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Les Jouyet, un couple au pouvoir

Il est secrétaire général de l’Elysée. Elle, l’une des dirigeantes de Sciences Po. Ils tutoient le pouvoir de droite et de gauche, et incarnent cette « bourgeoisie d’Etat » promue par leur ami Hollande et détestée des « frondeurs ».

Par  et

Publié le 07 octobre 2014 à 13h05, modifié le 19 août 2019 à 14h39

Temps de Lecture 19 min.

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« Très chère Brigitte… » Une fois n’est pas coutume, pour une remise de décoration : ce 15 juillet 2013, François Hollande n’a réclamé aucune note à aucun conseiller. Il connaît chacun des quarante visages qui lui font face, dans la salle des fêtes de l’Elysée.

Son plus vieil ami, Jean-Pierre Jouyet, se tient au premier rang, avec quelques-uns des nombreux enfants de sa famille recomposée, que le président connaît presque aussi bien que sa propre progéniture. Présents aussi, plusieurs membres de cette fameuse promotion Voltaire (1980) de l’ENA que l’élection de François Hollande a consacrée − mythifiée, même. Et, bien sûr, une partie des Taittinger, la grande famille des champagnes : on fête le ruban de l’épouse de « Jean-Pierre », Brigitte Taittinger Jouyet, que le ministre de l’économie, Pierre Moscovici, a proposée au grade de chevalier de la Légion d’honneur. Elle vient d’être nommée directrice de la stratégie de Sciences Po, cette fabrique de la nomenklatura française.

Avant de décorer son amie, souriante femme blonde de 55 ans, dynamique et volontaire, François Hollande évoque la grande famille de Reims, surfant avec tact sur le passé pétainiste du grand-père, Pierre Taittinger. Il souligne l’art de Brigitte de « susciter les confidences » − y compris les siennes.

Chez les Jouyet, les soirs d’élections, on trouve toujours une moitié de convives pour fêter la victoire au champagne rosé Taittinger

Et ce talent du couple Jouyet de mêler, dans leur vaste appartement du 16e arrondissement de Paris, rue Raynouard, l’establishment français au complet : patrons, diplomates, banquiers, politiques, François Fillon comme Manuel Valls ou Emmanuel Macron, François Pinault et Serge Weinberg, droite et gauche mêlées et confondues, sans que jamais − « miracle ! », s’amuse François Hollande − personne ne quitte la table ou ne claque la porte. Chez les Jouyet, les soirs d’élections, que la gauche ou la droite l’emporte, on trouve toujours une moitié de convives pour fêter la victoire au champagne rosé… Taittinger.

Dans cette célébration qui ressemble à une fête entre copains mais se tient sous les dorures, se dessine déjà un manifeste du nouveau hollandisme. En confiance au sein de ce petit comité, le chef de l’Etat dresse l’éloge du « capitalisme familial » et pardonne officiellement à « Jean-Pierre », chrétien progressiste et européen convaincu, son « parcours sinueux » qui l’a conduit, dix-neuf mois durant, à siéger au gouvernement d’un président UMP nommé Nicolas Sarkozy. Moins d’une année après la décoration de sa femme, le voilà secrétaire général d’un président socialiste boudé par les Français. François Hollande a enfin installé dans le bureau à côté du sien son ami de trente-cinq ans, après s’être séparé de sa compagne, Valérie Trierweiler, et de son conseiller éclaboussé par le scandale, Aquilino Morelle.

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