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AlbanieA Tirana, le pape rejette la violence au nom de Dieu

Le pape François a choisi l'Albanie pour son premier voyage en Europe. (21 septembre 2014)

Le pape François a fustigé ce dimanche 21 septembre, lors de son périple en Albanie, l'utilisation de Dieu comme «bouclier» par les mouvements fondamentalistes religieux. Ses propos ont un écho particulier dans le contexte actuel de violence au Moyen-Orient et en Afrique. Plus de 250'000 Albanais ont réservé un accueil fervent au Saint Père.

«Que personne ne pense pouvoir se faire de Dieu un bouclier lorsqu'il projette et accomplit des actes de violence et de mépris ! Que personne ne prenne prétexte de la religion pour accomplir ses propres actions contraires à la dignité de l'homme et à ses droits fondamentaux», a lancé François devant les dirigeants albanais.

En effet, a-t-il noté, le sens religieux authentique est «trahi par des groupes extrémistes», qui «déforment et instrumentalisent les différences entre les diverses confessions» et en font «un facteur périlleux d'affrontement et de violence».

Toutes les religions étaient concernées par son avertissement mais nul doute que le pape pensait aux exactions des djihadistes de l'organisation de l'Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, et celles de Boko Haram au Nigeria.

Selon lui, une «guerre mondiale, par morceaux» est en cours, en raison des livraisons d'armes alimentant les groupes violents.

Sous haute surveillance

Le pape a reçu l'accueil de plus de 250'000 personnes sur le grand boulevard de Tirana et sur la place Mère Teresa où il a célébré la messe sous une pluie légère. Plus de 10'000 d'entre elles étaient venues de la région, dont quelque 3000 du Kosovo voisin.

Dans sa Jeep découverte, le long du boulevard orné de photos de martyrs chrétiens du communisme, le Saint Père s'est arrêté plusieurs fois pour serrer des mains et prendre des enfants dans ses bras. A la fin de la messe, il a cheminé un moment à pied dans la foule.

Les mesures de sécurité avaient été rehaussées, par crainte d'hypothétiques menaces que ferait courir au pape la mouvance djihadiste, en Europe, avec notamment 2500 policiers et des tireurs d'élite sur les immeubles. Tous les participants à la messe ont été fouillés. Mais le Vatican a réaffirmé dimanche après-midi qu'il n'y avait «pas de problème de sécurité particulier» à signaler.

Esprit oecuménique

Devant le président Bujar Nishani, un musulman, François a fait un éloge appuyé de l'attitude des responsables politiques et religieux albanais. «Le climat de respect et de confiance réciproque, entre catholiques, orthodoxes et musulmans, est un bien précieux pour le pays et acquiert une signification spéciale dans notre époque. Puisse l'Albanie poursuivre sans cesse sur cette route, devenant pour de nombreux pays un modèle», a déclaré le pape.

Lors de la prière de l'Angelus, il s'est adressé aux jeunes alors que la société albanaise connaît des mutations: «dites non à l'idolâtrie de l'argent, à la fausse liberté individuelle, aux dépendances».

Appel à l'unité

François a rendu hommage à une Église albanaise en plein essor après une terrible dictature marxiste, précédée de cinq siècles de domination ottomane. «En repensant à ces décennies d'atroces souffrances et de très dures persécutions contre les catholiques, les orthodoxes et les musulmans», le pape a exalté l'unité des Albanais.

Après la 2e Guerre mondiale, sous la dictature communiste d'Ever Hoxha, 1820 églises (orthodoxes et catholiques) ont été détruites. Entre 1945 et 1985, sept évêques, 111 prêtres, 10 séminaristes et huit religieuses sont morts en détention ou ont été exécutés.

En Albanie, l'islam est majoritaire (56%) et les catholiques représentent 15% de la population, soit plus que les orthodoxes (11%).

Durant son marathon de onze heures, François devait encore déjeuner avec les évêques, saluer les chefs des religions et réunir les forces vives du catholicisme. La journée de dimanche devait s'achever dans un centre social à 20 km de Tirana, «Béthanie», où il devait rencontrer des orphelins et des handicapés.

AFP/smk