Le Brésil divise par deux sa prévision de croissance pour 2014
Le gouvernement brésilien a nettement abaissé sa prévision de croissance pour 2014, à 0,9% contre 1,8% précédemment, indique mardi le ministère du Plan, alors que le pays est techniquement en récession. Moody’s pourrait baisser la note du Brésil.
A quelques semaines des élections présidentielles, nouveau coup de blues pour l’économie brésilienne. Le gouvernement brésilien a en effet divisé par deux sa prévision de croissance pour 2014, à 0,9% contre 1,8% précédemment, a indiqué le ministère du Plan dans un rapport, alors que le pays est techniquement en récession.
Le gouvernement de Dilma Roussef avait déjà revu sa prévision à la baisse en juillet, à 1,8% contre 2,5% auparavant. Le marché est plus pessimiste encore : il mise sur une croissance de 0,3% cette année, contre 0,7% précédemment, selon un rapport hebdomadaire de la Banque centrale brésilienne publié lundi.
Sous la présidence de , la croissance de la septième économie mondiale a ralenti à une moyenne de moins de 2% par an : après une hausse de 7,5% en 2010, le PIB a en effet affiché un taux de 2,7% en 2011, de 1% en 2012 et de 2,5% en 2013. Le pays est même entré en récession au premier semestre 2014, le PIB s’étant contracté deux trimestres consécutifs (de 0,6% au deuxième trimestre par rapport au premier, et de 0,2% au premier par rapport au dernier de 2013), selon des chiffres de l’Institut étatique de Géographie et de Statistiques (IBGE) publiés en août.
Parallèlement, le ministère du Plan a confirmé une prévision d’inflation à 6,2% pour l’année 2014. A 6,5% en août sur douze mois, la hausse des prix a franchi en août le plafond de 6,5% fixé par les autorités.
Le spectre du déclassement
Dans ces conditions ( ralentissement du PIB, forte inflation, dérapage des dépenses publiques, creusement du déficit budgétaire), l’agence de notation Moody’s a fait savoir mardi qu’elle pourrait abaisser la note du Brésil dans les deux années à venir si la croissance économique ralentissait. Une mauvaise nouvelle pour le futur vainqueur de l’élection présidentielle qui aura lieu le 5 octobre.
Moody’s a ramené la perspective de la note Baa2 du Brésil de stable à négative et ajouté qu’un déclassement était envisageable si le prochain gouvernement ne resserrait pas les cordons de la Bourse et que la croissance se maintenait dans une fourchette basse de 1% à 2%.
Pour bon nombre d’analystes, un déclassement apparaît néluctable. « Le déclassement interviendra au début de l’an prochain », prédit Marcos Casarin, économiste d’Oxford Economics à Londres cité par Reuters. « La situation budgétaire ne s’améliorera pas jusqu’au premier trimestre de l’année prochaine et pourrait même s’aggraver lorsqu’on réalisera à quel point ce trou (budgétaire) est profond ». Standard & Poor’s, elle, a déjà abaissé la note du Brésil à BBB-, au point que celle-ci n’est plus très éloignée de la catégorie spéculative.
JEAN-MICHEL GRADT