Au Nigeria, téléphones et réseaux sociaux ont aidé à endiguer Ebola
Par Robin Prudent
Publié le , mis à jour le
Le pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigeria, a endigué l’épidémie d’Ebola en trois mois. Pas de miracle, mais une prise en charge efficace et une campagne de prévention et d’information massive via les télécoms et sur...
Le pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigeria, a endigué l’épidémie d’Ebola en trois mois. Pas de miracle, mais une prise en charge efficace et une campagne de prévention et d’information massive via les télécoms et sur Internet.
Rappelez vous : le 21 juillet, un premier cas d’Ebola était détecté sur le territoire nigérian. Un fonctionnaire libérien qui avait contracté le virus avait atterri à Lagos, mégalopole de 20 millions d’habitants. Une vingtaine de personnes avaient ensuite été contaminées et 8 personnes étaient décédées du virus dans le pays. Ce lundi, l’OMS a déclaré que le virus était éradiqué dans le pays.
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Etat et ONG se mobilisent sur Internet
Au début de l’épidémie, plusieurs dispositifs ont été mis en place par des ONG et par l’Etat nigérian. Leurs objectifs :
informer les habitants sur les risques et les conseils sanitaires pour prévenir la contamination ;- et délimiter les zones à risques de contamination en répertoriant les personnes présentant des symptômes.
Un décret présidentiel a permis aux autorités d’utiliser les données des opérateurs téléphoniques pour retrouver les personnes en contact avec le premier contaminé. Après l’urgence, la mobilisation n’a pas faibli.
#KeepNigeriaEbolaFree
Une plateforme web, Ebola Alert, a été créée par l’Etat de Lagos au Nigeria – où le virus a été détecté –, le ministère de la Santé et des ONG. Ce site donne des informations sur le virus pour les habitants et pour les personnels de santé, ainsi que les évolutions du virus dans le pays. Les habitants peuvent aussi appeler une plateforme téléphonique gratuite.
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Sur les réseaux sociaux, la campagne de prévention est relayée par un compte Twitter suivi par plus de 70 000 personnes. Les responsables répondent directement aux questions des internautes nigérians et démontent des rumeurs les plus farfelues à propos de faux moyens pour lutter contre le virus, notamment :
- la marijuana, qui permettrait, selon un article, se protéger du virus ;
- un remède artisanal à base d’oignon et de miel.
Une mise au point qui permet d’éviter les mouvements de panique collective, comme ils ont pu être observés dans d’autres pays. D’ailleurs, cette campagne continue toujours pour éviter tout risque de réapparition du virus avec le hashtag (mot-clé) #KeepNigeriaEbolaFree.
Savoir si j’ai Ebola ? Il y a une app pour ça
Autre outil pour informer, « About Ebola », une application gratuite pour smartphone qui répond aux questions les plus fréquentes sur le virus. Elle a été développée en avril 2014, d’abord pour prévenir le virus Ebola en Guinée. Elle a été ensuite traduite en plusieurs langues : français, anglais, wolof, jola, swahili, krio, et anglais libérien.
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L'application
L’application « About Ebola » sur smartphone - Robin Prudent/Rue89
L’application donne des conseils simples, avec une catégorie « à faire » et « à ne pas faire ». Un onglet « Est-ce que j’ai Ebola ? » permet aussi d’auto-évaluer sa situation par rapport aux symptômes constatés.
Avec plus de 70 millions d’internautes, le taux de pénétration d’Internet au Nigeria est l’un des plus élevés d’Afrique (38%) et il est encore beaucoup plus important à Lagos. Par ailleurs, le pays compte presque autant de lignes téléphoniques mobiles que d’habitants. Chibuzo Okonta, médecin nigérian et responsable du programme pour Ebola à Médecins sans frontières, a précisé à Libération :
« Au Nigeria, tout le monde a un smartphone, même une vendeuse d’arachide dans la rue. [...] Le gouvernement a communiqué vite et bien. Les messages étaient les bons : se laver les mains, consulter au moindre doute, etc. »
Efficacité redoutable
Ainsi, les réseaux sociaux ont pu créer l’effet boule de neige beaucoup plus rapidement et efficacement que dans d’autres pays africains. L’information et les méthodes de préventions étaient connues de tous dans la métropole de Lagos.
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Couplée au système de santé privé de la ville qui a pris en charge le premier cas d’Ebola, la réponse aux risques de contamination a été d’une efficacité redoutable.
Si les réseaux sociaux et téléphoniques n’ont été qu’un maillon de cette réussite, ils ont joué leur rôle sans faille grâce à une implantation importante dans la population urbaine.