Au moment où vous lisez ces lignes, quelqu’un est sans doute en train de patienter dans une salle d’attente à São Paulo, de s’acheter un costume trois pièces à Bichkek (au Kirghizistan), de manger des sushis dans un restaurant de Kyoto ou de coudre des vêtements dans un atelier de Bangalore, en Inde.

La pêche est bonne

Non seulement vous pouvez l’imaginer, mais vous pouvez le vérifier, en direct, grâce aux caméras de surveillance qui les espionnent, l’air de rien. Sur les millions d’yeux électroniques installés un peu partout sur la planète, beaucoup sont connectés à Internet, et mal sécurisés, au moyen d’un mot de passe éminemment prévisible (1234), voire inexistant. Le site Insecam.com s’amuse à les répertorier, et le moins que l’on puisse dire c’est que la pêche est bonne.

“Rien qu’aux Pays-Bas, on en compte 2 400, note le journal néerlandais NRC. Et en tête, on trouve les Etats-Unis, où Insecam a recensé 10 000 ‘fuites’ ”. Le quotidien néerlandais précise tout de même que les dispositifs mal sécurisés ne représentent qu’une minorité : en Grande-Bretagne, le pays qui a la plus forte densité de caméras (on en compterait 5,9 millions, soit une pour 11 habitants), Insecam n’a pu trouver ‘que’ 2 374 fuites – contre 3 285 en France.

De l’importance des paramètres

“On ne sait pas exactement qui se cache derrière ce site, observe encore NRC. Insecam affiche des publicités (pour des webcams, d’ailleurs) et est hébergé en Russie”. Quant à savoir si ce qu’il fait est légal, “on pourrait le comparer à votre voisin qui emprunterait votre vélo sans permission, juste pour montrer que vous aviez laissé les clés sur le cadenas”. Insecam le clame sur sa page d’accueil : “Ce site a été créé pour montrer l’importance des paramètres de sécurité. Pour que votre caméra publique ne figure plus sur ce site et devienne privée, tout ce que vous avez à faire, c’est changer le mot de passe.”