À la mairie FN de Mantes-la-Ville, les cadres quittent le navire

Six mois après les élections municipales, le maire FN doit faire face à une fuite de ses cadres municipaux. Ambiance "règlements de comptes" ?

Par Pauline Tissot

Le maire Front national de Mantes-la-Ville, Cyril Nauth, perd un à un les cadres de son équipe municipale.
Le maire Front national de Mantes-la-Ville, Cyril Nauth, perd un à un les cadres de son équipe municipale. © AFP

Temps de lecture : 4 min

Ils auraient tous voulu ne faire aucune vague, paraitre irréprochables, dans la ligne parfaite du parti qui veut dédiaboliser son image et surtout montrer qu'il peut gouverner. C'est raté. À Hayange, en Moselle, le maire Front national élu en mars dernier est accusé d'irrégularités pendant sa campagne électorale et est critiqué pour avoir ordonné de repeindre en bleu une oeuvre d'art municipale, sans l'accord préalable de l'artiste. Premier couac pour la présidente du FN Marine Le Pen, qui minimise l'incident. Mais ce n'est pas tout. À Mantes-la-Ville, dans les Yvelines, les départs se multiplient parmi le personnel de la mairie. En seulement six mois de mandature de Cyril Nauth, ce sont une quinzaine de personnes (sur 20 environ) qui auraient quitté leurs fonctions.

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Pourquoi ces départs ? Difficile de le savoir. Les uns invoquent la discrétion : "Vous savez, cette personne vit encore à Mantes-la-Ville, elle a deux enfants encore scolarisés et souhaite retrouver un travail, sans avoir de difficultés avec des propos publiés dans la presse", témoigne Joëlle Sallaberry, ancienne directrice de cabinet et pièce maîtresse de la précédente équipe municipale dirigée par la socialiste Monique Brochot, battue aux dernières élections. Les autres prétextent des "opportunités professionnelles". L'un deux, aujourd'hui installé très loin de Mantes-la-Ville, confie tout de même : "Je pensais déjà partir avant les élections. L'arrivée de la nouvelle équipe m'a simplement conforté dans mon idée, et m'a facilité la tâche. Je n'ai pas eu de regrets et je n'en ai toujours pas."

"Je ne chasse ni ne retiens personne"

Et puis il y a ceux qui s'expriment, de façon anonyme, du fait de leur devoir de réserve. "Rien n'a encore été mis en oeuvre à Mantes-la-Ville, raconte l'un d'eux, qui doit bientôt quitter ses fonctions. Mais je pars, car je pense que les idées du Front national n'ont pas leur place dans la structure que je dirige. Quand, dans une réunion publique, Cyril Nauth nous explique, programme à la main, qu'il compte appliquer à Mantes-la-Ville la politique de Marine Le Pen, et notamment le principe de la préférence nationale, je ne pense pas que cela peut fonctionner. Et si le maire veut me remplacer, il ne fait aucun doute qu'il recrutera quelqu'un de son bord."

"C'est un procès d'intention que me fait cette personne, répond le maire. Aucune décision majeure n'a été prise à Mantes-la-Ville, donc je ne comprends pas ces propos. Mais ce départ ne me chagrine pas. Cette personne a bien fait de partir si elle se sentait mal. J'ai clairement dit au début de mon mandat que je ne chassais personne, mais que je ne retenais personne non plus." L'ancienne maire socialiste Monique Brochot a quant à elle sa propre analyse de la situation : "Aujourd'hui, à la mairie de Mantes-la-Ville, chacun règle ses comptes." Ambiance.

"Grave hémorragie"

Pour Joëlle Sallaberry, "c'est une grave hémorragie qui a lieu en ce moment à la mairie". "Et je comprends la fuite des cadres municipaux. Car quand le maire dit au début de l'été qu'il ne part pas en vacances parce qu'il ne fait pas confiance à son personnel, c'est grave !" L'ancienne collaboratrice de Monique Brochot s'indigne aussi de la non-reconduction de certains petits contrats de jeunes : "Le maire a décidé en cette rentrée de ne pas renouveler les CDD des centres de vie sociale, au motif qu'ils ne sont pas de son bord... Ces personnes sont pourtant essentielles à la vie des quartiers !"

L'autre dossier sensible à la mairie de Mantes-la-Ville, c'est la politique sociale voulue par Cyril Nauth, et plus particulièrement la question de ces centres de vie sociale (CVS). "Le maire veut absolument réduire les coûts partout, insiste un employé de la ville. Et, concernant les CVS, il a demandé aux caisses d'allocations familiales (CAF) s'il était possible de n'avoir plus qu'un seul directeur pour les trois centres... Or, les financements de la Caf destinés aux CVS sont conditionnés au fait qu'il y ait un directeur par centre. Réduire le personnel des CVS, c'est la mort assurée de ces centres !"

"Rien n'est encore décidé au sujet de ces structures, réplique Cyril Nauth. Mais, de toute façon, les CVS, ce n'est pas notre truc au Front national. Même le titre de centre de vie sociale a une connotation trop socialiste, voire soviétique. Pourquoi ne pas les appeler centre de loisirs plutôt ? De plus, je trouve que trois CVS pour 20 000 habitants à Mantes-la-Ville, c'est beaucoup et trop coûteux. Je réfléchis donc à transformer un de ces centres en structure d'accueil uniquement pour les enfants et les tout-petits."

"Affaires courantes"

Le dernier argument des cadres pour expliquer leur départ réside dans le "manque criant de projets et de vision à long terme". "Le maire est un pragmatique, il est prudent et modéré, raconte un employé encore en poste. Il ne veut pas lancer de grands projets parce que, d'une part, une grande partie de son équipe connaît très mal ses dossiers et, d'autre part, parce qu'il ne veut pas attirer les médias et polémiquer. Il gère les affaires courantes, comme on dit." Et l'affaire la plus urgente que Cyril Nauth a à gérer aujourd'hui, c'est de reconstruire autour de lui une équipe municipale actuellement décimée.

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Commentaires (214)

  • jeanlg75

    Quoi ! J'attendais du lourd, du très lourd sur Mante-La-Ville ! Effectivement on apprend qu'il existe des "oeuvres d'art municipales" Mais on ne sait pas ce qui la distingue d'une oeuvre d'art tout court. Et le départ des employés municipaux trop encarté PS qui peuvent employer leur responsabilité pour "saboter" le fonctionnement de la Mairie, on a déjà vu ça ailleurs.

    Ouf, je respire !
    Je m'attendais à un article de fond sur les attitudes délictueuses d'un Maire, comme par exemple l'ex l'ex-maire socialiste de Henin-Beaumont et sur sa condamnation à 4 ans de prison dont 3 ferme, cinq ans d'inéligibilité et 50 000 euros d'amende pour détournements de fond public ! Comme l'aurait vulgairement un simple journalistes de "Libé", du "Nouvel Obs" ou "Le monde" en hurlant avec les loups du FN...

    Vous êtes une bonne journaliste vous n'avez pas hurler avec les loups, avec "votre" Mante-la -ville c'est du lourd, du très lourd !

  • Frances16

    Parce-que le FN a une vision différente du pouvoir ! C'est d'ailleurs pour cela qu'ils occupent la place ! Et dans les mairies UMPS IL NE SE PASSE RIEN?

  • RYME

    La pléthore de personnel... Comme dans la plupart des mairies de gauche... A probablement empêché de nombreux personnel a justifier d'un travail... Utile et nécessaire...
    Il est peut être indispensable de "faire le ménage"... Si c'est le cas, il n'y a rien à redire... ! C'est même à encourager... !