A Séoul, Sarkozy règle ses comptes avec l'économiste Thomas Piketty

 

A Séoul, Sarkozy règle ses comptes avec l'économiste Thomas Piketty

    Même à l'étranger, Nicolas Sarkozy n'oublie pas ses «cartes postales». Lors d'une conférence rémunérée mardi à Séoul (Corée du Sud), l'ancien chef de l'Etat, qui effectuait sa première sortie internationale depuis son retour en politique, s'en est pris à l'économiste français Thomas Piketty, star de la gauche et grand spécialiste des inégalités et de la fiscalité, rapporte le Figaro qui a pu assister à l'intervention de l'ex-chef de l'Etat.

    «C'est une maladie française de vouloir exporter ce qui ne marche pas chez nous vers les autres», a-t-il lâché devant un public de dirigeants politiques et de chefs d'entreprises du monde entier à propos de l'auteur du «Capital au 21e siècle», qui est venu mi-septembre en Corée, faire la promotion de son essai.

    «Il est socialiste !»

    Nicolas Sarkozy, qui n'a pas renoncé à ses conférences rémunérées, intervenait au World Knowledge Forum, aux côtés de l'ex-patron de la BCE, Jean-Claude Trichet. En campagne pour la présidence de l'UMP, l'ancien président n'a pas épargné celui qui propose de taxer les hauts-revenus à hauteur de 80%. «Il est socialiste ! Pour eux, si on est injuste avec tout le monde, on est injuste avec personne» a encore lancé Sarkozy à son public.

    Thomas Piketty, chercheur à l'Ecole d'économie de Paris et auteur de l'essai «Le Capital au 21e siècle» qui a été numéro un des ventes sur Amazon aux Etats-Unis  est connu pour son engagement politique plutôt à gauche. Il a notamment conseillé Ségolène Royal pendant la campagne de 2007 et aurait inspiré François Hollande. Lorsque Nicolas Sarkozy était à l'Elysée, il avait critiqué sa politique économique.

    «On ne va pas s'excuser !»

    Côté revenu, le montant de la conférence de Nicolas Sarkozy n'est pas connu. Brice Hortefeux, un de ses proches, a confirmé à demi-mots ce mardi matin sur i-Télé que l'ancien chef de l'Etat n'avait pas fait du bénévolat. «Non seulement c'est compatible, mais c'est un motif de fierté». «L'expertise d'un homme public français est sollicitée dans le monde entier. On ne va pas s'excuser !», a déclaré le responsable d'opposition.

    Comme on lui demandait si l'ex-locataire de l'Elysée ne pouvait pas dispenser son expertise gratuitement, l'eurodéputé a éludé en ironisant. «Je suis persuadé que François Hollande, quand il ne sera plus président de la République, sera très peu sollicité». Au moment de son retour dans l'arène politique, son entourage avait précisé qu'il avait l'intention de poursuivre ses conférences rémunérées jusqu'au congrès de l'UMP. «En faisant ça, il porte la voix de la France» avait défendu un proche auprès du Parisien.

    Pourtant, à droite, cette posture d'équilibriste ne plaît pas à tout le monde. Le député UMP de Haute-Savoie Lionel Tardy, qui s'était fait entendre au début de l'affaire Bygmalion, a jugé dans les couloirs de l'Assemblée cet après-midi que l'ancien Chef de l'Etat devait «faire un choix» entre la politique ou ses activités dans «le privé» car «l'UMP a besoin d'un président à temps plein».