Son élection comme nouveau chef du gouvernement indien n'effacera pas le passé sulfureux de Narendra Modi. Il vient même de se rappeler violemment à lui. Un tribunal de New York a ordonné au premier ministre indien de répondre aux accusations de « tentative de génocide » en relation avec les émeutes meurtrières anti-musulmans en 2002, a annoncé, vendredi 26 septembre, l'American Justice Center (AJC), à l'origine de l'assignation.
Ces poursuites interviennent au moment où M. Modi commence sa visite aux Etats-Unis, la première comme chef de gouvernement, notamment pour s'exprimer devant l'assemblée générale de l'ONU. M. Modi était chef de l'exécutif du Gujarat lors des émeutes qui ont fait en 2002 au moins 1 000 morts, essentiellement des musulmans, dans cet Etat de l'ouest de l'Inde. L'administration et la police avaient alors été critiquées pour ne pas être intervenues rapidement.
Narendra Modi a toujours nié avoir laissé faire ces violences et la justice ne l'a pas mis en cause, mais cet épisode a entaché sa carrière. En 2005, il s'était vu refuser un visa par les Etats-Unis en raison de ces émeutes.
« CE QUE JE PEUX DIRE EST QUE C'EST SANS PRÉCÉDENT »
Les avocats de l'AJC, qui se décrit comme une ONG visant à présenter à la justice les auteurs de violences de masse, ont annoncé avoir entamé des poursuites au civil contre M. Modi afin d'obtenir des dommages et intérêts pour ce qu'ils estiment être « une tentative de génocide ».
« Il est clair pour les plaignants que justice ne peut être rendue en Inde en raison de la tolérance envers cet acte génocidaire approuvé par l'Etat », écrivent l'ONG et des survivants, non désignés, de ces émeutes dans leur assignation.
Selon l'AJC, le tribunal a ordonné à M. Modi de répondre à ces accusations d'ici vingt et un jours. En vertu de la loi américaine, un tribunal peut décider de poursuites si le mis en cause ne répond pas en temps voulu. L'ONG accuse le chef de gouvernement de crimes contre l'humanité, de meurtres extra judiciaires, de tortures et traumatismes physique et psychique, essentiellement envers la communauté musulmane.
Le secrétaire général du Bharatiya Janata Party, le parti de M. Modi, a déclaré vendredi que cette assignation n'avait pas été formellement communiquée au parti. « Ce que je peux dire est que c'est sans précédent », a-t-il confié.
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