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Douze chiffres qui dessinent une France en mutation

Chômage, familles, loisirs, santé... l'Insee publie ce mercredi son portrait social du pays, marqué par la crise.
par Guillaume Launay, Marie Piquemal, Dominique Albertini, Julien Guillot, (Agence Idé) et Camille Beurton, (Agence Idé)
publié le 19 novembre 2014 à 0h02

Quel est le revenu moyen d'un sans-domicile fixe ? Combien de temps passons-nous chaque semaine devant un écran ? Quelle catégorie d'âge est la plus touchée par le chômage ? À ces questions, et à des centaines d'autres, l'Insee a la réponse. L'institut statistique publie ce mercredi son «portrait social» de la France. Véritable mine d'informations, cette grande étude annuelle compile les données les plus diverses sur l'Hexagone et ses habitants. Épaisse de près de 300 pages, l'édition 2014 vise notamment à faire «l'état des lieux de la situation sociale du pays après plusieurs années de crise». Une situation marquée par l'envolée du nombre de chômeurs de longue durée (+56% depuis 2008), un ralentissement de la progression des revenus et une stagnation des inégalités. Libération a sélectionné certaines de ces statistiques, graves ou légères.

3h26 passés par les femmes pour les tâches domestiques

Bonne nouvelle : les pères consacrent davantage de temps à leurs enfants qu'il y a vingt-cinq ans. Mauvaise nouvelle, c'est surtout vrai le week-end. En moyenne, les femmes en couple consacrent 3h26 par jour au temps domestique (enfants, ménage, bricolage, jardinage…) et vingt minutes de plus le week-end. Les hommes, eux, se contentent d'1h49 par jour de semaine et de 2h35 le week-end. Ce que l'Insee appelle «un certain rééquilibrage le week-end», tout en rappelant que les tâches domestiques sont encore «très largement prises en charge par les femmes». Le rapport souligne toutefois que quand les hommes s'occupent des enfants, ils ne se contentent pas de jouer ou de surveiller les devoirs, mais progressent aussi dans les soins quotidiens (toilette, repas…).

88% des jeunes au ciné au moins une fois dans l’année

La part du budget des ménages consacrée à la culture se tasse. Après des années de hausse jusqu’en 2007 (9,5%), elle est retombée en 2013 à 8,3%, la plus faible depuis 1985. Une diminution qui s’explique principalement, selon l’Insee, par la baisse des prix des services. Mais au sein de ce budget, beaucoup de changements en vingt ans : la part consacrée au ciné, concert, théâtre ou expos augmente tandis que l’achat de livres et de journaux diminue. En baisse aussi, les dépenses de matériel (photo, vidéo), essentiellement liées à la baisse des prix. Si le milieu socioprofessionnel influe sur les comportements culturels, comme le montre le graphique, c’est aussi vrai de l’âge : 88% des jeunes sont allés au moins une fois au cinéma dans l’année contre 60% des 45-54 ans.

22% de familles monoparentales

Le couple avec enfants ne sera peut-être bientôt plus la norme. Alors qu’il représentait presque un tiers des ménages en 1999, ce chiffre tombe à 26,5% aujourd’hui. Les ménages composés d’une seule personne sont aussi plus nombreux, deux tendances que l’Insee attribue au vieillissement de la population. Parmi les ménages avec enfants, 22% d’entre eux sont aujourd’hui des familles monoparentales, contre 17% il y a quinze ans.

Un ménage complexe est un ménage où cohabitent une personne seule, un couple (avec ou sans enfant) et/ou une famille monoparentale. Par exemple, une femme avec son enfant qui vit chez ses parents.

1h30 pour manger chaque jour

En semaine, on passe en moyenne 11h55 par jour à dormir, se reposer et manger. Le week-end, c’est une heure de plus (13h19), avec la grasse mat du dimanche : 30% des plus de 15 ans sortent de la couette après 9 heures contre 10% en semaine. On reste aussi plus longtemps à table : 2h12 contre 1h36 les autres jours. Sinon, on passe deux heures de notre temps libre par jour les yeux rivés sur un écran, et quasi trois heures le dimanche.

Concernant le temps de travail, il s’agit d’une moyenne sur l’ensemble des 15 ans et plus. Concernant les personnes ayant un emploi, la durée hebdomadaire de travail est en moyenne de 37,5 heures  (40,7 pour celles à temps complet, 23,1 pour les temps partiels).

8% des cadres travaillent parfois la nuit

Toute profession confondue, les Français déclarent travailler en moyenne 37,5 heures par semaine: 40,7 heures pour ceux à temps plein, 23,1 heures pour les temps partiels. Les indépendants tournent à 54,7 heures par semaine contre 36,2 heures pour l’ensemble des salariés. L’Insee a aussi comptabilisé les personnes travaillant à des «horaires atypiques», autre que du lundi au vendredi en journée. Ainsi 86 % des agriculteurs bossent le samedi. Parmi les cadres, 37% travaillent entre 20 heures et minuit et 8% font même du rab jusqu’à cinq heures du mat. 15% des ouvriers sont en horaires alternés (2x8 ou 3x8).

30% des femmes en temps partiel

Le fait est connu : le travail à temps partiel concerne avant tout les femmes - quatre fois plus nombreuses que les hommes à exercer dans ce cadre. Plusieurs raisons à cela, notamment leur forte présence dans les métiers de services, où le temps partiel est plus développé ; ou encore l’inégale répartition des tâches au sein du couple, poussant les femmes à consacrer une partie de leur temps aux travaux domestiques ou à l’éducation des enfants. Conséquences pour elles : des niveaux de revenus et des droits à la retraite plus faibles que si elles travaillaient à temps plein.

4% des 25-35 ans sont au chômage depuis plus d'un an

C’est un mal dans le mal : alors que le chômage progresse, de nombreux demandeurs d’emploi s’y retrouvent «coincés» sur le long terme. Ce chômage de longue durée (d’une durée supérieure à douze mois, selon la définition de l’Insee) est souvent synonyme de perte de compétences et d’exclusion sociale. En clair, plus il dure, et plus il est difficile de retrouver un emploi. Comme le montre le graphique, ce phénomène touche particulièrement les jeunes, les personnes peu diplômées et les ouvriers. Il est aussi trois fois plus fort dans les zones urbaines sensibles que sur le reste du territoire (10,5% contre 3,6%)

Le graphique ci-dessus a été corrigé, nous avions fait une erreur dans le pourcentage de chômeurs de longue durée par diplôme

Trois femmes sur quatre gagnent moins que leur conjoint

Pour un quart des couples, les revenus de l’un comme de l’autre sont à peu près équivalents. En moyenne, les femmes contribuent à hauteur de 36 % aux revenus du couple. C’est trois points de plus qu’en 2002, le nombre de femmes au foyer diminuant au fil des années. Si l’on regarde seulement les ménages comptant au moins trois enfants, la contribution moyenne des femmes aux revenus du couple tombe à 27 %. Par ailleurs, les différences de revenus entre les sexes persistent. En 2011, trois femmes sur quatre gagnaient moins que leur conjoint. Cela transparaît dans ce graphique, où l’on voit clairement qu’il y a beaucoup plus de ménages où les femmes gagnent moins que leur conjoint que l’inverse. Seuls 3% des couples vivent exclusivement avec les revenus de la femme.

Un quart des SDF ont un emploi

Lors de son enquête menée en janvier et février 2012, l’Insee a recensé 81 000 adultes et 31 000 enfants sans domicile dans les villes de plus de 20 000 habitants. Les profils sont très divers. Un quart d’entre eux ont un travail, mais ne s’en sortent pas beaucoup plus que les autres car les emplois occupés sont précaires (contrats courts, temps partiel). Ce sont en majorité des hommes (62%), entre 30 et 49 ans (50%) et souvent seuls. La moitié des sans-domicile sont nés à l’étranger, 20% ne parlent pas le français. Plus de quatre sur dix n’ont jamais eu de logement personnel, que ce soit comme locataire ou propriétaire. Pour les autres, 35% expliquent l’avoir perdu à cause de problèmes familiaux (séparation, décès du conjoint, etc.).

Parmi les sans-domicile fixe, 29% ont un logement mis à disposition par une association ou un organisme d'aide. Ceux qui sont «sans abri» dorment dans un lieu non prévu pour l'habitation (rue, pont, gare...).

11% d’enseignants en moins depuis 2000

Cette année, l’Insee propose un focus sur les enseignants du secondaire (collèges et lycées). Premier constat, alors qu’à partir de 2010 le nombre d’élèves a recommencé à augmenter, le nombre d’enseignants a continué de diminuer. Par rapport à 2000, il y a 11% d’enseignants en moins aujourd’hui et seulement 4% d’élèves en moins note l’Insee, qui explique notamment ce phénomène par la mise en place dans l’Education nationale du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux puis de la mastérisation de la formation.

L’Insee se penche également sur le temps de travail des enseignants : ils déclarent travailler en moyenne 41 heures par semaine en période scolaire, une moitié avec les élèves, le reste étant consacré aux activités pédagogiques : préparation de cours, corrections, recherches…

18% des Français ont plus de 65 ans

L’an dernier, pour la première fois, l’espérance de vie à la naissance stagnait, reculant même très légèrement pour les femmes. Cette année, elle raugmente légèrement. A 78,7 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes, un écart qui continue de se réduire. La France compte 18% de plus de 65 ans et 9,1% de plus de 75 ans, des pourcentages qui augmentent ces dernières années.

20% des plus de 85 ans se disent en forme

68% des Français interrogés déclarent se sentir en «bonne» voire «très bonne» santé. Le pourcentage décroît, de manière logique, avec l’âge. Ils sont quand même 20% à se trouver en pleine forme passé 85 ans. Encore aujourd’hui, les inégalités de santé restent fortes en France. L’Insee a mis en parallèle l’obésité chez les adolescents et la catégorie sociale des parents : les résultats sont éloquents. En classe de troisième, 22% des élèves ayant un parent ouvrier sont en surpoids ou obèses… contre 12% des enfants de cadre (l’un ou les deux parents).

Pour aller plus loin :

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