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Chine/Torture

La Chine, sinistre championne du commerce de la torture

De plus en plus d’entreprises chinoises tirent profit du commerce des instruments de torture et de répression. Elles sont 130 dans ce cas, contre 28 il y a dix ans. C’est un rapport que publie Amnesty International qui révèle que ces entreprises en plein essor commercialisent ouvertement des dispositifs « intrinsèquement cruels et inhumains ».

Des menottes de chevilles lestées fabriquées en Chine et utilisées lors de séances de torture.
Des menottes de chevilles lestées fabriquées en Chine et utilisées lors de séances de torture. Amnesty/© Robin Ballantyne
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Les 130 entreprises mentionnées dans le rapport d’Amnesty International sont pour la plupart publiques. Le matériel qu’elles vendent en Chine et qu’elles exportent, comporte des matraques incapacitantes à impulsions électriques, d’autres à pointes, des menottes pour chevilles à chaîne lestée… Tous ces articles sont mis au point spécifiquement, précise le rapport, pour pratiquer des actes de torture qui peuvent causer des douleurs considérables. 

Le funeste Bengbao popcorn

Le rapport, qui est le résultat d’une enquête menée par Amnesty avec la Fondation de recherche Omega, est ponctué de témoignages comme celui de cette Chinoise qui s’est confiée aux ONG. « Ils [les policiers] ont utilisé une matraque électrique sur mon visage. Les policiers surnomment cette torturebengbao popcorn’ car votre visage se fend et ressemble à du maïs éclaté. L’odeur était horrible ; c’était celle de la chair brûlée ».

Ce commerce d’un genre particulier est bien prospère si on en croit Amnesty qui relève que de 28 entreprises en 2004, le secteur est passé à 130 aujourd’hui. Et tout cela se passe au vu et au su de tous ; sept entreprises font ainsi ouvertement de la publicité pour exporter ces instruments inhumains, comme les matraques à pointes munies d’aspérités métalliques sur toute la longueur et à l’extrémité, une « exclusivité » chinoise.

« Les recherches menées ont montré que 29 entreprises chinoises impliquées dans ces exportations faisaient de la publicité pour des matraques incapacitantes à impulsions électriques, cruelles par nature. Ces dispositifs, peut-on lire dans le rapport intitulé "Le commerce chinois des instruments de torture et de répression", permettent aux agents des forces de sécurité d'infliger facilement à la main des décharges multiples extrêmement douloureuses sur des zones sensibles du corps telles que les parties génitales, la gorge, l'aine ou les oreilles sans laisser de traces physiques durables ».

Les bons clients africains
 

Exemple d'un instrument inhumain, la matraque à pointes munie d’aspérités métalliques sur toute la longueur et à l’extrémité, une «exclusivité» chinoise..
Exemple d'un instrument inhumain, la matraque à pointes munie d’aspérités métalliques sur toute la longueur et à l’extrémité, une «exclusivité» chinoise.. Amnesty/© Robin Ballantyne

Apparemment, les clients se pressent auprès des fabricants. Amnesty cite une société, China Xingxing Import / Export Corporation, adepte de la publicité des poucettes, des chaises d’immobilisation et des matraques et pistolets incapacitants à impulsions électriques, qui indiquait en 2012 « avoir des relations avec plus de 40 pays africains et pour qui ces échanges représentaient plus de 100 millions de dollars ». Amnesty et Omega ont pu recueillir des éléments « montrant que des matraques à impulsions électriques vraisemblablement fabriquées en Chine équipent des policiers au Ghana, au Sénégal, en Egypte et à Madagascar ».

Le rapport cite également des cas d’exportations de matériels vers des pays où il existe un risque réel qu’ils soient utilisés en violation aux droits de l’homme. Le cas de l’Ouganda est souligné par l’ONG qui rapporte une livraison massive d’équipements « antiémeutes » chinois en février 2011, « malgré des accusations de torture et d’autres mauvais traitements portées à l’encontre de la police dans ce pays ». Deux mois après l’arrivée du matériel, Amnesty souligne que des blindés chinois ont été employés pour réprimer des émeutes contre la hausse du coût de la vie au cours desquelles « au moins 9 personnes ont été abattues, plus de 100 blessées et 600 arrêtées ».  

La République démocratique du Congo a également utilisé du matériel antiémeute chinois pour réprimer l’opposition lors des élections de 2011, des « violences qui ont fait au moins 33 morts et 83 blessés ». De toute évidence, insiste le rapport, la Chine ne se montre pas très rigoureuse dans le contrôle des exportations du matériel destiné au maintien de l’ordre. Mais, poursuit Amnesty, elle n’est pas la seule : « Le commerce mondial de ces équipements n’est guère contrôlé et, même les pays dotés d’une réglementation plus élaborée, comme ceux de l’Union européenne ou les Etats-Unis, doivent encore l’améliorer et remédier aux failles à mesure que de nouveaux produits et technologies arrivent sur le marché ».

Devant l’essor du commerce international des instruments de torture et de répression par la Chine, Amnesty et Omega exhortent les autorités chinoises et celles de tous les autres pays à en interdire immédiatement la production et le commerce. Les deux ONG demandent notamment de mettre fin à toutes les formes de torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants, ainsi qu'à l'usage de la force arbitraire, et enquêter sur toutes les allégations faisant état de tels actes afin de traduire en justice les responsables présumés.

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