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En 2012, la Polytechnicienne Julia Mouzon a créé Femme & Pouvoir. Elle lance vendredi 14 novembre Femme & Pouvoir Industrie et organise à cette occasion un colloque. Des femmes qui ont accédé à des postes de responsabilité y donneront leur vision de l’industrie. Il s’agit, pour elle, d’un enjeu central lié à l’innovation.
L’Usine Nouvelle - Pourquoi Femme & Pouvoir Industrie organise un colloque sur l’industrie ?
Julia Mouzon - Nous allons nous intéresser aux nouvelles pratiques de leadership et de innovation qu’apportent les femmes dans l’entreprise. Le constat de départ est que les femmes sont obligées de trouver d’autres modes de "fonctionnement" que les hommes pour faire leur place dans l’entreprise. En outre, nous voulons mettre en avant l’accent sur les innovations organisationnelles qu’elles peuvent apporter.
Pour quelles raisons les femmes seraient plus innovantes notamment dans leur façon d’exercer le leadership ?
Trois types de raisons expliquent ce comportement différent. Les femmes ont des contraintes d’agenda différents, elles doivent opérer des arbitrages de temps différent. L’éducation qu’elles reçoivent est différentes de celle des garçons : on apprend aux garçons plutôt le goût du risque et aux petites filles celui de l’empathie. Enfin, leur environnement professionnel a des attentes spécifiques vis-à-vis d’elles. Je pense à la question de l’autorité : une femme qui a des positions fermes va vite être cataloguée autoritaire, voire castratrice.
Les femmes doivent donc évoluer sur ligne de crête, être plus dans l’écoute, moins dans la verticalité du pouvoir. Typiquement, elles sont en général moins favorables au présentéisme. En raison des contraintes qui pèsent sur elles, elles vont apporter une vision et des outils différents de ceux portés par les hommes. C’est parce qu’elles ne peuvent pas faire autrement. Et non pas parce qu’elles seraient meilleures moralement que les hommes. Elles savent bien que leurs faits et gestes sont scrutés de façon plus exigeante.
Au-delà de leur manière de diriger, les femmes n’apportent-elles pas aussi d’autres formes d’innovation ?
Bien sûr, dans des univers professionnels encore très masculins, les femmes vont apporter leur expérience de vie qui n’est pas la même mais aussi un usage différent des outils industriels. C’est quelque chose de très connu dans les politiques de la diversité. On sait que les entreprises qui veulent innover ont intérêt à avoir des salariés divers en leur sein. Les femmes aiment innover. Qui sait que l'un des tous premiers programmes informatiques a été écrit par Ada Lovelace, la fille de Lord Byron, le poète anglais. Son histoire est assez amusante. La mère d’Ada qui avait trop vu son mari dans les livres, la poésie, a voulu que sa fille ait une culture scientifique. Elle est allée au delà des souhaits de sa mère !
Justement, tous les industriels nous le disent et vous le diront sûrement : il n’y a pas assez de filles dans les filières scientifiques. Comment faire pour que le destin d’Ada les intéresse davantage ?
C’est une question de recrutement, de politique de ressources humaines. Pour féminiser l’effectif des entreprises et notamment les postes de managers, il faudrait peut-être aussi panacher les formations qui permettent d’accéder aux postes de direction. En France, les sphères professionnelles sont encore trop étanches et segmentées. Là aussi, une entreprise gagnerait à multiplier les profils. Il faut davantage de dialogue, de lien. C’est intéressant d’avoir une approche plus large, plus ouverte et ne pas se focaliser sur les seuls ingénieurs. Les industriels devraient aussi davantage miser sur d’autres formes d’innovations que l’innovation technique. Aujourd’hui, les innovations d’usage sont au moins aussi importantes. Il y a donc des possibilités pour embaucher des femmes qui ont eu des parcours différents et qui enrichiraient l’industrie avec leur vision singulière.
Quel regard portez-vous sur les politiques volontaires pour promouvoir la place des femmes ?
Avant de vous répondre, je souhaiterais préciser un point. Je suis persuadée que c’est aussi difficile pour une femme d’avoir de hautes ambitions professionnelles que pour un homme d’assumer son envie de faire une pause pour s’occuper de ses enfants. Ce que nous voudrions, c’est que chacun puisse se déterminer en fonction de ses envies, pas en fonction des stéréotypes ou sous la pression du groupe.
Ceci dit, si la position volontariste des hauts dirigeants est une bonne chose, elle ne suffit pas. Il faut que l’environnement proche change aussi. Je ne suis pas pessimiste. Il y a des hommes qui viennent à nos événements.
Propos recueillis par Christophe Bys
Cliquer pour accéder au programme et au formulaire d’inscription pour la journée "Industrie : s’adapter pour réussir" qui aura lieu le vendredi 14 novembre.
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