Dans le QG de Nicolas Sarkozy

En pleine tourmente Bygmalion, Sarkozy veut prendre le contre-pied de sa coûteuse campagne 2012. Un QG de campagne minimaliste et des dépenses comptées.

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Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de l'UMP.
Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de l'UMP. © Joël Saget / AFP

Temps de lecture : 4 min

Ne cherchez pas les excès de bling et de clinquant ! Ici, au 13 rue du Docteur-Lancereaux dans le - très chic - 8e arrondissement de Paris, on fait dans "le sobre et l'efficace", selon les mots du directeur de campagne de Sarkozy, Frédéric Péchenard. Certes, le prestigieux immeuble de quatre étages, à la façade impeccable et sa spacieuse cour intérieure, rappelle au visiteur qu'il n'est pas dans le 20e arrondissement. Mais une fois les lourdes portes vert foncé passées, l'austérité de ces 85 mètres carrés en rez-de-chaussée, dissimulés derrière des fenêtres opaques, surprendrait presque... si le coup de com n'était pas aussi évident.

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Nous sommes en 2014 et la grandiose campagne présidentielle de 2012 a laissé des traces. Une affaire surtout, Bygmalion, colle aux talonnettes de l'ancien président. Soupçonné d'avoir fermé les yeux sur des dépassements faramineux du plafond de ses comptes de campagne, Nicolas Sarkozy est aujourd'hui contraint de revêtir un costume de quasi-janséniste, peu ajusté à sa carrure d'ex-"président des riches". Déplacements en train, en voiture ou en avion de ligne, location de salles municipales, parlementaires priés de se débrouiller par leurs propres moyens pour rejoindre les lieux de meeting. Qu'on se le dise : à présent, économies et retenue sont les deux mamelles de la stratégie sarkozyste.

Ni ordinateur ni gadget dernier cri

À l'intérieur du nouveau QG, ce sont donc essentiellement des bénévoles tournants qui composent "l'équipe organisationnelle" censée permettre au candidat de mener sans couac la bataille pour la présidence de l'UMP. "Une dizaine de personnes", nous dit-on. Nous en comptons une vingtaine. Divisée en trois pôles - meetings, parrainages/constitution du dossier de candidature, presse/Internet -, cette "toute petite structure", comme ne cessent de le marteler ses membres, est aiguillée par quatre "fixes", presque tous sarkozystes historiques. Frédéric Péchenard, Hugues Anselin, Éric Schahl et la fidèle conseillère en communication de Nicolas Sarkozy depuis son départ de l'Élysée Véronique Waché.

Le premier, ancien DG de la police nationale et ami de longue date de l'ex-hôte élyséen, assure les fonctions de directeur de campagne. Son obsession : "la maîtrise des coûts pour une campagne exemplaire". Quand Véronique Waché pose un regard ému sur les trois cartons de parrainage - arrivés après la date de dépôt - qui s'entassent sur le sol, Péchenard débite, sans sourciller, la procédure de remerciements : "À tous ceux qui ont une adresse mail, on enverra un mail. À tous ceux qui ont un numéro de téléphone, on leur passera un coup de fil. C'est autant de timbres d'économiser, vous comprenez." Dans son bureau d'un blanc immaculé, pas de fioriture. Une table ovale blanche, quelques chaises pivotantes et une discrète armoire sur laquelle trône une photo du patron sur un cheval font office de mobilier. Ni ordinateur ni gadget dernier cri, seuls un pot à crayon et un bloc de post-it traînent sur la table. Pas question d'investir pour une si courte campagne dans du matériel informatique hors de prix. Chacun travaille sur son ordinateur personnel. "On a quand même fait installer une box internet pour qu'ils aient le Wi-Fi." Chez Sarkozy, on est économe mais pas radin.

Le casse-tête de la salle parisienne

Pour faciliter la circulation des personnes et de l'information entre les trois pièces principales, aucune porte n'a été installée. Le bureau du directeur de campagne donne sur un couloir exigu qui dessert un escalier conduisant à une salle de réunion en sous-sol et à une autre pièce dans laquelle s'activent les petites mains censées gérer la presse et les parrainages. Regroupés autour de deux tables, Mac posés sur leurs genoux pour certains, huit trentenaires s'activent pour accréditer les journalistes aux prochains meetings de leur champion et traiter les bulletins de parrainage arrivés la veille.

De l'autre côté de la cloison, une troisième pièce, la plus étroite, abrite Hugues Anselin et Éric Schahl. Ce dernier prolonge l'activité qui était la sienne du temps de l'Élysée puisqu'il s'occupe des relations avec les parlementaires. Animateur du "pôle mobilisation et animation militante" pendant la campagne parisienne de Nathalie Kosciusko-Morizet, Anselin, quant à lui, prévoit et organise les futurs déplacements du candidat Sarkozy. Le jeune homme s'est autorisé une folie : remplacer la traditionnelle photo du chef épinglée au mur par une carte de France recouverte de post-it. Son casse-tête du moment ? Trouver "la" salle qui accueillera le meeting parisien prévu le 7 novembre prochain. NKM a plaidé pour le Cirque d'hiver. "Trop cher !" lui a-t-on rétorqué. "Alors, le gymnase Japy ?" "Trop petit !"

En nous raccompagnant à la sortie du QG, Frédéric Péchenard baisse la voix et murmure sur le ton de la confidence : "On sera peut-être amenés à faire un peu moins de meetings pour rester dans notre budget..." C'est la crise en Sarkozie.

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Commentaires (72)

  • fafia

    Quelle énergie dépensée pour s'occuper de Nicolas Sarkosy ! Bravo les Français vous avez encore du punch !

  • sensdent

    Je me demande toujours d'ou vient l'argent de la campagnes des présidentielles UMP mais au moins je sais que l'ex-Président regarde a présent ses comptes de campagne.
    Je me demande aussi si les autres candidats disposent des mêmes moyens.

  • Viviane M

    Le mec a zéro crédibilité. En 2007, il n'était pas élu depuis 5 minutes, qu'il a été rejoindre ses copains du CAC40 au Fouquet's et sur le yatch de Bolloré. Ensuite, il ne s'est occupé que des intérêts de ceux-ci, et de ses actions de propagandes le plus souvent bâti sur des mensonges.
    Rappelons encore que c'est lui qui a mis la France dans la spirale de la dette par sa gabegie avec les moyens de l'état en 2008, 2009 et 2010 ; Plus de 7% de déficit dont un tiers pour des dépenses inutiles voir contre-productives.
    Je ne sais pas qui va voter pour lui à l'UMP, pour ceux que je connais ce mec est fini, il n'est plus crédible.