Jouyet, ami de Hollande, ministre de Sarkozy
PORTRAIT - Dans la tourmente depuis la révélation d'un déjeuner avec François Fillon, le secrétaire général de l'Elysée a déjà changé deux fois de version dans ce qui ressemble de plus en à une affaire d'Etat. Retour sur la vie et la personnalité de ce grand commis de l'Etat, qui fréquente autant des milieux de droite que de gauche.

"Je vais parfois au-delà de ce que je veux dire"
L’homme est un alliage de deux éducations. Il est bas-normand du côté paternel et basque espagnol du côté maternel. Il a passé son enfance en Normandie au côté d’un père notaire ; il se rend en Espagne pour les vacances d’été. Jean-Pierre Jouyet est ainsi taiseux et fougueux, réservé et passionné. "Je suis modéré dans mes idées et emporté dans mes propos. Je vais parfois au-delà de ce que je veux dire", expliquait-il au JDD en décembre 2012. "Jean-Pierre Jouyet est un grand réconciliateur", confie Alexandre Wickham, responsable éditorial chez Albin Michel, un de ses amis. "Il part du principe, comme François Hollande, qu’on peut toujours se parler. Il est un angoissé optimiste."
Il est issu d’une lignée d’agriculteurs, de commerçants, de professions libérales. Son père, gaulliste, maire et conseiller général de l’Eure, rêvait pour lui de l’ENA. Cela sera chose faite. "Jean-Pierre Jouyet a le sens inné de l’intérêt général, de grandes capacités analytiques, une rare connaissance de la sphère financière. Il pourrait être la quintessence de la haute fonction publique. Mais sa profonde humanité le fait sortir du cadre. Il est tout sauf lisse et corseté. Il est un homme de passions, de générosités et d’engagements. Il est atypique", confiait Alexandre Bompard, PDG de la Fnac, un de ses proches. On raconte son amour de la variété française, sa passion pour le football. Populaire et raffiné. Jean-Pierre Jouyet aurait aimé être un intellectuel. Il place la littérature et l’histoire au-dessus de tout. Sa famille recomposée avec Brigitte Taittinger (dix enfants à eux deux) est son coeur battant.
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Notre portrait de Jean-Pierre Jouyet, paru en décembre 2012
Les deux hommes se sont connus dans une chambrée militaire de Coëtquidan en 1977, ils ont appartenu à la fameuse promotion Voltaire à l’ENA. François Hollande (classé 8e) a laissé le dernier poste accessible à l’Inspection des finances à Jean-Pierre Jouyet (classé 9e) lors des affectations. Lui, choisit la Cour des comptes. Ils se sont brouillés puis réconciliés. François Hollande en a voulu à Jean-Pierre Jouyet d’aller travailler dans un gouvernement de droite, en 2007. "C'est ta décision, et je la respecte. Mais je la regrette aussi. Elle va nous éloigner", lui aurait déclaré François Hollande, selon Le Monde . Le socialiste lâchait aux journalistes, sous le coup de la colère : "Jean-Pierre a toujours été de droite." La brouille ne durera pas : en avril 2014, François Hollande le nomme secrétaire général de l'Elysée, en remplacement de Pierre-René Lemas.
Les deux provinciaux, issus de familles gaullistes, ont beaucoup plus en commun que l’amour du football. Frédérique Bredin les connaît depuis l’ENA : "Ils ont en partage l’amour de la vie. Mais ils n’arrivent pas à être heureux s’ils savent les autres malheureux." Ils se sont tous retrouvés récemment à un enterrement. Les vieux amis ont vécu de nombreux moments où ils ont pu soupeser l’aspect dérisoire des victoires et des défaites. Ils semblent parfois tout droit sortis de Nous nous sommes tant aimés, d’Ettore Scola. La mélancolie, le rire, la tendresse, les regrets. Et au temps du bilan : "Nous voulions changer le monde, mais le monde nous a changés."
On ne sert pas un gouvernement de droite quand on est le meilleur ami de François Hollande, pourtant Jean-Pierre Jouyet a accepté, en mai 2007, le poste de secrétaire d’État aux Affaires européennes dans le gouvernement de François Fillon. Il a aimé chez Nicolas Sarkozy le côté "non conventionnel" et ne s’en excuse pas. Deux affectifs, deux tactiles, deux transgressifs. L'ancien Président en avait fait l’un des piliers de sa stratégie d’ouverture. Il avait toutefois fait entendre sa différence au sein du gouvernement, en se démarquant par exemple du projet sur les tests ADN dans le cadre du regroupement familial des immigrés.
Sur France 2, le 27 juin 2007, Jean-Pierre Jouyet revient sur son entrée au gouvernement Fillon :
Jean-Pierre Jouyet avait quitté le gouvernement Fillon en décembre 2008 pour devenir président de l’Autorité des marchés financiers, avant sa nomination à la Caisse des dépôts (juillet 2012) puis à la tête de la Banque publique d'investissement (octobre 2012).
A sa table, Xavier Bertrand, Rachida Dati et… François FillonCertes, c'est un très proche de François Hollande. Il connaît bien Manuel Valls , qui était responsable de la communication à Matignon, quand il était directeur adjoint du cabinet de Lionel Jospin (1997 - 2002). Mais pas uniquement. Jean-Pierre Jouyet est respecté à gauche comme à droite. Son influence est immense. "Il est un humaniste par opposition aux populistes ; il est un modéré par opposition aux intolérants ; il est un réconciliateur par opposition aux idéologues", expliquait notamment François Baroin au JDD fin 2012 . Selon Le Monde , déjà à l'ENA, l'actuel secrétaire général de l'Elysée pratiquait l'ouverture : "J'allais où j'aimais les gens, chez Renaud Donnedieu de Vabres ou Dominique de Villepin ." Après sa nomination au gouvernement Fillon, il se lie d'amitié avec des hommes de droite. Ses diners, très courrus, accueillent désormais François Fillon et son épouse, mais aussi Rachida Dati, Xavier Bertrand, Christine Lagarde , détaillait encore le quotidien.
Côté entreprises, le couple fréquente aussi du beau monde. Sa femme Brigitte Taittinger est la cousine de Christophe de Margerie , l'ancien patron de Total décédé en octobre dans un accident d'avion . "Ce n'est plus la même chose de voir le patron de Total dans son bureau et de dîner le soir en famille avec Christophe de Margerie", notait un convive régulier dans le quotidien du soir. Le couple appartient également au Siècle , un club regroupant les élites françaises.
Il a fait partie des "Gracques", un collectif d'anciens collaborateurs des gouvernements socialistes, de tendance social-démocrate, qui furent favorables lors de l'élection présidentielle de 2007 à un accord entre socialistes et centristes.
Les "gaffes"Ce n'est pas la première fois que Jean-Pierre Jouyet met le Président dans une situation délicate. En mai 2012, alors président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), il avait notamment annoncé sur RTL la nomination de Jean-Marc Ayrault à Matignon, alors qu'elle n'avait pas encore été officialisée. Une "gaffe", selon Ségolène Royal. A la tête de la banque publique d'investissements (BPI), en octobre 2012, il avait aussi qualifié le site ArcelorMittal de Florange de "canard boiteux" . "Florange n'est pas un canard boiteux, Florange fait partie d'Arcelor. Arcelor n'est pas un canard boiteux", a alors répliqué François Hollande, lors d'une conférence de presse donnée à l’occasion du Conseil européen. Dans un communiqué, pour tenter de clore la polémique, Jean-Pierre Jouyet affirmait avoir "le plus grand respect" pour les salariés du site menacé.
Source: leJDD.fr

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