Le Maroc inaugure son premier musée d'art contemporain

Les architectes ont-ils manqué d'audace ? Si l'intérieur de l'édifice au sol de marbre blanc, aux belles proportions, inondé de lumière par une large verrière, se veut avec bonheur résolument contemporain, l'architecture du bâtiment est, elle, hispano-mauresque. Édifié dans le centre-ville de Rabat, troisième angle d'un triangle formé par le Parlement et la salle de concert, le musée Mohammed VI d'art moderne et d'art contemporain semblerait là depuis plusieurs décennies s'il n'était pas d'une blancheur aussi éclatante. Seule touche de modernité : les immenses reproductions de toiles qui explosent de couleurs sous la galerie à colonnades qui le longe sur ses quatre façades. Une excellente idée.

Le musée de Rabat devrait être suivi d'autres musées

Ce premier musée d'art contemporain ne devrait pas être le seul dans le royaume. La toute récente Fondation nationale des musées du Maroc, autonome et dépendant directement du palais, devrait moins être sujette aux tracasseries administratives, rêve déjà de construire un musée dans chaque grande ville. À sa tête : Mehdi Qotbi, peintre talentueux et ancien lobbyiste du royaume à Paris. Un excellent choix si on veut que les projets aboutissent. Dans son viseur, Casablanca, où le choix d'un terrain pour le futur musée serait en bonne voie. Les discussions sont en cours avec les autorités de la ville. Mais il a fallu dix ans pour construire le musée de Rabat...

Les premières oeuvres exposées seront toutes marocaines

Reste le second volet du projet rabati : les oeuvres. Dans l'immédiat, dans ce pays sans musée d'art contemporain, Qotbi a fait appel à la générosité des particuliers et des grandes entreprises. Il faut dire que certaines ont créé des fondations et soutiennent les peintres marocains contemporains, déductions fiscales à la clé. Celles-ci vont donc lui prêter quelque 300 oeuvres. Pour sa première exposition intitulée "1914-2014. Cent ans de création", le musée de Rabat a choisi de n'exposer que des peintres marocains.

Le choix de la capitale pour ce premier musée n'est pas anodin. En mai dernier, Mohammed VI lançait un nouveau projet : "Rabat ville-lumière, capitale de la culture". Le musée se veut la première pierre d'un tourisme culturel qui permettrait de diversifier l'offre marocaine. Le royaume a décidé qu'il n'aurait pas que Marrakech, Fès, ses plages et ses randonnées dans l'Atlas... à offrir à ses visiteurs.