“Mort à Irish Water” affichaient de nombreuses banderoles, brandies ce 30 octobre par des manifestants venus dénoncer la réforme qui met fin à la gratuité de l’eau en Irlande. Depuis le 11 octobre, où quelque 80 000 personnes sont descendues dans la rue à Dublin, les manifestations se poursuivent.

Plus de 70 cortèges sont ainsi prévus ce samedi 1er novembre, dont une vingtaine rien qu’à Dublin, annonce The Irish Independent. Ils sont organisés par Right2Water, (droit à l’eau), un collectif irlandais qui argue que les citoyens paient déjà pour l’eau de manière indirecte, par leurs impôts. Right2Water craint par ailleurs que ce service public ne finisse par être privatisé, ce qui pourrait se traduire par une hausse de prix et par une érosion des aides pour les plus démunis. Les manifestations sont soutenues par certains syndicats, précise le Irish Independent, ainsi que par plusieurs partis politiques : l’Alliance anti-Austérité, People Before Profit et le Sinn Féin.

Empêcher l’installation de compteurs

The Irish Times relate qu’à Cork, trois personnes ont été arrêtées alors qu’elles tentaient d’entraver l’installation de compteurs d’eau par des techniciens d’Irish Water, la société semi-publique chargée de mettre en place le système. Une réunion de travail à huis clos entre Irish Water et des collectivités locales a été perturbée par vingt-cinq militants.

A Donaghmede, au nord-est de Dublin, des installateurs de compteurs ont été ‘séquestrés’ le 29 octobre par des manifestants, ajoute The Irish Independent. Pendant douze heures, ils ont été retenus dans un lotissement – certains ont même été bloqués à l’intérieur leurs véhicules – “sans pouvoir sortir et sans avoir accès à de la nourriture, à l’eau ou aux sanitaires”, raconte le journal.

Bonus indécents

Mis à part les critiques par rapport aux compensations prévues pour les faibles revenus, jugées inéquitables et trop faible, Irish Water est aussi fustigé pour les bonus qu’il entend payer à ses responsables. Ceux-ci pourront toucher un supplément allant jusqu’à 19% de leur salaire fixe si leurs performances sont très bonnes. Même ceux dont les performances sont “à améliorer”, pourrait recevoir un bonus allant jusqu’à 9 % de leur salaire, note The Irish Independent.

Cette information passe très mal, surtout dans le cadre de l’austérité imposée aux citoyens irlandais. Le ministre du Budget et des Réformes, Brendan Howlin, s’est empressé de déclarer qu‘ “il ne doit pas y avoir de bonus [pour la direction d’Irish Water]”, et qu’une nouvelle entreprise comme Irish Water “devrait d’abord gagner la confiance du public” comme le rapporte The Irish Times.

Impossible de dire non à la troïka

Interrogé sur le délai serré que le gouvernement irlandais impose aux citoyens, Howlin a répondu : “Nous n’avions pas le choix. Il nous était impossible de dire non à la troïka”. La fin de la gratuité de l’eau fait en effet partie d’une série de réformes demandées par la troïka - la Commission européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne - en échange du programme de sauvetage du pays en 2010.