Publicité

D'anciens retraités de PSA attendent toujours leur indemnité

Des ouvriers PSA sur le site de Poissy. THOMAS SAMSON/AFP

Près de 500 anciens employés de PSA, qui contestent le montant de la prime qui leur a été versée au moment de leur départ à la retraite, attendent encore un geste du constructeur. En pleine «affaire Varin», la lenteur du groupe révolte leur avocat.

«Révoltant, écœurant.» C'est ainsi qu'Abdelaziz Mimoun, spécialiste du droit du travail et de la sécurité sociale à Versailles, qualifie la retraite-chapeau que PSA prévoit de verser à son dirigeant Philippe Varin. Cet avocat ne comprend pas que le constructeur puisse provisionner 21 millions d'euros pour le dirigeant alors que lui se bat depuis plusieurs années pour obtenir une revalorisation de la prime de départ à la retraite de salariés partis en 2008 avec le mauvais montant.

L'affaire traîne depuis 2010, date à laquelle l'un d'entre eux, qui avait passé 40 ans chez PSA, s'étonnait de n'avoir touché que 10.000 euros au moment de son départ. Abdelaziz Mimoun se saisit du dossier et découvre une erreur de calcul de la part du groupe: PSA avait ignoré un changement dans le Code du travail concernant l'indemnité légale de départ à la retraite qui aurait dû aboutir à des indemnités plus élevées. Après avoir obtenu réparation pour ce retraité, l'avocat s'attend à voir PSA indemniser les 3000 autres concernés, pour la plupart d'anciens ouvriers à la chaîne. Le constructeur leur doit en moyenne 13.000 euros à chacun. Mais rien ne vient. Il engage alors des procédures en justice.

«Jusqu'à aujourd'hui, il y a 800 procédures. De 200 à 300 salariés ont obtenu des indemnités allant de 8000 à 20.000 euros. Mais une trentaine ont été déboutés. Les autres, qui ont aussi lancé une procédure en dommages et intérêts pour mise à la retraite non conforme, doivent attendre le verdict d'une audience en mars prochain», explique l'avocat, qui déplore la lenteur du groupe. «Le constructeur reconnaît l'erreur mais affirme que PSA est comme un tanker: cela prend du temps pour lui faire faire demi-tour… D'où la réaction très lente. Cela dure depuis des années», s'insurge Abdelaziz Mimoun. «Aujourd'hui, on apprend que ce groupe compte verser 21 millions d'euros à son dirigeant mais qu'il rechigne à verser leur dû à ces salariés qui ont donné leur vie et sacrifié leur santé pour le groupe. Leur position n'est pas loyale. C'est totalement déplacé, indécent», lance-t-il.

Abdelaziz Mimoun refuse de croire à une erreur de la part de PSA, comme ce dernier l'affirme. «Je ne peux pas croire que les services juridiques d'un tel groupe aient pu omettre un changement dans le Code du travail», affirme-t-il. Interrogé par LeFigaro l'an dernier, PSA affirmait devoir faire face à «une législation complexe». Preuve de sa bonne foi, le groupe assurait avoir provisionné 40 millions d'euros pour cette affaire. «Mais sur cette somme, ils feront de toute façon une belle économie. Car, avec la réforme de la prescription civile de juin 2008, beaucoup de salariés en droit de réclamer des indemnités ne pourront plus le faire. C'est aussi trop tard pour tous ceux qui sont décédés», tranche Abdelaziz Mimoun.

D'anciens retraités de PSA attendent toujours leur indemnité

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
4 commentaires
  • Phil Ozoff

    le

    De tout cœur avec ces salariés ; dommage qu'ils n'aient pas un peu plus de soutien. Dans les autres articles du Figaro sur PSA, les soutiens à la retraite chapeau de Varin se comptent par centaines. Ils sont convaincus que c'est mérité qu'ils vont lui reprocher d'avoir annoncé qu'il y renonçait. Croire en la justice sociale, ça devient un sacerdoce !

À lire aussi