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SYRIE

Des Syriennes réfugiées au Liban victimes de viols et de harcèlement

Dans un rapport publié mercredi, l’ONG Human Rights Watch tire la sonnette d’alarme sur le sort des réfugiées syriennes au Liban, et affirme que certaines d’entre elles sont victimes d’agressions et de harcèlement sexuel.

AFP
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Agressions sexuelles, harcèlement, exploitation : c’est le lot de certaines femmes syriennes réfugiées au Liban, que dénonce Human Rights Watch (HRW) dans un rapport rendu public, mercredi 27 novembre. Il s’appuie sur une douzaine de témoignages.

Depuis le début du conflit en mars 2011 qui ravage la Syrie, le Pays du cèdre a accueilli près d’un million de réfugiés syriens dont les trois-quarts sont des femmes et des enfants. Cette population représente le tiers de la population de ce petit pays, qui aujourd’hui peine à faire face à cette situation.

Peur de porter plainte

Alors qu’elles ont fui les violences dans leur pays au péril de leur vie, des Syriennes se sont ainsi retrouvées agressées et harcelées par leurs employeurs ou des propriétaires. Les réfugiées syriennes ne sont pas les seules femmes au Liban à subir ce genre d’agression, mais sont indubitablement les plus vulnérables et les plus désarmées, souligne l’ONG.

Âgée de 53 ans, Hala est originaire de Damas, et a confié à HRW que son mari est détenu par le gouvernement syrien. Pour faire vivre ses quatre enfants, elle s’est mise à faire des ménages chez des familles vivant dans une banlieue de Beyrouth. Elle a expliqué à HRW que dans neuf des dix foyers où elle avait travaillé, ses employeurs ont tenté d’obtenir ses faveurs sexuelles ou même de l’exploiter. On a ainsi essayé de toucher ses seins, de la contraindre à avoir des rapports sexuels ou d’obtenir la main de sa fille âgée de 16 ans en mariage. "Ils me disaient : ‘nous allons te donner plus d'argent en échange d’un acte sexuel ou si tu nous donnes ta fille’", a-t-elle révélé. Dans l’impasse Hala ne cherche plus à travailler et dépend de l’aide d’une église pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle a affirmé ne pas avoir porté plainte, car elle ne pensait pas que les autorités libanaises pouvaient l’aider.

Le rapport cite les témoignages de onze autres femmes comme Hala qui affirment avoir été victimes d'attouchements et soumises à des pressions pour avoir des relations sexuelles. Les femmes interrogées ont indiqué à HRW ne pas avoir porté plainte, car elles ne font pas confiance aux autorités locales et craignent des représailles ou d'être arrêtées faute de papiers en règle. Car si les autorités libanaises accordent aux réfugiés syriens gratuitement un permis de séjour d’un an, passé ce délai un réfugié, tout comme les autres étrangers au Liban, doit payer 200 dollars par an pour faire renouveler ses papiers. Une somme impossible à réunir pour un grand nombre de réfugiés, qui risquent d’être arrêtés.

Des personnels d’organisations caritatives communautaires en cause

Pire, parfois le danger vient de ceux qui sont censés les aider : des membres d’organisations caritatives communautaires. Un responsable du ministère des Affaires sociales, cité dans le rapport, a ainsi raconté avoir traité un cas d'exploitation sexuelle et de harcèlement de plusieurs femmes réfugiées par un employé d'une organisation d’aide locale confessionnelle. Le travailleur humanitaire a été renvoyé, mais l'affaire n'a pas été rapportée à la police ni aux prestataires d'assistance juridique. Il n'y a pas non plus eu d'enquête. Le ministère s’est contenté de renvoyer l’affaire au mufti de la région, l'autorité religieuse sunnite.

Liesl Gerntholtz, directrice de la division Droits des femmes à HRW, a exhorté "le gouvernement (libanais) et les agences humanitaires à ouvrir les yeux et agir pour faire cesser le harcèlement sexuel et l'exploitation de ces réfugiées vulnérables". L’ONG appelle en outre les autorités du pays ainsi que les Nations unies, auprès de qui les réfugiés sont enregistrés, à améliorer les mécanismes de dépôt de plaintes pour abus sexuels et s'assurer que les réfugiées ne risquent pas d’être punies pour le seul fait de déposer une plainte.

"Les femmes ayant réussi à échapper à la mort et à la destruction en Syrie devraient trouver au Liban un refuge sûr, au lieu d’être confrontées à des abus sexuels", s’est encore indignée Liesl Gerntholtz.

En Syrie les femmes utilisées comme armes de guerre

Car en Syrie, les femmes paient un lourd tribu au conflit. Selon une étude, publiée lundi 25 novembre par le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'Homme, de nombreuses femmes ont été violées en prison, utilisées comme boucliers humains et enlevées pour faire pression et humilier leur famille.

"Les abus contre les femmes (ont été délibérément utilisés) pour défaire l'adversaire tant du point de vue symbolique que psychologique", affirme le rapport rendu public à l'occasion de la Journée internationale contre la violence faite aux femmes. La guerre civile en Syrie a fait plus de 120 000 morts, et obligé des millions de personnes à fuir leur maison.

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