C'était à la belle époque du chemin de fer, de l'Orient-Express reliant, avec ou sans crime, Paris à Istanbul en quatre escales. C'était aux riches heures des transatlantiques traversant l'océan d'une seule traite – Normandie, Île-de-France… C'était au temps où, dans les wagons-restaurants et les salons des paquebots, tout n'était que luxe, fête et volupté.

C'est cet univers qu'évoquent le chef étoilé Michel Roth et la critique culinaire Caroline Mignot, dans ce numéro de Repas de fête. Le premier réalise, en direct, le menu concocté à cette occasion: rôti de bœuf en gelée truffée, noix de Saint Jacques dorées au tartuffon avec polenta, opéra à la fève Tonka; la seconde joue les petites mains. Tout en pelant, coupant, passant à la casserole et à la poêle, ils s'interrogent sur l'art de satisfaire une clientèle de luxe, sur un navire qui tangue, dans un train qui ballotte. Sur les contraintes imposées: faute de place, dans certains trains, les cuisiniers dorment dans des hamacs suspendus au-dessus des tables! Deux historiens spécialistes de l'alimentation et des voyages, Jean-Baptiste Schneider et Catherine Donzel, les rejoignent pour passer à table.

t Notre avis : Tranchant avec la plupart des émissions culinaires d'autres chaînes, ce repas de fête est un délice. Non seulement culture et gastronomie s'y imbriquent avec bonheur, mais le ton n'y est jamais pesant, méchant, pédant. Bonhomme, l'œil gourmand, Michel Roth n'hésite pas à s'exclamer devant sa sauce: « Elle est jolie! » Le 22 décembre, son repas de fête sera consacré à « la table des papes d'Avignon ». Les papilles en frémissent à l'avance.