Le pape François en croisade contre le clergé pédophile

L'arrestation, au Vatican, de l'archevêque polonais Józef Wesolowski, accusé de pédophilie, est un tournant dans l'attitude de l'Église.

De notre correspondant à Rome,

Le pape François a décidé de briser l'omerta sur les prêtres pédophiles dans l'Église et de les faire arrêter pour qu'ils soient finalement jugés.
Le pape François a décidé de briser l'omerta sur les prêtres pédophiles dans l'Église et de les faire arrêter pour qu'ils soient finalement jugés. © POOL / AFP PHOTO

Temps de lecture : 3 min

Josef Welosowski, ici en 1998 en République Dominicaine ©  ERIKA SANTELICES / AFP
Josef Welosowski, ici en 1998 en République Dominicaine © ERIKA SANTELICES / AFP
Accusé de pédophilie, l'archevêque polonais Józef Wesolowski a été arrêté mardi soir par la gendarmerie vaticane. Cette initiative, "voulue et décidée par le pape François", a précisé le porte-parole de la salle de presse du Vatican, le père Federico Lombardi, est une première dans l'histoire de l'Église. C'est en effet la première fois qu'un prélat est arrêté dans l'enceinte de l'État du Vatican.

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Les accusations de pédophilie contre Józef Wesolowski, qui a été assigné à résidence pour des raisons de santé, ne sont pas nouvelles. L'archevêque polonais, aujourd'hui âgé de 66 ans, appartenait aux services diplomatiques du Saint-Siège et fut en poste dans de nombreux pays. C'est à Saint-Domingue, où il était nonce apostolique de 2008 à 2013, qu'il aurait, selon de nombreux témoignages, eu des rapports sexuels avec de jeunes garçons rencontrés sur une plage. Monseigneur Wesolowski fut rapatrié au Vatican en 2013. La Congrégation de la foi a instruit un procès canonique et, en juin 2014, l'archevêque a été réduit à l'état laïque - un renoncement au sacerdoce, qui constitue la peine maximale pour un prélat. Décision dont il a fait appel.

Boîte de Pandore

Mais le scandale était devenu trop international pour en rester là. En mai dernier, l'Agence des Nations unies contre la torture a demandé l'ouverture d'une enquête sur Mgr Wesolowski. Il y a deux semaines, le New York Times s'est indigné du témoignage d'un évêque de Saint-Domingue qui avait rencontré le prélat polonais en train de se promener en toute tranquillité dans les rues de la ville éternelle. Une mauvaise publicité qui a sans nul doute accéléré l'ouverture d'un procès pénal par le Saint-Siège.

Reste que la décision de pape François marque un nouveau tournant dans l'attitude de l'Église à l'égard des prêtres pédophiles. Jean-Paul II porte la responsabilité d'avoir systématiquement enterré toutes les enquêtes. Le pape polonais, qui se voyait comme un rempart contre le communisme, ne voulait pas affaiblir l'Église en ouvrant la boîte de Pandore. Il protégea ainsi jusqu'à sa mort le père Marcial Maciel Degollado, fondateur des légionnaires du Christ, coupable d'inceste sur ses propres enfants.

"La saleté", "une lèpre"

Avant même d'être élu pape, Joseph Ratzinger, lui, brisa l'omerta en dénonçant en 2005, lors du chemin de croix, "la saleté dans l'Église". Devenu évêque de Rome, Benoît XVI a réduit à l'état laïque 400 prêtres pédophiles. Mais, en position de faiblesse face à une curie récalcitrante, le pape allemand n'a pas eu la force d'ouvrir un procès contre Marcial Maciel Degollado. Et il n'a pas obligé les évêques à dénoncer aux autorités civiles de leur pays les prêtres coupables d'abus sur des enfants.

Le pape François a lui aussi dénoncé la plaie de la pédophilie dans le clergé, et a demandé le 7 juillet dernier pardon aux victimes au nom de l'Église. Il a pris acte que la hiérarchie était directement impliquée : "La pédophilie est une lèpre présente dans l'Église et qui a contaminé des évêques et des cardinaux." Il a également condamné l'omerta des responsables qui ont couvert les abus : "Tous les évêques doivent exercer leur rôle de pasteur avec toute l'attention possible pour la protection des mineurs et ils doivent rendre compte de cette responsabilité."

Au-delà des mots, c'est en faisant arrêter Mgr Wesolowski à quelques mètres de la basilique Saint-Pierre que François a démontré que rien ne serait désormais comme avant pour les prêtres pédophiles.

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Commentaires (18)

  • metallica

    Benoît XVI voulait déjà dénoncer certains de ses collègues et cette pratique honteuse. Il n'était pas apprécié dans son milieu.
    Le Pape Jean-Paul II, homme d'Eglise que j'appréciais, était au courant de la pédophilie dans ses troupes et n'a rien fait contre. Aussi, ce jour, je regrette d'avoir tant aimé cette personne.
    le Pape François me semble un homme bien et juste. Je l'ai apprécié dès le début.

  • Lisa Claire

    Il faut protéger les principes de notre civilisation pipodeparis !

    Il a été conclu en sciences sociales que les préceptes évangéliques, laïcisés par les gouvernements, ont permis l'essor de l'Occident, alors qu'inversement les préceptes islamiques pèsent sur le développement des pays où ils sont appliqués : Aucun pays musulman même très riche et en paix, ne se situe en tête du classement de l'indice de développement humain.
    Ne pas défendre les bases de notre culture ouvre la porte à une théocratie archaïque.

    Née en 610 après JC, les préceptes de cette idéologie sont profondément régressifs. Lire le traitement accordé à la femme adultère dans l'Evangile et le Coran, par exemple, est hautement significatif. "Que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre" dit le premier, et le second : "Que la compassion ne vous entrave pas"...

    Quant à l'attitude de Jésus envers les femmes, elle est si inhabituelle, si surprenante que les disciples s'en étonnent : "Comment, se disaient-ils, peut-il parler avec une femme ? "

    En effet, d'abord, contrairement aux interdictions rituelles Jésus adresse la parole aux femmes. Il les considère ainsi comme des personnes à part entière. Il leur confère égalité et dignité. Plus extraordinaire encore, les interlocutrices de Jésus sont fréquemment des étrangères, telle la "grecque d'origine syro-phénicienne" dont il guérit la fille. Et surtout, la Samaritaine.

    Younus Shaikh met en lumière qu'avant l'avènement de l'islam, les femmes arabes bénéficiaient d'un statut respectable dans la société. Il soutient que "Les instruments de la haine contre les femmes de l'empire islamique, les mollahs et les califes, ont conduit à la dégradation de la condition des femmes sous le rigide et sordide code légal islamique de la charia, le dernier sceau de la sujétion complète de l'élément féminin. L'histoire moderne de l'islam est simplement une perpétuation du médiévalisme tribal islamique. ".

  • Chouk

    Pourquoi on parle du "Saint Siège. "
    Ca n'a pourtant aucun rapport avec le bain de siège !
    Si nos prélats ne peuvent plus se prélasser que va-t-il leur rester, eux qui ont déjà du renoncer aux délices de l'inquisition ?
    Même l'amour de la vierge relève de la correctionnelle !