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Et si les Guarani avaient inventé le football ?

Jésuites, footballeurs et gouvernement paraguayens s’unissent pour revendiquer l’invention du sport le plus populaire du monde, deux cents ans avant les Anglais

Le Monde Sport et Forme

Publié le 07 novembre 2014 à 17h28, modifié le 19 août 2019 à 14h21

Temps de Lecture 2 min.

L'équipe nationale du Paraguay, lors de la Coupe du monde 2006.

« Je veux rectifier l’histoire du football », lance Marcos Ybañez, sûr de son fait. Journaliste et écrivain, auteur du livre Genocidio Guaraní (« Génocide guarani ») sorti en octobre, Ybañez a été mandaté par le ministère de la culture du Paraguay pour réaliser le documentaire intitulé Les Guarani ont inventé le football, diffusé au Festival international de cinéma indépendant de Mar del Plata, en Argentine. Ce court-métrage de dix minutes veut prouver que le sport le plus populaire du monde a vu le jour au XVIIe siècle dans les missions jésuites des Guarani – où les colons venus d’Espagne évangélisaient ce peuple amérindien –, à San Ignacio Guazu, au Paraguay. Soit deux cents ans avant la création par les Anglais de la Football Association (FA), qui, en 1863, codifiait les règles du jeu.

Selon l’anthropologue espagnol Bartomeu Meliá, le premier dictionnaire de la langue guarani, paru en 1639, faisait état d’un sport appelé « manga ñembosarai » (« jeu de ballon avec les pieds »). Dans son livre Las misiones del Paraguay (« Les Missions du Paraguay »), publié en 1771, le jésuite José Cardiel décrit une journée dominicale typique dans une mission jésuite des Guarani. Les hommes y pratiquaient le « manga ñembosarai » après la messe, sur la place de l’Eglise. Le ballon était conçu à partir d’une boule de sable humide, recouverte de plusieurs couches de résine de « mangaisi » (arbre à caoutchouc). « Les Guarani faisaient une incision verticale sur le tronc pour extraire le liquide épais et collant », précise Julio Galeano, directeur du Musée de San Ignacio. Pour gonfler la sphère, ils utilisaient une paille de bambou.

Une révélation du Vatican

« Le jeu consistait à se faire passer le ballon sans le laisser tomber », complète Margarita Miro, qui a mené les recherches historiques pour le documentaire. Il n’y avait ni but ni temps de jeu déterminé : le match se terminait lorsque l’une des deux équipes décidait d’abandonner. Dans son livre, José Cardiel ajoute qu’il y avait un public fidèle et que des paris étaient réalisés sur le vainqueur. Ce football primitif est également mentionné dans les « cartas anuas » (« lettres annuelles »), rapports que les jésuites envoyaient à leurs supérieurs à Rome.

Ramon Angel Hicks, ancien joueur de football paraguayen, a lui aussi participé aux recherches pour le documentaire. Il explique que l’idée du court-métrage provient d’un article publié en 2010 par L’Osservatore romano, le journal officiel du Vatican, intitulé « Quand les Guarani inventaient le football ». L’article en question assure qu’« il y a trois siècles, les Guarani jouaient déjà au football avec une grande dextérité. Ils sont les vrais inventeurs du football ».

Maximo Génez, conseiller municipal de la ville de San Ignacio Guazú, va encore plus loin. Selon lui, « il est fort probable que les Anglais se soient inspirés du manga ñembosarai pour créer le football moderne ». Comment ? Des Guaranis emmenés en Espagne par les jésuites auraient pratiqué le jeu devant la cour espagnole, en présence de groupes d’Anglais. « Nous voulons que San Ignacio Guazu soit mondialement reconnu comme le berceau du football », revendique-t-il fièrement.

Ruben Curiel et Léo Ruiz (San Ignacio, Paraguay et Buenos Aires, Argentine, correspondances)

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