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Trois traitements expérimentaux contre Ebola autorisés en France

L’infirmière de MSF contaminée par le virus Ebola au Liberia et rapatriée à Paris va pouvoir bénéficier de ces médicaments.

Par  (avec AFP)

Publié le 19 septembre 2014 à 18h13, modifié le 19 août 2019 à 14h44

Temps de Lecture 3 min.

A Monrovia, une équipe médicale portant le corps d'un enfant victime du virus Ebola.

La France a exceptionnellement autorisé le recours à trois médicaments expérimentaux étrangers susceptibles de guérir Ebola. Une opportunité dont pourrait bénéficier l’infirmière française de Médecins sans frontières (MSF) contaminée par le virus au Liberia, prise en charge à l'hôpital militaire de Bégin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne).

Lire aussi : Quel dispositif pour prendre en charge la Française infectée par Ebola ?

Un arrêté publié par le ministère de la santé, vendredi 14 septembre, précise que peuvent être importés et utilisés le Favipiravir (Japon), le ZMapp (Etats-Unis) et le TKM-100-802 (Canada). Ce texte indique que « ces médicaments pourront être utilisés lors d’une évacuation sanitaire de ressortissants dont l’Etat Français à la charge », « dans les établissements de santé de référence (ESR) et dans les hôpitaux d'instruction des armées (HIA) ».

Le choix de ces trois produits, qui font partie des médicaments expérimentaux retenus par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pouvant être utilisés sous certaines conditions, résulte en France d'une concertation scientifique.

  • ZMapp

Ce sérum est un cocktail de trois anticorps « monoclonaux », c'est-à-dire de molécules dirigées spécifiquement contre une autre molécule et permettant sa destruction par le système immunitaire. C’est l’un des produits les plus prometteurs.

Il a été mis au point par la société de biotechnologie Mapp Biopharmaceutical, basée à San Diego (Californie), et financé par le gouvernement et l’armée américains en collaboration avec les autorités sanitaires canadiennes. Ce traitement a démontré son intérêt en termes de mortalité lorsqu’il est administré par voie veineuse chez le primate non humain jusqu’à cinq jours après l’infection.

Après ces tests encourageants chez le singe, le ZMapp fait l’objet depuis le 2 septembre d’un essai clinique de phase I. Ce traitement a également été administré début août à titre compassionnel, notamment à deux humanitaires américains infectés, qui ont survécu. Un prêtre espagnol de 75 ans et un médecin libérien qui avaient également reçu ce médicament n’ont en revanche par survécu. 

L’essai clinique en cours inclut actuellement dix volontaires sains américains ayant reçu une injection au tout début du mois de septembre, auxquels devraient s’ajouter très prochainement soixante autres volontaires britanniques. Jusque-là, aucune réaction indésirable n’a été constatée chez les sujets « traités », comme l’a rapporté mardi 16 septembre Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) aux Etats-Unis, devant une commission du Sénat américain qui examinait la demande du président Barak Obama de débloquer 88 millions de dollars (68,5 millions d’euros) supplémentaires pour la lutte contre Ebola (dont 58 millions devant être directement alloués à la recherche). Des résultats plus complets, concernant notamment la capacité du produit à conférer une protection efficace contre le virus, seront connus avant la fin de l’année, a-t-il précisé.

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L’OMS avait pour sa part indiqué récemment que si les premiers éléments étaient concluants, le ZMapp pourrait être administré prioritairement aux personnels soignants qui actuellement prennent en charge les patients en Afrique de l’Ouest.

Pour l'instant, Mapp Biopharmaceutical indique disposer de très petites quantités de ZMapp : « Il ne reste actuellement que quelques doses disponibles, confirme au Monde le professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l'Institut de microbiologie et des maladies infectieuses (IMMI). Néanmoins, une cinquantaine de nouvelles doses sont en train d'être fabriquées et seront disponibles début décembre.»

  • TKM-110-802

Le TKM-110-802 est dérivé du TKM-Ebola dont il utilise le même procédé tout en étant plus efficace.

Il est développé par la société canadienne Tekmira Pharmaceuticals, qui a bénéficié d'un contrat de 140 millions de dollars du département américain de la défense. Cette société est spécialisée dans la fabrication de petites molécules thérapeutiques, dites « ARN interférents », contre diverses maladies. Pour Ebola, la molécule placée dans des nanoparticules lipidiques bloque à la fois une protéine d'enveloppe du virus et une enzyme (polymérase) nécessaire à sa multiplication.

Quelques données préliminaires existent chez l'animal, mais aucune chez l'homme. Ce médicament avait été arrêté en raison de sa toxicité par la Food and Drug Administration (FDA) américaine, qui l'a ensuite relancé.

Selon le professeur Jean-François Delfraissy, une quarantaine de doses sont actuellement disponibles.

  • Favipiravir (T-705)

Le Favipiravir ou T-705 est un autre traitement expérimental qui présente l’avantage d’avoir été homologué en mars au Japon en tant qu’antiviral contre la grippe. Il est actuellement en phase de tests cliniques aux Etats-Unis.

Il est commercialisé sous le nom « Avigan » par la filiale Toyama Chemical, filiale de FujiFilm Holdings. Son administration sous forme de comprimés pourrait faciliter le traitement dans des zones aux infrastructures médicales limitées.

Selon le professeur Delfraissy, « un essai est prévu en Guinée », pour lequel des doses supérieures à celles prescrites pour la grippe seront utilisées. « C’est le seul traitement à être disponible en quantité importante avec plus de 30 000 comprimés», souligne-t-il. Toyama Chemical dit avoir d’ores et déjà reçu des demandes de l’étranger.

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