Dix-huit élus UMP attaquent Christophe Grébert

Il a révélé qu'ils habitent des HLM de la ville ; ils ripostent en le poursuivant pour atteinte à la vie privée. C'est le nouveau règlement de comptes judiciaire entre élus.

Dix-huit élus UMP attaquent Christophe Grébert

    Un élu UMP sur deux vit dans un logement social à Puteaux. C'est du moins ce que Christophe Grébert, conseiller municipal d'opposition (MoDem), a publié sur son blog voici trois ans, et qui lui vaut un procès pour atteinte au respect de la vie privée.

    Dans son article publié sur Monputeaux.com, Christophe Grébert détaille la liste des élus bénéficiant d'un logement social et donne leurs adresses. C'est précisément sur ce point qu'il est attaqué. Chacun ayant droit au respect de sa vie privée, selon l'article 9 du Code civil, les plaignants font valoir que cette divulgation est une violation de ce droit.

    Les avocats des élus et de Christophe Grébert ont plaidé hier devant la 1re chambre civile du tribunal de grande instance de Nanterre, dans une salle d'audience quasi vide. Aucun de leurs clients respectifs n'a fait le déplacement pour entendre Me Rodolphe Bosselut, conseil des dix-huit élus UMP concernés, rejeter l'argument du droit à l'information dont argue Christophe Grébert. « Révéler les adresses n'est pas de l'information », selon Me Bosselut, s'indignant de la « mise au pilori » de ses clients. De surcroît, dit-il, Christophe Grébert a divulgué « des faits touchant à l'intimité sentimentale, familiale et patrimoniale » de certains d'entre eux.

    Au premier rang de ceux-ci figure Vincent Franchi, maire adjoint de sa mère, Joëlle Ceccaldi-Raynaud. En 2011, à l'époque où Christophe Grébert a publié son enquête, la compagne de Vincent Franchi bénéficiait d'un logement social. « Savoir que le fils du maire habite » dans un tel appartement, même si c'est « au nom de sa compagne, fait partie de l'enquête, c'est de l'information », a plaidé Me Jean-Marcel Nataf, l'avocat de Christophe Grébert. De même que « dire qu'un autre élu a deux logements sociaux : un pour lui, un pour son ex-femme ».

    Me Nataf tacle la « politique clientéliste » de la maire de Puteaux et, pour justifier l'importance du sujet du logement anormalement attribué, insiste sur d'autres « scandales », tel le 173 m2 de Frigide Barjot, dans le XVe arrondissement de Paris, dont elle a d'ailleurs été expulsée lundi.

    Quel que soit le jugement du tribunal, qui rendra son délibéré le 20 novembre, Christophe Grébert promet de « continuer le combat » sur le logement tout en résistant à ce que son avocat nomme un « harcèlement judiciaire ». Selon Me Nataf, l'avalanche de procès intentés contre Christophe Grébert ne vise qu'à « assécher » un opposant trop actif, « financièrement et moralement ». La preuve, rappelle l'avocat : une dizaine de procès en dix ans et les dommages et intérêts « exorbitants » qu'ont réclamés les plaignants : 45 000 â?¬ et rien de moins que 27 000 â?¬ pour leurs frais de procédure.