La presse nigériane est partagée entre doute et espoir. Les attaques de week-end (qui ont fait près de 30 morts) remettent en cause l’accord spectaculaire annoncé le 17 octobre par le gouvernement nigérian. Mais la perspective d’une libération des 219 lycéennes de Chibok continue cependant de nourrir l’espoir.

Aisha Yusufu, un des responsables de la campagne #BringBackOurGirls, déclare dans le quotidien de Lagos The Nation : “Nous sommes remplis d’espoir, d’attente et de hâte. Même si nous sommes surpris qu’un cessez-le feu soit signé alors que les gens sont toujours tués. Avec qui ont-ils conclu cette trêve, si Boko Haram ne sait même pas qu’il y a un cessez-le-feu en cours ?”

Plus loin dans le quotidien, un chef coutumier de Chibok (dans le nord-est du pays) confesse : “Mon cœur me dit de croiser les doigts et de prier, mais ma tête me dit d’être prudent et méfiant.”

C’est que le gouvernement nigérian est habitué aux effets d’annonce sans suite. Donné officiellement pour mort par l’armée nigériane (pour la troisième fois), le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, est réapparu le 2 octobre dans une vidéo.

Factions pro-paix

Le quotidien The Punch croit savoir qu’en réalité “l’accord de cessez-le-feu du gouvernement fédéral a fini de scinder la secte fondamentaliste en deux. Une faction veut la paix, l’autre pas. Les dirigeants de la faction pro-paix de la secte ont été ceux qui ont pris part aux négociations avec les représentants du Tchad, du Cameroun et du gouvernement fédéral à N’Djamena, au Tchad, la semaine dernière.”

La situation est bien plus complexe, analyse de son côté Nigerian Tribune. “La secte est divisée en plusieurs factions qui, bien qu’utilisant le même nom, sont portées par des objectifs différents. Certaines sont motivées par la politique intérieure, tandis que d’autres semblent avoir des liens idéologiques avec d’autres extrémistes islamistes comme Al-Qaida”, explique ce quotidien.

Enfin, le rôle réel de l’homme présenté comme l’émissaire de Boko Haram et signataire de l’accord pour le compte du groupe terroriste, Danladi Ahmadu, est contesté. Sahara Reporters rapporte ce tweet d’Ahmad Salkida, un journaliste nigérian, proche du mouvement et en contact avec ces hauts responsables : “Danladi Ahmadu ne fait pas partie du commandement de Boko Haram et ne parle pas en leur nom, autant que je sache.”
Il n’empêche, The Nation se projette et entretient la flamme de l’espoir avec prudence, en concluant : “Si le cessez-le-feu était réel, il sera de bon augure pour la nation.”