une mesure efficace serait à mon sens d’interdire au plus vite les véhicules émetteurs de particules et de dioxyde d'azote dans nos centres-villes.

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