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Gaz : Kiev et Moscou esquissent un accord qui soulagerait l’Europe

Les ministres de l’énergie russe et ukrainien sont parvenus à trouver un "accord préliminaire" pour résoudre la crise gazière.

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Une vue de South Stream, le gazoduc géant en construction de Gazprom, qui fournira l'Union européenne

Par Anne Feitz

Publié le 27 sept. 2014 à 13:54

Un premier pas vers une résolution de la crise russo-ukrainienne sur le gaz a été franchi vendredi. Lors d’une réunion trilatérale à Berlin, en présence du commissaire européen à l’énergie sortant Günther Oettinger, les ministres de l’énergie russe et ukrainien sont parvenus à un « accord intérimaire » pour les six prochains mois. Selon cet accord, qui doit encore être approuvé par les deux gouvernements, l’Ukraine s’est engagée à payer 3,1 milliards de dollars en règlement de sa dette sur le gaz déjà livré, dont 2 milliards d’ici fin octobre et 1,1 milliard d’ici fin décembre.

En contrepartie, Gazprom livrera au moins 5 milliards de m3 de gaz cet hiver, au prix de 385 dollars les 1.000 m3. Soit, moins que les 485 dollars exigés par Gazprom au début des négociations, mais plus que les 268 dollars payés par Kiev avant la brusque augmentation de tarifs. « Eviter toute pénurie de gaz cet hiver est dans l’intérêt de toutes les parties. Sans accord sur un plan pour l’hiver, il a un risque de voir se répéter la crise de 2009 », a déclaré Günther Oettinger à Berlin vendredi. Une nouvelle réunion est prévue en fin de semaine prochaine pour entériner l’accord -même si certains doutent déjà de sa concrétisation, l'Ukraine soulignant samedi matin qu' "aucune décision définitive" n'avait encore été prise.

Le gaz russe ? 30 % de la consommation de l'UE

La résolution de la crise du gaz ukrainienne est pourtant cruciale pour l’Europe, car le Vieux Continent ne peut pas se passer du gaz russe. Celui-ci représente 30 % de la consommation des 28, dont la moitié transite par l’Ukraine. Gazprom a jusqu’à présent continué de servir ce gaz en transit, même s’il ne livre plus l’Ukraine depuis mi-juin. Mais le risque que Moscou cesse ces livraisons, ou que Kiev confisque illégalement le gaz qui traverse son territoire, est pris très au sérieux par les autorités européennes.

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Et ce, même si les pays européens ont pris leur précautions. « A quelques jours du début de la période de chauffe, les stockages de gaz en Europe sont quasiment pleins », note Emmanuel Fages, consultant chez Roland Berger. « Mais ils n’ont pas été dimensionnés de façon à se passer du gaz russe ». En outre, ce niveau élevé n’inclut pas la situation de l’Ukraine. « Dans ce pays les stockages ne sont remplis qu’à 53 %, contre 91% pour l’Europe des 28 », indique Thierry Bros, analyste à la Société Générale. « Or en cas de grand froid, on a besoin des stocks ukrainiens pour alimenter l’Europe ».

Tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne

Selon la plupart des experts, l’Europe est aujourd’hui globalement bien armée pour résister à une crise limitée dans le temps, se déroulant dans des conditions météo « normales . « Les stockages, ainsi que les capacités de production, de transport, et d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) sont suffisantes pour absorber les volumes manquants », indique Emmanuel Fages. Mais tous les pays ne seraient pas logés à la même enseigne. « Les gazoducs existants dans le sens « ouest-est » ne permettraient pas de desservir les Balkans et les pays Baltes», poursuit-il. « En outre, s’il existe un règlement européen de 2010 organisant la coopération gazière en temps de crise, il n’a jamais été testé en pratique en cas de délestage d'un grand nombre de pays européens ».

Par contre, la Commission Européenne estimait dans un rapport paru en juin dernier que seuls le sud de la France, l’Espagne et le Portugal pourraient éviter des ruptures d’approvisionnement en cas d’interruption un jour de grand froid, -sans toutefois être épargnés par les hausses de prix. Les pays les plus affectés seraient la Bulgarie (qui dépend à 100% du gaz russe), la Roumanie, la Hongrie et la Grèce. La Finlande, la Pologne, la République Tchèque, ou encore les pays Baltes sont aussi susceptibles de souffrir. La Commission européenne note aussi que la météo peut perturber les livraisons de GNL : en février 2012, les mauvaises conditions de mer ont affecté les terminaux d’importations d’Italie et du Sud de la France.

Les autorités européennes ont commencé à travailler sur des plans de secours (interdire les réexportations de GNL, limiter la consommation des industriels, etc). Mais la meilleure solution serait, sans nul doute, de parvenir à une résolution du conflit gazier entre Kiev et Moscou.

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