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Il existe dans "l'affaire Sagnol" tous les ingrédients qui révèlent notre temps : un entraîneur qui ne maîtrise pas sa parole, une communauté qui se sent blessée à juste titre et qui surréagit parce qu'elle sait qu'elle sera entendue, une direction des Girondins molle qui ne prend pas la mesure du dérapage et des institutions prudentes qui préfèrent attendre, voir comment le débat évolue, avant de plonger dans le grand buzz.
Lilian Thuram n'a pas eu cette réserve. Il a condamné les préjugés, il a regretté les paroles de son ex-coéquipier et a déclaré sa surprise d'entendre dans la bouche de Sagnol des mots venus d'un autre âge, d'une autre époque. Comment ne pas être d'accord avec lui ? Regardez les images de l'entretien que Willy Sagnol a accordé au journal Sud-Ouest et vous serez étonné de la tonalité générale des propos de l'entraîneur des Girondins comme de l'absence de réaction sur le plateau.
Qu'il fasse une mise au point
Willy Sagnol égrène les banalités qu'on dit au comptoir ou dans un vestiaire, paroles mille fois entendues depuis que je suis enfant mais qui sortaient de bouches anciennes, pas d'un adulte né à la fin des années 1970. Willy Sagnol a 37 ans et cette précision n'a pas fini de me surprendre. Comment l'ancien partenaire de Claude Makelele et le coach de Cheik Diabaté peut-il exprimer des sottises pareilles ? Étrange. La fatigue ? La bêtise ? La maladresse ? Je ne veux pas croire que l'international cinquante-huit fois appelé sous le maillot bleu soit un esprit habité par le racisme, agité par de vieilles lunes, attiré par la xénophobie. En revanche, cette interview traduit un climat, une façon de penser et de stigmatiser. L'inconscient est là. Les réflexes ont la vie dure. Les idées préconçues demeurent. Les Noirs sont comme ça et les Blancs sont comme ci.
Au lendemain du déclenchement de la polémique, Willy Sagnol est muet. Il n'échappera pas à un examen de conscience. Il a blessé nombre d'observateurs, de supporteurs, de joueurs d'origine africaine ou non. C'est un fait. Il n'a pas pris la mesure des tensions qui existent dans la France de 2014. Qu'il l'ignore limite sa qualité et affaiblit son action. Qu'il ne pense pas ce qu'il a dit, qu'il ait mal formulé ce qu'il a exprimé, je suis prêt à l'entendre. Mais qu'il le dise. Qu'il fasse une mise au point. Elle me paraît indispensable.
Non, rien du tout...
Fichez la paix à Sagnol, SVP.
Et que dire de la détresse des joueurs nordiques qui se sont sentis insultes dans cette interview ! On n en parle pas assez je trouve
Accuser quelqu'un d'être raciste c'est grave.
Willy Sagnol évoque les qualités footbalistiques des joueurs africains comparées à celles des joueurs européens souvent formés dans les grands clubs. Cela n'a rien de raciste et cela n'a rien d'humilliant d'affirmer que la formation en Afrique n'est pas la même qu'en Europe et que les qualités développées sont différentes. C'est juste factuel.
Et c'est pénible d'entendre Monsieur Praud hurler avec les Loup dans un journal qui nous a habitué à plus de discernement.