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Lille: agressée par un taxi pour avoir voulu prendre une voiture "UberPop"

Le service UberPop, qui propose à des particuliers de transporter des clients, cristallise les tensions.

Le service UberPop, qui propose à des particuliers de transporter des clients, cristallise les tensions. - Britta Pedersen - AFP

Une étudiante lilloise a reçu un projectile sur la tête et a subi des insultes pour avoir voulu utiliser un service de covoiturage entre particuliers, que les taxis et même les VTC considèrent comme une "concurrence illégale".

L'affaire s'est déroulée le 11 octobre dernier, mais n'a été révélée que ce lundi par La Voix du Nord. Une étudiante de 20 ans a été prise à partie ce soir-là puis blessée par plusieurs chauffeurs de taxi à Lille. 

Il est près de 3h30 lorsque Marion, 20 ans, et quelques amis à elle, décident d'utiliser le service UberPop. Une branche particulière de la compagnie de VTC Uber, qui autorise des particuliers, sans formation particulière, à transporter des clients pour des prix très largement inférieurs à ceux pratiqués par les taxis. "Beaucoup d'étudiants passent par ça, c'est moins cher qu'un taxi", explique la jeune femme au quotidien régional.

Une plaie au front

Alors que la bande d'amis se dirige vers le véhicule, qu'ils avaient commandé au préalable, plusieurs chauffeurs de taxi qui assistent à la scène s'interposent. "Ils n'ont pas voulu nous laisser monter. Ils se sont mis devant la portière et critiquaient Uber en disant que c'est du travail illégal".

Las, les étudiants abandonnent et poursuivent leur chemin, suivis par deux chauffeurs de taxi à pied, selon Marion. Ils recroisent le premier véhicule Uber, et tentent à nouveau de s'engouffrer dedans. La situation dérape. "L'un des chauffeurs derrière nous a crié et a balancé un objet, peut-être une bouteille. Je l'ai reçu à la tête et je suis tombée. Je saignais, j'étais paniquée. Les pompiers m'ont conduite à l'hôpital", confie-t-elle à La Voix du Nord. Résultat: pas de points de suture mais une plaie de six centimètres au front. La jeune femme a porté plainte. 

Même les VTC se plaignent d'UberPop

Une agression qui témoigne d'une tension extrême dans le milieu, y compris avec les VTC, comme l'explique à BFMTV Khalid Ait Taleb, chauffeur professionnel pour Uber depuis 2012. Lui a vu son activité dégringoler depuis l'arrivée d'UberPop, le transport par des particuliers. "C'est une catastrophe. Nous, notre course est à 15 euros minimum. Eux, elle est à 4 euros. Du coup, toute la clientèle va chez eux, même si ce ne sont pas des professionnels de la route. Mon chiffre d'affaires a baissé de 60%". 

Ainsi, le 3 novembre dernier, les filiales françaises de la société américaine Uber ont été assignées en référé devant le tribunal de commerce de Paris par trois sociétés de VTC, pour qui UberPop représente une concurrence déloyale. Dans un communiqué diffusé en octobre dernier, le préfet du Nord rappelait que "seules les sociétés de taxi et les entreprises de transport de personnes (VTC, ndlr) dûment enregistrées sont autorisées à transporter les usagers. Outre le délit d'activité commerciale illégale (...), les contrôles réalisés ces derniers jours à Lille ont mis en évidence d’autres infractions: véhicules utilisés ne faisant l'objet d'aucun contrôle réglementaire, absence d’assurance couvrant les risques inhérents au transport collectif…"

La société avait déjà été condamnée le 16 octobre par le tribunal correctionnel de Paris à 100.000 euros d'amende pour avoir présenté UberPop comme du covoiturage. Le code des Transports, depuis une loi promulguée le 1er octobre, punit de deux ans de prison et 300.000 euros d'amende le fait de mettre en relation des clients et des chauffeurs sans habilitation. Mais Uber a fait appel du jugement, qui a été suspendu en l'attente d'une nouvelle décision. 

Alexandra Gonzalez