Si la baisse du nombre de chômeurs de catégorie A au mois d'octobre réjouit les socialistes, la plupart des cadres du parti se sont surtout attachés dans la journée à faire l'exégèse des propos alambiqués tenus par François Hollande jeudi 28 novembre au matin. Lors d'un déplacement à Aubervilliers, le président de la République avait semblé reculer sur l'échéance de l'inversion de la courbe du chômage, alors même qu'il avait connaissance des chiffres positifs : « C'est une bataille, elle se fera mois par mois, nous devons y travailler sans cesse, tout le temps nécessaire, ce mois-ci comme les autres mois. » Avant de confirmer à nouveau, devant la confusion créée par ses propos, son objectif de renversement de la situation avant la fin de l'année.
« François Hollande ne veut pas installer l'idée que tout est gagné, a expliqué Claude Bartolone, le président socialiste de l'Assemblée nationale, pour justifier ce pas de deux hollandais. Il sait que l'inversion est là et qu'elle l'est durablement chez les jeunes avec le sixième mois consécutif de baisse du chômage ; mais il demande à ne pas être jugé que sur un chiffre. »
Même interprétation pour Thierry Mandon, le porte-parole de la majorité à l'Assemblée : « Le président a voulu dire que même si une bonne nouvelle était attendue, il ne croyait pas au Père Noël. Il va atteindre son objectif mais il a toujours dit que c'était difficile. » « L'inversion de la courbe du chômage est entamée, a pour sa part tranché le ministre du travail, Michel Sapin, quelques minutes après l'annonce des chiffres d'octobre. Mais la bataille est devant nous, nous devons confirmer. »
« Il n'y a pas d'incertitude » sur cet objectif, a expliqué le ministre du budget, Bernard Cazeneuve. Selon lui, François Hollande « a dit que la bataille contre le chômage est une bataille de tout le quinquennat, il ne s'agit pas simplement d'inverser la courbe ». « Quand François Hollande s'exprime, ça ne manque jamais de pédagogie, il a dit des choses extrêmement claires depuis plusieurs mois », a assuré M. Cazeneuve.
« JE NE SAIS PAS CE QUE FOUTENT SES COLLABORATEURS... »
Pourtant, en privé, la communication louvoyante du président de la République a agacé certains socialistes. « J'ai été d'autant plus abasourdi en entendant ça que depuis soixante-douze heures on me dit que les chiffres seront bons, confie un poids lourd de la majorité. Ce déplacement a été monté n'importe comment. Je ne sais pas ce que foutent ses collaborateurs mais monter un évènement sur la signature d'un contrat de génération à quelques heures des chiffres du chômage qu'il ne peut pas commenter, c'est essayer de faire entrer deux litres dans un. Il aurait dû faire ce déplacement après l'annonce des chiffres pour dire “même si la courbe s'inverse, je continue le combat« L'inversion de la courbe du chômage est entamée »
En début de semaine, ce pilier du Palais-Bourbon attendait de François Hollande qu'il prenne la parole avant les fêtes de Noël. « Il doit fixer le sujet de conversation des Français autour de la table familiale le 25 », estimait-il. Mais le chef de l'Etat « ne peut s'exprimer que s'il a des messages forts à dire : l'inversion de la courbe du chômage ou une initiative en Europe » après le sommet européen de ce mois.
D'autres préfèrent y voir une manoeuvre savante de la part de François Hollande : « Je me demande si le président ne serait pas dans en train de nettoyer le pont, de se libérer des chaînes qu'il s'est mises lui-même aux pieds, explique un responsable socialiste. Avec la mise à plat de la fiscalité, le “président normal« L'inversion de la courbe du chômage est entamée est mort puisque, le premier ministre ayant retrouvé son rôle, le chef de l'Etat doit prendre de la hauteur. Et là, de la même manière, il a cherché à se débarrasser de cette promesse d'inversion de la courbe du chômage. Mais François Hollande est parfois trop malin. »
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