Démocratie

Enfin une carte des grands projets citoyens et utiles à la société !

Démocratie

par Sophie Chapelle

Barrage de Sivens, aéroport de Notre-Dame-des-Landes, projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin... Autant de projets critiqués pour leur inutilité sociale, leurs conséquences néfastes sur l’environnement et leur caractère « imposé », sans véritable concertation démocratique. Mais qu’en est-il des propositions alternatives ? Des idées d’infrastructures en matière d’énergie ou de gestion de l’eau portées par les citoyens eux-mêmes, loin des lobbies industriels, des intérêts privées et des risques de corruptions des élus ? ECA Watch, un réseau d’organisations non gouvernementales, publie une carte mondiale de ses propositions d’infrastructures, alternatives et répondant à l’intérêt général. L’enjeu, « encourager les institutions financières publiques à investir dans de meilleurs projets ».

La carte s’appuie sur des projets dans les secteurs de l’énergie, de l’eau et des transports, en Afrique, en Amérique latine et en Europe. Dans le domaine des transports, à Hanovre (Allemagne), un mouvement local, le BAMS, se mobilise pour transformer la ville en une zone sans voiture, offrant des transports publics et gratuits à tous les habitants. ECA Watch mentionne également le référendum italien de 2011 à l’issue duquel une majorité de citoyens ont refusé massivement une privatisation de la gestion de l’eau. Une manière surtout de se prononcer en faveur de la remunicipalisation de l’eau, bataille dans laquelle s’engagent de plus en plus de villes [1].

Bien plus loin, au Brésil, un mouvement populaire dénonçant la folie des grands barrages en Amazonie a lancé une plateforme citoyenne. Objectif : construire un autre modèle énergétique reposant sur le contrôle par les citoyens de la production et de la distribution d’énergie, ainsi que de la richesse générée (lire aussi notre article sur ces expériences en Allemagne). Plus au Nord, au Mexique, les mobilisations de 56 communautés et organisations ont conduit huit villes du pays à déclarer leurs territoires « libres des barrages et de l’extraction minière ». Ces mouvements réclament le droit d’être consulté et de décider du mode de développement du territoire où ils vivent.

Cliquez sur la carte ci-dessus pour la voir en détails.

« Les infrastructures devraient être planifiées en accordant une attention à des questions telles que : qui décide ? Qui en profite ?, explique Mónica Vargas, membre d’ECA Watch. Les cas sélectionnés pour la carte montrent qu’il existe des propositions alternatives, exemplaires en raison de leur capacité à respecter les besoins de toutes les parties prenantes, plutôt que de simplement assouvir les intérêts du capital au Nord comme au Sud. » Si cette carte n’est pas exhaustive, elle vise à diffuser des informations, des propositions et à contribuer à créer du lien entre les citoyens afin d’enrichir le récit des grands projets alternatifs. Elle est aussi l’illustration que des propositions citoyennes existent face aux projets de méga-infrastructures trop souvent responsables de la privatisation des biens communs, comme la terre ou l’eau.

@Sophie_Chapelle

Pour suggérer plus de cas, vous pouvez écrire à l’adresse mail de l’équipe qui gère la carte : mca(a)odg.cat

Notre dossier sur Les grands projets... inutiles ?